Une histoire qui a fait le tour d'Israël |
—L'aventure de deux Israéliennes qui ont vécu le tremblement de terre du Sichuan Chen Yiming (journaliste au Quotidien du peuple) Cette histoire émouvante célèbre les liens d'amitié sino-israéliens. Il y a peu, lorsque je réalisais des reportages à Chengdu, chef-lieu de la province du Sichuan, sur les secours post-séisme, j'ai rencontré M. Amos Nadai, ambassadeur d'Israël en Chine, et M. Guy Kivetz, conseiller de presse de l'ambassade. Ces derniers m'ont raconté avec émotion l'aventure de deux rescapées israéliennes qui étudiaient à Chengdu. Leurs vies étaient en péril « Après le violent tremblement de terre du 12 mai, l'Ambassade d'Israël en Chine a immédiatement déclenché le mécanisme d'urgence et s'est trouvée dans l'incapacité de joindre quinze Israéliens en Chine, le sort de deux jeunes filles qui étudiaient à Chengdu faisait l'objet des plus grandes préoccupations », s'est rappelé Kivetz. « Quelques minutes avant le tremblement de terre, elles venaient justement de téléphoner à un camarade de classe à Chengdu, l'informant qu'elles visitaient un site touristique dans le canton de Hongkou, près de Dujiangyan, une des villes gravement sinistrées, a continué Kivetz. Ces deux jeunes filles sont Anat Bilu et Ma'ayan Segev, toutes deux dans leur vingtaine. Elles allaient terminer leurs études de trois mois en médecine chinoise en Chine. Elles voulaient en profiter pour admirer les paysages pittoresques de la Chine avant de quitter le pays. Le tremblement de terre a privé le canton de Hongkou de tout lien avec l'extérieur. Tout le monde restait sans nouvelles des deux étudiantes israéliennes. Leurs parents ont alors sombré dans l'angoisse. Les journaux, les stations de radio et de télévision d'Israël ont rapporté l'incident en premier temps. Beaucoup d'Israéliens ont été pris d'inquiétude. » « Bien que le ministère des Affaires étrangères d'Israël, son ambassade en Chine et le ministère chinois des Affaires étrangères et les autorités compétentes du Sichuan aient communiqué un avis spécial de recherche, aucune information ne nous parvint dans les deux premiers jours suivant le tremblement de terre », a-t-il poursuivi. « Le 13 mai, à midi, après avoir essayé plusieurs moyens, nous sommes entrés en contact avec M. Zhang Guozhi, président du Conseil d'administration de l'entreprise sichuanaise Zhida, qui avait des liens commerciaux avec la partie israélienne. Dès que ce dernier a accepté de nous rendre ce service, il a envoyé immédiatement deux véhicules conduits par ses collègues vers Chengdu dans le but de transporter deux jeunes hommes, camarades de classe d'Anat et de Ma'ayan, jusque Hongkou pour qu'ils puissent participer aux opérations de recherche des deux jeunes filles », a continué Kivetz. « Le 14, au petit matin, une équipe de secours dépêchée par l'Ambassade d'Israël en Chine est partie pour Chengdu par le premier vol commercial effectué depuis le tremblement de terre. Les visages que nous aperçûmes dans l'avion étaient touchants : tous les voyageurs étaient des volontaires et agents médicaux à destination du Sichuan. Dès l'atterrissage de notre avion à l'aéroport de Chengdu, Zhang Guozhi nous attendait à bord de son véhicule et nous a conduits directement vers Dujiangyan. Sur la route nous avons appris que les collègues de Zhang et les deux camarades de classe avaient retrouvé les deux jeunes filles et avaient contacté le gouvernement local, ce dernier avait tout de suite envoyé une ambulance pour transporter les deux rescapées israéliennes à Chengdu », a-t-il poursuivi. « Le 12 mai, à 14h 28, nous prenions un repas dans un restaurant tenu par une famille paysanne près du canton de Hongkou. Nous étions toutes deux très détendues, nous marchions pieds-nus, se rappelèrent Anat et Ma'ayan. Lorsque le tremblement de terre a surgi, nous avons tressailli en raison des premières secousses. Ce n'est que plusieurs secondes après que nous nous sommes rendues compte de ce qui s'était passé. Nous nous sommes ruées vers l'extérieur, la maison s'est effondrée sur le champ. L'onde de choc a été terrible et nous nous trouvions en un clin d'œil ensevelies sous les décombres », ont dit Anat et Ma'ayan. Empathie et solidarité des habitants « La démarche des habitants locaux nous a beaucoup touché, s'est émue Anat. Bravant leur propre peur, ils nous ont sauvées des décombres au risque de leur vie. D'une très grande empathie envers nous, ils ont poursuivi leurs fouilles dans les décombres, pour y chercher nos effets personnels tels que nos téléphones portables. J'avais les mains blessées, et Ma'ayan était blessée à la mâchoire inférieure. Celle-ci devait la maintenir avec la paume de la main. Un garçon a ôté sa chemise pour qu'elle puisse servir de bandage. Avec l'aide de la population locale, nous sommes arrivées à un village du canton de Hongkou. On nous a accueillies dans une cabane. Les villageois ont été très aimables envers nous et