La vie est un long fleuve tranquille pour une famille du Grand Canal |
Conforme à ses habitudes matinales, Guo Baoqin se balada dans son quartier du village Sanyuan vers huit heures et demi du matin, saluant au passage ses connaissances: « Après avoir accompagné ma petite fille à l'école maternelle, j'ai acheté des légumes pour les repas de la semaine ». Vivant dans le district de Tongzhou, aux alentours, Mme Guo âgée de 61 ans est une véritable dame de fer qui ne cesse d'arborer sur le visage un sourire serein. « Ces dernières années, d'heureux évènements nous ont remonté le moral », a jugé la sexagénaire. Les bonnes nouvelles se ramassent à la pelle ces derniers temps : la famille a emménagé dans une maison spacieuse ; dans un élan de magnanimité, le comité du village a accordé de plus généreuses allocations aux villageois ; leur petit-fils a rejoint les bancs du lycée pilote récemment mis sur pied dans le district. Pour couronner le tout, elle a eu l'immense chance de suivre l'année dernière le relais de la flamme olympique sur le Grand Canal Beijing-Hangzhou, à quelques encablures de leur village. Les nombreuses personnes âgées du village semblent couler des jours heureux. « Il est vrai qu'avec l'époque actuelle, nous avons de quoi nous réjouir », a-t-elle ajouté malicieusement. Autrefois foyer de pauvreté du district, le village de Sanyuan, situé à l'est du Grand Canal, est désormais devenu lieu de passage et de vie grâce à la commodité de ces transports. « A l'entrée du village, nous disposons d'une multitude d'arrêts d'autobus. Grâce à l'autoroute à proximité, certaines relient la ville au district de Tongzhou », s'est enthousiasmé Mme Guo. « Pour avoir vécu des années au bord du Grand Canal, nous avons été témoins d'une véritable métamorphose. Je me rappelle que notre région n'était qu'un lieu de désolation, ici un fragile pont de ciment franchissant le canal où étaient stationnés une poignée de véhicules épars », se rappelle-t-elle. « Chemin faisant, à la lueur du progrès économique, ce pont est devenu de plus en plus encombré. Bien que le gouvernement local l'ait reconstruit et agrandi à trois reprises, la circulation y fut encore périlleuse jusqu'en 2006, où une nouvelle passerelle fut bâtie. Quelques mois plus tard, sont apparus le Palais culturel du Canal, qui est déjà devenu le repère du district en matière de loisirs. » « La ferveur olympique a balayé le village le 7 août 2008 avec le relais de la torche le long du canal. J'ai retrouvé mes vingt ans à cette occasion. Par ailleurs, certains affirment qu'il s'agit du seul relais sur un tronçon aquatique ». Au souvenir de la torche, Mme Guo fait preuve d'une débauche d'enthousiasme. « C'est une chose qui ne se reproduira pas avant un siècle! J'ai eu énormément de chance de voir ce symbole olympique à deux pas de chez moi. » « Tout vient à point à qui sait attendre, telle est la maxime de cette personne âgée. Pour moi, pas l'ombre d'un souci au quotidien, notre ménage profite chaque mois de la retraite de mon mari. Quant à moi, grâce à mon hukou rural, je bénéficie également d'une allocation émanant du comité du village. La chance a souri à mes enfants, gendres et brus sur le marché du travail. Cela tranche singulièrement avec les années que nous avons passé à manger notre pain noir. Ouvrier du bâtiment, mon mari était toujours en déplacement dans la ville. Après une journée de travaux champêtres, de nombreuses affaires m'attendaient à la maison. En plus des deux enfants à ma charge, je devais subvenir aux besoins de ma belle-mère grabataire. À vrai dire, à cette époque j'étais d'un tempérament assez violent, de nombreuses plaintes avaient été enregistrées à mon encontre. « Après le décès des beaux-parents, nous reconstruisîmes un pied à terre. Quelques mois plus tard mon fils aîné prit épouse, et vécut sous notre toit. Cette maison un peu plus vaste était bien plus confortable que notre précédent logis. Cependant, cela n'est pas comparable avec notre actuel appartement. N'ayant pas de poil dans la main, je ne faisais pourtant rien l'hiver venu, car il m'était très pénible de faire la cuisine, prendre une douche et tout simplement d'aller au petit coin. » Ces deux générations emménagèrent dans leur appartement en 2001. Le modeste deux pièces abrite ce couple de sexagénaires et nos deux jeunes tourtereaux. « Avec notre nouveau toit, mon mari et moi nous faisons peu de mouron », a reconnu Mme Guo. « A l'heure actuelle, je me fais un sang d'encre pour la scolarité de mon petit-fils. Ce petit chenapan ne décroche pas de son ordinateur où il joue sur Internet. Je souhaite qu'il ne renâcle pas à la tache dans ses études, afin de gagner l'accès à une bonne école supérieure. Cela devrait lui permettre de décrocher un bon souhait. La situation actuelle requiert davantage de matière grise ». Pour cette personne âgée, qui a partagé sa vie entre les champs et le foyer familial, tel est son plus grand vœu. (Rédigé par Wang Wenjie)
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