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CHINE ET SOCIÉTÉ
Publié le 06/10/2008
Le fossé des revenus entre citadins et ruraux s'élargit de nouveau

Lan Xinzhen

Il semble que le fossé des revenus entre citadins et ruraux soit difficile à combler. Celui-ci loin de se réduire, s'est même aggravé, en dépit des efforts considérables consentis par le gouvernement et de la croissance rapide du revenu des ruraux.

Le 28 août, le ministre de l'Agriculture Sun Zhengcai avait annoncé, lors de son rapport au Comité permanent de l'APN (Assemblée populaire nationale) relatif à la promotion par le Conseil d'État des Affaires du revenu des agriculteurs, que la recette nette par personne à la campagne a connu en moyenne une augmentation de 9,5 % en 2007, soit la plus forte amélioration depuis 1985, tandis que le fossé entre le revenu des citadins et celui des ruraux a grimpé à un écart de 3,33 :1, soit une marge absolue de 9 646 yuans, la plus importante divergence depuis le début des mesures de réforme et d'ouverture dans le pays en 1978.

Les efforts déployés par le gouvernement chinois afin de combler le fossé qui sépare le revenu des ruraux de celui des citadins sont indéniables : annulation des taxes agricoles, distribution de subsides aux sous-produits agricoles, ainsi que la protection des droits et intérêts des travailleurs migrants. En 2008, le gouvernement lançait trois documents visant à renforcer et promouvoir les politiques favorables aux agriculteurs ; les dépenses destinées aux zones rurales, aux agriculteurs et à l'industrie agricole, se chiffraient à 595,6 milliards de yuans, dont 102,86 milliards dévolus aux agriculteurs.

Comment la disparité entre les villes et les régions rurales-t-elle de s'élargir malgré l'intervention du gouvernement dans ce domaine ?

Aux yeux de Sun Zhengcai, la cause essentielle de cette tendance est que la cohabitation de deux modèles économiques, soit l'industrie moderne urbaine et l'agriculture traditionnelle rurale, est à l'origine de la faible assiette du revenu des agriculteurs. De plus, sous l'influence de la structure actuelle de distribution du revenu national, la vitesse de croissance du revenu des habitants à la campagne est inférieure à celle de l'économie nationale et à celle du revenu moyen des habitants de villes chinoises.

Le commentateur économique de Financial Times Cheng Ruihua estime que l'élargissement continuel du fossé est lié à des éléments historiques. Pendant une période relativement longue, l'économie chinoise avait parié sur le développement industriel et urbain, ce qui constituait la principale raison de l'écart entre la ville et la campagne. Depuis la réforme et l'ouverture, la restructuration des entreprises publiques constituait encore le chaînon principal de la réforme du système économique, tandis que les divers problèmes agricoles, hérités des siècles précédents n'étaient pas encore solutionnés. Par ailleurs, en raison du caractère incontestable du retard qu'accuse le développement socioéconomique à la campagne, le déséquilibre de développement entre la ville et la ruralité se révèle de plus en plus flagrant.

Conformément à la tendance actuelle, la propension aux écarts de revenu entre citadins et ruraux restera inchangée à court terme, à cause des variables qui influent sur l'augmentation du revenu des agriculteurs.

« Le ralentissement consécutif du bénéfice comparatif de la production agricole se répercute sur le revenu des agriculteurs. Touché de plein fouet par l'augmentation du prix des matières premières tels que le pétrole, le coût de revient de la production agricole a connu ces dernières années une montée en flèche dans le pays », a indiqué Sun Zhengcai.

De surcroît les agriculteurs à la recherche d'un emploi en dehors de leur région natale rencontrent davantage de difficultés qu'auparavant. Cette année, des entreprises agricoles vouées à l'exportation dans la région littorale à l'est du pays doivent se mesurer à l'augmentation incessante du prix de revient et à la réduction graduelle de l'énergie de production, ce qui a drastiquement réduit les opportunités d'embauche pour les travailleurs migrants.

« Au demeurant les désastres agricoles ont exercé une influence considérable sur le rythme de croissance du revenu des agriculteurs. Ces dernières années nous avons subi de nombreux désastres naturels. D'après le Ministère de l'Agriculture, les régions méridionales de Chine ont pâti au début de l'année de pertes économiques évaluées à 94 milliards de yuans, imputables aux catastrophes naturelles telle que les fortes chutes de température, les averses de neige consécutives et les importantes gelées. Le séisme dans le Sichuan a ravagé 110 000 ha de terres cultivées, et a rendu inexploitables 320 000 hectares de cultures, causant une perte de plus de 40 milliards de yuans dans les régions les plus touchées », a remarqué le ministre. (Rédigé par Wang Wenjie)

 

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