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30 ans de réforme et d' ouverture>>> Mille Facettes de la Chine
Publié le 12/11/2008
Vouer sa vie actuelle à préparer la prochaine

Lisa Carducci (texte et photos)

Contrairement à la croyance populaire, Bouddha, ou « le » Bouddha, désigne non pas Dieu mais le fondateur du bouddhisme, le prince Siddhattha Gotama. Sakyamuni est son titre honorifique qui signifie « le sage des sagya ». Le bouddhisme est, pourrait-on dire, une religion sans dieu. L'objectif des fidèles consiste à se perfectionner le plus qu'ils le peuvent en ce monde afin d'entrer dans la prochaine vie au plus haut niveau possible. Certains moines (du bouddhisme tibétain), des « lamas », atteignent un si haut niveau qu'on les appelle « bouddhas vivants » ou tulku. Le 15 août 2003, j'ai rencontré un moine du Qinghai, Genganaowu, qui dédie sa vie actuelle à la préparation de la prochaine.

C'est grâce au chauffeur que j'avais engagé, Zhang Jun, que j'ai fait sa connaissance. « Aka ! … Aka ! », appelle Zhang tandis que nous gravissons l'escalier en pente raide du temple. Attendant une réponse, il m'explique : « C'est ainsi qu'on s'adresse aux moines. » Soudain, j'aperçois Genganaowu, la trentaine avancée, souriant, au sommet de la colline. C'est sa dentition parfaite et d'une blancheur éclatante qui me frappe d'abord. Il me souhaite chaleureusement la bienvenue. Je remarque que Genganaowu est sur ses chaussettes ; je retire donc mes sandales.

Genganaowu passe la plus grande partie de son temps dans « sa » salle du temple qui vient d'être rénovée au coût de 7 millions de yuans. Il me fait visiter. Je ne savais pas que le monastère de Wendusi était si important. L'État a rénové les grands temples du Tibet. La restauration de Wendusi a été financée par des fidèles, dont des industriels qui ont donné 300 000 yuans, 400 000 et même 600 000. Les quatre « gardiens du ciel » sont en bronze plaqué or.

La maison familiale du Xe Panchen-lama est ici, à Wendu, au cœur d'un paysage époustouflant. Les montagnes de terre rouge sont fertiles au pied, et plus on monte, plus elles se dénudent. Et ces crevasses, ces coulisses de chaque côté de la route, ces pains de sucre pointus qui surgissent de la plaine verte !

Je demande : « Pourquoi êtes-vous devenu moine ? » Autrefois, quand une famille n'avait qu'un fils, il ne se faisait pas moine ; mais si elle en avait davantage, l'un d'entre eux entrait au temple et y restait de l'âge de 3 ans jusqu'à 25 ans. Ensuite, il choisissait de quitter ou de rester. Genganaowu est entré au temple à 10 ans. Il n'aurait qu'à ouvrir la porte et s'en aller s'il le voulait.

Dans la salle de prière, il fait très sombre, ce qui m'empêche d'admirer pleinement toutes les merveilles. Deux rangées de sièges recouverts de tapis se font face. C'est là que les moines prennent place pour la récitation des soutras.

Genganaowu se lève à 5 h ; après sa toilette et un peu de ménage, il prend son petit déjeuner. Les lamas prennent deux repas en commun et un solitairement. Puis, de 8 à 11 h, il lit et étudie les écritures sacrées, les soutras. L'après-midi aussi, entre deux séances de prière.

Les textes sont en sanskrit et en tibétain. Genganaowu parle chinois mais ne l'écrit pas ni ne le lit. Il voudrait bien apprendre l'anglais pour échanger avec les visiteurs étrangers qui ne connaissent pas le chinois ni le tibétain.

À Wendusi, les lamas n'ont ni téléviseur ni ordinateur, mais ils ont le téléphone. Genganaowu me demande de lui poster des livres d'anglais élémentaire et des cassettes. Pour le magnétophone, un membre de ma famille lui en fournira; pour les lettres latines, un étudiant l'aidera.

Il a le droit de sortir du monastère, de rendre visite à sa famille ou de recevoir des visiteurs.

« Vous devriez devenir bouddhiste, madame Lisa, me dit-il. Il est bon d'avoir une religion. » Genganaowu est un bouddhiste convaincu et heureux de l'être. Cette religion lui convient parfaitement, affirme-t-il, et il n'a jamais pensé en changer.

De la terrasse, nous pouvons admirer le paysage. Puis Genganaowu nous invite, le chauffeur et moi, à prendre du thé dans sa chambre. Les moines ont toujours leur espace de vie privé. Genganaowu s'absente un moment pour mettre de l'eau à chauffer. La bouilloire est accrochée à un support métallique. L'eau bout sous l'effet de l'énergie solaire amplifiée par une assiette concave qui rappelle une antenne parabolique de télévision. Il nous offre aussi du pain apporté par sa famille.

Dans l'ancienne cuisine, trois énormes marmites sont assez grandes pour contenir un bœuf, vingt moutons ou cent poulets. Autrefois, 4 000 moines vivaient à Wendusi. Maintenant, ils sont moins de 700. Je croyais les moines végétariens. Les bonzes chinois (han) le sont, mais comme la population du haut-plateau Qinghai-Tibet se composait uniquement de pasteurs nomades autrefois, on ne cultivait pas de légumes. À cause du climat aussi, les lamas tibétains consomment de la viande. L'important consiste à ne pas tuer eux-mêmes un animal.

 

Ce texte est le résumé d'une entrevue. Pour lire le texte original et d'autres entrevues faites à travers le pays, on se procurera :

Carducci, Lisa. Mille facettes de la Chine, Beijing, Éditions en langues étrangères, 2006, 304 pages.

ISBN 7-119-03215-1



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