nous ont demandé ce dont nous avions besoin. C'est là que nous avons passé les deux premiers jours et nuits après le tremblement de terre, le moment le plus difficile. Malgré la privation extrême, les locaux nous ont fourni nourriture et logement, et nous ont réconfortées. C'est aussi dans ce village que nous avons rencontré une jeune Chinoise du nom de Tiantian. Malgré l'inquiétude suscitée par la perte de contact avec ses parents, elle nous a servi d'interprète. Elle nous a également apporté des aliments et de l'eau potable, s'occupait de nous et nous a toujours accompagnées. » « Le 14, nous avons appris que la route menant à Dujiangyan était bloquée par les rochers tombés des montagnes mais qu'elle était empruntable à pied, a poursuivi Anat. De peur que nos plaies s'infectent, nous avons décidé de quitter Hongkou à pied. La route était de toutes parts obstruée de décombres et de rochers. De plus, il s'agit d'une région montagneuse. Cette marche était exténuante pour des personnes bien portantes, à plus forte raison pour deux jeunes filles blessées telles que nous ? D'innombrables personnes nous ont aidées. Je tiens particulièrement à mentionner un jeune homme nommé Jiang Wei et son oncle. Pendant six heures, ils nous ont aidées à soulager notre douleur en nous prenant par l'épaule.» « Quand l'ambulance transportant Anat et Ma'ayan est arrivée à l'hôpital Huaxi, à Chengdu, le 14, la soirée était déjà bien entamée, a précisé Kivetz. L'équipe de secours envoyée par l'Ambassade d'Israël en Chine avait préalablement rencontré les deux jeunes filles sur la route entre Dujiangyan et Chengdu et les avait accompagnées jusqu'à l'hôpital Huaxi. On peut affirmer sans exagérer que le personnel de l'hôpital était sur le qui vive, mais tous faisaient preuve d'un grand sang-froid. Les médecins et les infirmières sont de véritables « anges-gardiens ». Dès leur arrivée à l'hôpital, les deux jeunes filles ont été prises en charge promptement, efficacement et minutieusement. L'hôpital était rempli de malades et de blessés du tremblement de terre. La pénurie en lits et de personnel médical était très importante. Mais les autorités de l'hôpital ont réservé deux pièces individuelles aux deux Israéliennes et leur ont administré des soins spéciaux. » « Les autorités de l'hôpital ont fait preuve d'une grande considération au traitement des deux Israéliennes en réunissant en premier temps le meilleur corps médical pour procéder aux consultations, aux opérations et aux traitements, a continué Kivetz. L'opération de Ma'ayan a duré plus de six heures. Si l'hôpital a choisi un plan qui a duré plus longtemps et qui a mobilisé davantage de personnel, c'est pour minimiser les traumatismes sur le visage de Ma'ayan », a expliqué le conseiller de presse. « Après leur sortie de l'hôpital, Anat et Ma'ayan sont retournées en Israël la première le 17 et la deuxième le 18 mai. Elles étaient tellement émues qu'elles avaient les larmes aux yeux, encore aujourd'hui celles-ci leur viennent lorsqu'elles pensent aux personnes qu'elles ont rencontrées sur la route, parce qu'elles savent que les Chinois, en particulier la population du Sichuan, leur ont accordé une aide alors qu'ils se trouvaient eux-mêmes dans une situation extrêmement difficile. Je crois que les autres Israéliens ont le même sentiment que les deux jeunes filles. » « Lorsque l'envoyé spécial de l'Ambassade d'Israël en Chine est allé adresser des remerciements au personnel de l'hôpital Huaxi, dont Tian Weidong, Wang Hang et Liang Xinhua qui ont participé au traitement, ainsi que d'autres Chinois anonymes, n'ont pas oublié de se renseigner auprès de l'envoyé spécial sur l'état des deux Israéliennes, ce qui nous a beaucoup émus », a ajouté Kivetz. Zhang Guozhi, qui s'était occupé pendant plusieurs jours du secours aux deux Israéliennes, n'a prononcé qu'une simple phrase : « J'ai fait ce que je devais faire. » Une histoire qui a fait le tour d'Israël « Quand Anat et Ma'ayan furent sauvées, j'étais en Israël, a expliqué l'ambassadeur Amos Nadai. « A ma connaissance, leur histoire est connue de tous en Israël, parce que les médias israéliens étaient très attentifs à l'affaire. Les journaux, la radio et la télévision ont assuré le suivi de leur cas pendant une semaine. Guy Kivetz, qui a été interviewé par plusieurs médias, est également devenu un personnage public. » « Grâce à cette histoire émouvante, les Israéliens respectent et admirent davantage la population chinoise. Beaucoup d'entre eux ont réalisé des dons pour le Sichuan. Cet évènement a permis à Israël de nouer un lien étroit avec le canton de Hongkou, le Sichuan et l'hôpital Huaxi. Nous n'oublierons jamais le gouvernement de divers échelons et les citoyens chinois ordinaires qui nous ont aidés lors des opérations. En guise de reconnaissance, Israël fournira davantage d'aide à la Chine pour les prochaines étapes des secours et de la reconstruction au Sichuan », a conclu Monsieur l'Ambassadeur. |