Le théâtre, de plus en plus un « art de noblesse » |
Les grandes fêtes telles que le Nouvel An et la fête du Printemps offrent de belles occasions de découvrir la scène artistique chinoise, les représentations culturelles se multipliant généralement à ces périodes. Pourtant, malgré l'animation du marché, on constate que les activités récréatives s'éloignent petit à petit de la vie des gens ordinaires. Ces dernières années en effet, le prix d'entrée de nombreux théâtres et salles de concert est facilement grimpé à plusieurs centaines de yuans et même jusqu'à mille yuans, les rendant inaccessible à la plupart des salariés. Pénalisé par une capacité économique limitée, l'art est devenu pour beaucoup un objet de luxe. Ces prix, déconnectés de la situation réelle de la Chine, plombent l'enthousiasme de la population et constituent un réel obstacle pour le développement de l'industrie culturelle de la ville. Car si les portes de la scène artistique sont si étroitement fermées, c'est que la culture n'est plus adaptée à la demande des différentes couches sociales. En fait, l'accès très coûteux aux théâtres est lié, dans une certaine mesure, à une déviation du concept : poudre aux yeux, investissements massifs sont aujourd'hui la norme ; c'est un véritable festin visuel et auditif, les représentations dont la forme est plus importante que le contenu étant de plus en plus nombreuses. « Plus de 90 % des théâtres chinois se retrouvent dans une situation embarrassante, avec des taux d'utilisation de l'ordre de 5 % », explique Liu Weiyi, directeur général du Théâtre Tianhan à Changsha. Il y a actuellement près de 3 000 théâtres dans toute la Chine, mais, à l'exception de quelques grandes salles de Beijing ou Shanghai qui font preuve d'une bonne tenue sur le marché, la plupart des théâtres sont contraints de fermer à cause d'un taux d’utilisation très bas. Ainsi, d'un côté, la plupart des salariés ne peuvent pas se permettre des billets onéreux ; de l'autre, beaucoup de théâtres restent inutilisés. Les deux phénomènes s'entretiennent mutuellement dans un cercle vicieux ; ce qui était originellement un art au service du public, devient progressivement un vrai « art de noblesse ». Beijing Information |