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CHINE ET SOCIÉTÉ
Publié le 29/06/2007
Hongkong, dix ans après

Par Ding Zhitao

La vue la plus impressionnante de Hongkong porte toujours un nom très londonien : du haut du pic Victoria, de jour comme de nuit, la baie Victoria est à couper le souffle. Et dans l'ancienne colonie britannique, pourtant saluée pour son dynamisme et sa vitalité, les gouverneurs de la Grande-Bretagne continuent d'être honorés dans les noms de rues, dans les parcs et sur les pièces de monnaie.

Ainsi, en apparence, on pourrait croire que rien n'a vraiment changé depuis dix ans. Comme l'avait promis Deng Xiaoping, il y a toujours des courses équestres et des danses à Hongkong. Mais, comme la rivière suit son cours, la ville elle aussi a nécessairement évolué, depuis qu'en une nuit, le 1er juillet 1997, elle est passée de la couronne britannique au statut de Région administrative spéciale (RAS) dans le giron chinois. Depuis, elle a subi bien des mutations, au-delà de l'abandon symbolique de l'Union Jack pour le plus local bauhinia.

Cependant, le cœur même de la cité est resté le même ; et tous ceux qui étaient partis en 1997 l'ont constaté avec plaisir à leur retour. « Tous mes amis ont pris peur et ont fui vers le Canada ou l'Australie, se souvient Wong Yim Fat, un industriel de la pêche âgé de 52 ans. Puis ils sont rentrés et, désormais, ils affirment qu'ils ne partiront plus jamais. »

Depuis que Hongkong est repassé à la souveraineté chinoise, le monde entier a gardé les yeux rivés sur le port : allait-il maintenir son rôle de leader ? Que signifierait concrètement « un pays, deux systèmes » ? Comment seraient respectées les libertés ? Certains commençaient même à lister tout bas les ouvrages qu'ils souhaiteraient emporter en prison…

Toujours en vie

Et les difficultés sont apparues, mais pas là où on les attendait. Une crise financière majeure frappa l'Asie du Sud-Est le lendemain seulement de la rétrocession de Hongkong. Les prix de l'immobilier s'effondrèrent de moitié et de nombreux particuliers virent leur épargne se changer en endettement. Puis le SRAS couvrit la ville de masques respiratoires avant que la grippe aviaire ne vienne faire disparaître les poulets des tables où on les trouvait tous les jours.

Les Hongkongais durent se battre, mais ils furent en cela aidés par le gouvernement central et le premier ministre d'alors, Zhu Rongji, qui décida de soutenir la cité « à n'importe quel prix ». Il signa notamment un Accord de partenariat économique rapproché (CEPA) afin d'élargir le marché accessible à Hongkong, partant du principe que « le potentiel commercial de Hongkong est limité alors que le marché du continent est sans limites. » D'autre part, le Système de visites individuelles (IVS) permit d'encourager un développement rapide du tourisme, si bien qu'aujourd'hui pour deux touristes à Hongkong on compte un touriste de la partie continentale du pays.

Ces deux mesures « ont sauvé Hongkong », affirme Ian Fok Chun Wan, président de la Chambre de Commerce générale de Chine ; selon lui, « depuis que les Chinois de la partie continentale sont venus consommer à Hongkong, les locaux ont recommencé à acheter des biens et à dîner au restaurant. »

La coopération économique entre les deux parties a aidé à soutenir la croissance dans les deux camps. La soif d'investissements étrangers des sociétés chinoises a pu être étanchée par les capitaux hongkongais, qui sont devenus la première source d'internationalisation des entreprises du continent. Le gouvernement a également introduit le yuan à la Bourse de Hongkong afin d'élargir le potentiel de cotations ; en 2006, l'introduction pour 21,9 milliards de dollars de la Banque industrielle et commerciale de Chine constitua un record historique.

Hongkong a également consolidé sa position de place forte financière, étant reconnue treize années de suite « économie la plus libre du monde » par la Heritage Foundation. Elle a volé à New York le second rang mondial en matière de nombre de cotations, juste derrière Londres. Son fret maritime en fait toujours le premier port au monde et le taux de chômage a chuté à 4,3 %, son plus bas niveau depuis cinq ans.

