Pour les ouvriers du bâtiment, la prévention et le renforcement du contrôle du Sida sont d'une importance cruciale, en raison de leur grand nombre, de leur flux et leur avide désir sexuel.

Feng Jianhua

Le 13 octobre, à la nuit tombante, un travailleur migrant nommé Zhu Xiaoping, natif de la province de l'Anhui, résidant à Beijing depuis quatre ans, patientait avec ses collègues devant une scène éphémère dressée devant leur chantier de construction. Une heure avant le début de la représentation, ces ouvriers du bâtiment attendaient patiemment, tous vêtus d'uniformes fournis par leur employeur à l'occasion. Pour ces ouvriers migrants, qui s'étaient attelés à la tâche avec une rare débauche d'énergie sur le chantier, ce divertissement tranchait singulièrement avec leur train-train quotidien.

Cette pièce, baptisée « Que flottent des rubans rouges sur des milliers de chantiers de construction » et qui s'intégrait dans le cadre des projets de prévention du Sida fut lancée à l'initiative de la Fédération nationale des Syndicats de Chine (FNSC) et du Bureau international du Travail. Son objectif : propager les connaissances relatives à la prévention du SIDA auprès des ouvriers du bâtiment à travers des spectacles, des affiches et des films de sensibilisation.

Retour aux fondamentaux

Avant la levée de rideaux, Zhu Xiaoping et ses collègues reçurent des livrets et CD portant sur la pandémie. A l'image de cet ouvrier natif de l'Anhui, la plupart de ses collègues consultèrent les documents, certains discutant à voix basse.

Âgé de 28 ans, Zhu Xiaoping a interrompu ses études au premier cycle de l'enseignement secondaire. Avec sa femme, il est venu dans la capitale il y a quatre ans, après avoir résidé dans plusieurs autres villes. Près de 1 000 travailleurs migrants travaillent dans la même société que lui, la plupart issus du monde rural et ayant bénéficié d'un niveau éducation similaire au sien. A la différence de Zhu, la plupart des travailleurs migrants mariés ont quitté seuls leur région natale, laissant leur femme au foyer. D'un point à l'autre du pays, ceux-ci ne communiquent que par téléphone. Pour ceux qui n'ont pas encore passé la bague au doigt, la vingtaine en moyenne, ils débordent d'énergie et sont généralement peu au fait du sexe sans risques.

« À vrai dire, bien que je sois marié et que j'ai déjà entendu parler du Sida, je n'y connais pas grand chose de plus que mes collègues.», a reconnu Zhu Xiaoping. A son avis, le Sida est une maladie sexuellement transmissible difficile à soigner, mais en l'absence d'une aventure d'un soir, il estime être prémuni contre cette épidémie. Quant aux symptômes et à la prévention du Sida, il se montra peu disert.

Assis derrière Zhu Xiaoping se trouvait un jeune homme âgé de 19 ans, qui n'a jamais eu de petite amie. Il semble un peu timide au sujet du Sida, bien qu'il soit très curieux en la matière. « Je trouve que le Sida est une maladie épouvantable. C'est la première fois que je reçois de la documentation à cet égard, mais je ne refuserais pas d'assister à des conférences », a t-il avoué.

D'après les données fournies par la FNSC, l'industrie du bâtiment emploie 40 millions de personnes dans le pays, dont plus de 33 millions de travailleurs migrants, soit 80 % des effectifs. Il s'agit de l'industrie qui recourt le plus aux travailleurs migrants sur le plan national.

Grâce à de telles initiatives sur les chantiers, les ouvriers peuvent à la fois se divertir et être mieux sensibilisé à cette maladie. « Nous voulons qu'au travers de ces spectacles, les connaissances relatives à la prévention du Sida se généralisent parmi les travailleurs migrants et qu'ils soient plus à même de se prémunir contre cette maladie », a souligné Jiang Guangping, directeur du service des communications internationales de la FNSC.