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CHINE ET SOCIÉTÉ
Publié le 01/12/2008
Travailleurs migrants: une population clé pour la prévention du Sida

Menace nationale

Le virus du Sida représente une menace pour la Chine. D'après des estimations du Ministère de la Santé, du Programme conjoint de l'ONU et de l'OMS sur le VIH et le SIDA, on dénombrerait environ 650 000 porteurs du Sida dans le pays.

L'Organisation Internationale du Travail a calculé qu'en l'absence de mesures intégrales de prévention et de contrôle adéquates, la Chine pourrait perdre d'ici à 2015 environ 5 millions de membres de sa population active, perte qui serait imputable au virus.

« Auparavant, la principale voie de transmission du virus était via la prise de drogue, cependant, ces dernières années, un nombre de plus en plus importants d'individus ont été contaminés lors de leurs rapports sexuels », a révélé Han Mengjie, directeur adjoint du Comité du Conseil d'Etat de lutte contre le Sida.

Outre les mesures actives de prévention destinées aux populations à risque, tels que les travailleurs du sexe et les homosexuels, les départements concernés ont étendu ces dernières années leur domaine d'intervention en accordant davantage d'attention aux étudiants et aux travailleurs migrants. Par rapport aux étudiants, les travailleurs migrants sont généralement moins éduqués et très mobiles, ce qui les expose davantage à cette maladie.

« Le fait d'incorporer les travailleurs migrants et les étudiants à nos campagnes de prévention n'implique pas forcément que ces deux groupes de population constituent des populations à risque. C'est juste l'aveu que ceux-ci n'avaient pas bénéficié d'une attention nécessaire », a expliqué Han Mengjie.

Plus préoccupante est la forte mobilité des ouvriers migrants issus des zones rurales. D'après les résultats d'une enquête menée par le Centre national de contrôle et de prévention du Sida et des MST auprès de plus de 4 000 travailleurs migrants, en moyenne les personnes interrogées déménageaient et changeaient d'industrie tous les trois ans et changeaient d'employeur tous les 1,8 ans. En raison de cette forte propension à la mobilité, les ouvriers migrants issus des zones rurales risquent de propager le virus dans différentes villes et zones rurales si ces derniers sont contaminés par le Sida,.

La conscience de la nécessité de la prévention et du contrôle se situe à un niveau dangereusement bas chez les ouvriers ruraux. En août 2007, le quotidien Economic Daily avait soumis 352 questionnaires aux ouvriers migrants issus des zones rurales, dont 300 étaient parvenus à la rédaction. 30 % des sondés avaient déclaré qu'ils ne connaissaient que peu ou presque rien à la maladie du Sida, tandis que près de 90 % estimaient qu'ils ne seraient pas contaminés et qu'il n'y avait pas lieu de s'inquiéter de cette maladie. 70 % des personnes interrogées avouèrent qu'ils ne connaissaient pas précisément le mode de transmission de la maladie. Seule une personne interrogée fut capable d'indiquer les premiers symptômes de la maladie.

D'autre part, en raison du manque de prise de conscience sociale au sujet de la maladie, les travailleurs migrants qui souffrent des conditions de vie difficiles, seront plus enclins à être exposés au virus du Sida.

« La majorité des travailleurs migrants chinois sont en pleine maturité sexuelle, leur âge se situe généralement entre 20 et 39 ans. Cette population se trouve dans une période idéale de reproduction, leur libido se situe au summum, ce qui les expose plus facilement aux risques de contamination. C'est pourquoi il est indispensable de les sensibiliser à la prévention du Sida », a estimé Sun Meiyan, directeur adjoint du Centre de développement des Ressources humaines du Ministère de la Construction.

« Au regard de notre enquête, les ouvriers migrants de l'industrie du bâtiment présentent de plus forts risques de s'adonner à des rapports sexuels libres.», a ajouté Sun Meiyan. « Leur imposante charge de travail et la monotonie de leur quotidien constituent des facteurs aggravants favorisant ces rapports non protégés ».

Campagnes de sensibilisation

Au mois de décembre 2005, onze ministères lancèrent conjointement un projet national de sensibilisation à la prévention de la maladie auprès des travailleurs migrants. D'une durée de 5 ans, celui-ci s'est fixé un objectif concret : amener plus de 65 % de ces derniers à accroître leur prise de conscience quant au Sida en 2006 et plus de 85 % d'ici à la fin de l'année 2010.

La route restera sans aucun doute longue avant de parvenir à ce résultat. En complément à cette campagne nationale, certains services du gouvernement central ainsi que les autorités régionales ont accordé le feu vert à diverses initiatives.

A cet effet, la municipalité de Xi'an (province du Shaanxi) a intégré la sensibilisation au virus à ses programmes de formation préalable à l'embauche dans le secteur du bâtiment. Un mois plus tard, le chef-lieu de province proposait un dépistage gratuit de la maladie aux travailleurs migrants dans la ville.

 

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