La ville en récolte les fruits en terme d'image : elle accueillera les épreuves équestres des Jeux olympiques de Beijing et a donné naissance à la nouvelle secrétaire générale de l'Organisation mondiale de la Santé, Margaret Chan. « Ce fut globalement une décennie de succès, affirme le directeur exécutif de la RAS, Donald Tsang. Hongkong est aujourd'hui plus mature qu'en 1997. »

Jack Maisano, président de la Chambre de commerce des États-Unis (AmCham), a confié à Beijing Information que 98 % des membres de la Chambre avaient témoigné de leur satisfaction quant à l'environnement des affaires. « Depuis 18 ans, nous menons une enquête annuelle auprès de nos partenaires ; et les cinq dernières années ont produit les résultats les plus optimistes. » Un optimisme qu'il attribue à la croissance économique mondiale et chinoise, et à l'intégration croissante de Hongkong avec la partie continentale. « Le fait que Hongkong soit aujourd'hui une partie de la Chine est précisément son avantage », explique-t-il.

Garder la foi

Cette confiance dans le dynamisme de la RAS résulte directement du principe « un pays, deux systèmes » et de la Loi fondamentale sur la région administrative spéciale de Hongkong. Ils affirment que la partie continentale de Chine conserve un système socialiste, tandis que Hongkong poursuit son système capitaliste. Deng avait promis lors des négociations, en 1984, de ne rien changer à la politique vis-à-vis de Hongkong durant 50 ans.

Grâce à la Loi fondamentale, les citoyens comprennent mieux la loi. Avant 1997, il était quasiment impossible, pour ceux qui ne parlaient pas anglais, de conduire un procès. Aujourd'hui, la procédure est plus facile en mandarin.

Pourtant, le développement politique de Hongkong est encore inachevé et certaines controverses existent. « Avec de nouvelles circonstances, apparaissent toujours de nouveaux risques », admet le Secrétaire à la Justice. Donald Tsang a d'ailleurs listé le développement politique comme l'un des principaux enjeux pour l'avenir de la RAS. Il confie qu'un document vert devrait être publié cet été pour ouvrir le débat sur le suffrage universel. 

 Une mue à achever

L'environnement est également un problème critique. « Améliorer la qualité de la vie, et notamment de l'air » est une priorité pour Tsang. De récents sondages montrent d'ailleurs qu'elle l'est aussi pour les citoyens. Hongkong part néanmoins sur des bases solides et a déjà expérimenté un programme de carburants verts.

Un autre danger serait la marginalisation de Hongkong, victime du succès grandissant de la partie continentale. Certains s'inquiètent notamment de la légitimité de la ville en tant que place financière, tandis que Shanghai ou Guangzhou menace sa domination portuaire.

Mais Tsang écarte ces craintes. « Je ne vois pas pourquoi Hongkong devrait se lancer dans une compétition avec ces villes ; nous devons nous orienter vers une coopération favorable. » Il fait notamment référence à l'expérience que Hongkong peut fournir en matière de développement économique, et à la complémentarité entre les deux parties. Environ 90 % des salariés hongkongais travaillent dans le secteur des services. Certains estiment qu'il faudrait restructurer l'économie et se concentrer sur de nouveaux moteurs de croissance.

De réels progrès ont été accomplis avec l'aide de la Commission pour l'innovation et la technologie de la RAS. Cinq centres de R&D sont financés par le gouvernement, qui devraient s'inscrire dans l'enjeu crucial de la revalorisation de la production dans le delta de la rivière des Perles. « Le développement de Hongkong repose sur la totalité de la région », affirme le professeur Wong Yuk Shan, vice-président de l'université des Sciences et Technologies. L'autre Wong, notre pêcheur, confirme : « Je fais quelques progrès en mandarin et désormais mon commerce s'étend. »

Il rajoute qu'il est « confiant dans son avenir et dans celui de [ses] deux enfants », qui travaillent pour un cabinet de conseil et une agence de publicité. Pour la nouvelle génération, l'intégration de Hongkong à la Chine continentale ouvrira bien des portes.

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