Au cours de trois décennies de réforme et d'ouverture, la Chine, grâce à la croissance de sa puissance générale, bénéficie d'un changement qualitatif de son environnement international, changement qui contribue à l'essor vigoureux de la diplomatie chinoise.

Ma Zhengang, directeur de l'Institut des études internationales de la Chine et ancien ambassadeur chinois en Grande-Bretagne

Politiques fondamentales de la diplomatie chinoise

Durant les trente dernières années, les mutations de la situation internationale ont confronté la Chine à autant d'opportunités que de défis. Les dirigeants successifs, tels que Deng Xiaoping, Jiang Zemin et Hu Jintao, ont entamé un profond réajustement de la stratégie diplomatique par rapport aux changements considérables de l'extérieur et au développement de l'intérieur du pays. Une série de nouveaux concepts ont donc été mis en avant.

Depuis l'entrée de la Chine dans une nouvelle période caractérisée par la priorité accordée à la construction de l'économie, Deng Xiaoping a profondément et complètement analysé la situation internationale et les rapports entre diverses forces. Il en a conclu avec sang froid que « l'éclatement d'une nouvelle guerre mondiale serait impossible à l'avenir ». Le danger de guerre imminent n'obsède plus la Chine qui a décidé de profiter de plusieurs dizaines d'années pacifiques à venir pour se développer.

De plus, Deng Xiaoping a avancé que la paix et le développement sont deux thèmes principaux dans le monde d'aujourd'hui. Selon lui, la paix ne peut pas être garantie sans développement, et vice versa. Pour l'existence et le développement de l'humanité, la paix est l'une des plus importantes conditions préalables.

Ces deux jugements scientifiques ont aidé la Chine d'alors à déplacer le centre de ses activités sur la construction économique, formant une bonne base pour le réajustement de la diplomatie chinoise et l'établissement des nouveaux principes en la matière.

Au début des années 1990, le socialisme est entré dans une période de reflux avec l'effondrement de l'Union Soviétique et l'adhésion de l'Europe de l'Est au Bloc de l'Ouest. Les Etats-Unis n'ont pas tardé à prendre une série de mesures de sanction contre la Chine, dans l'espoir de la mettre dans le même bain. Contrairement aux attentes de l'Oncle Sam, la Chine a réussi à résister à la forte pression extérieure au lieu de s'effondrer. Face aux nouveaux fruits que portaient la réforme et l'ouverture, les pays occidentaux furent contraints d'améliorer leurs relations avec la Chine.

Sauvegarder la souveraineté nationale et l'intégrité territoriale, réaliser la réunification intégrale de la patrie constituent l'intérêt crucial relatif à l'aspiration radicale du peuple chinois. A la lumière du principe « un pays, deux systèmes », le gouvernement central chinois a réussi à faire rentrer Hongkong et Macao dans le giron de la mère patrie. Pour le problème de Taiwan, un changement stratégique s'avère au fil du temps, allant de la politique « réunification pacifique » avancée en 1979 à la politique postérieure « réunification pacifique, un pays deux systèmes ». De plus, la Chine adopte toujours une attitude ferme dans la lutte contre les activités séparatistes de l' « indépendance du Tibet » et du « Turkestan oriental ».

Après l'attentat suicide du 11 septembre 2001, la Chine a rapidement réagi dans la lutte contre le terrorisme à l'échelle mondiale. En collaboration avec les parties concernées, la Chine a aussi consacré des efforts à la promotion du désarmement nucléaire, de la non-prolifération et de l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, apportant sa part de contribution dans la résolution du problème nucléaire de la Corée du Nord et de l'Iran. Face aux éléments traditionnels et non traditionnels qui menacent l'existence de l'humanité, la Chine a avancé un nouveau concept de sécurité centré sur la confiance mutuelle, la réciprocité, l'égalité et la coordination, insistant sur le renforcement de la coopération internationale en vue de régler les problèmes de sécurité au niveau régional et mondial.

Avant d'entrer dans le XXIe siècle, la Chine a résumé toutes les expériences et leçons du siècle précédent. Une question s'est posée : quel genre de monde devrions-nous introduire dans le nouveau siècle ? En attendant, la Chine a renforcé ses relations avec beaucoup de pays dans le monde, établissant des rapports stratégiques de différentes catégories avec la Russie, l'UE, le Japon, le Pakistan, l'Inde et le Brésil, développant des relations actives avec les Etats-Unis en tant que partie prenante de l'ordre international. Ces rapports encouragent les parties intéressées à examiner des liens bilatéraux dans une perspective stratégique à long terme, favorisant des rapports durables et stables entre la Chine et les principaux pays du monde.

Comme les deux faces d'une même pièce, la mondialisation économique représente la coexistence des opportunités et défis pour tous les pays du monde, produisant plus d'effets nuisibles au fil du temps. Les pays développés comme les Etats-Unis et les pays européens essaient de décliner la responsabilité sur de grands pays en voie de développement comme la Chine. Face à cette situation, la Chine garde toujours un esprit lucide quant aux avantages et inconvénients de la mondialisation, parvenant à réaliser un développement sain et rapide. En même temps, la Chine insiste sur le fait que tous les pays doivent partager les occasions de développement, se confronter conjointement aux défis, afin d'atteindre le but du développement commun. En mettant inébranlablement en application la politique d'ouverture, la Chine ne cesse d'accroître sa coopération mutuellement avantageuse avec les différents pays du monde. La coopération réciproque et la prospérité commune, deux thèmes que la Chine a pris l'initiative de formuler, marquent une contribution importante de la Chine dans le développement du monde.

Le développement rapide et durable de la Chine a suscité l'intérêt du monde. La plupart des pays ont applaudi la croissance vigoureuse de la Chine, espérant d'y trouver leur compte. Mais le monde occidental dirigé par les Etats-Unis porte un regard douteux et peureux sur l'ascension de la Chine, allant jusqu'à inventer la soi-disant théorie « menace de la Chine ». L'Occident essaie toujours d'exercer une certaine pression sur la Chine sous prétexte de la démocratie, des droits de l'homme et de la liberté. Cependant, le fait que la Chine tient à suivre son chemin de développement pacifique contribue à faire éclater la bulle de la « menace de la Chine », car de plus en plus de pays tirent profit du développement de la Chine et comprennent de mieux en mieux que la Chine poursuit le développement paisible.

L'approfondissement de la mondialisation amène la révolution de l'information, favorise considérablement la connexion des intérêts des divers pays du monde et la communication internationale. En Chine, le développement à l'intérieur du pays a des relations plus étroites avec le monde extérieur. Par conséquent, le gouvernement central attache plus d'importance aux liens entre la situation nationale et la situation internationale, coordonnant le développement intérieur et l'ouverture au monde extérieur.

Maintenant, le monde se trouve dans une période historique de réforme et de réajustement, caractérisée par la coexistence des conflits, des chances et des défis. L'ordre international actuel est si défectueux qu'il est difficile de parer aux problèmes qui résultent des nouvelles circonstances. Tenant compte de l'avenir du monde, la Chine a appelé les différents peuples à construire la main dans la main un monde harmonieux caractérisée par la paix durable et la prospérité commune.