Les voies de la réforme rurale |
Lan Xinzhen Il y a de cela trente ans, une réforme rurale avait marqué le début de la vaste politique d'ouverture et de réforme entreprise par la Chine. Trois décennies plus tard, les relations entre les administrations, les collectivités et les agriculteurs, ont connu un réajustement certain. C'est ainsi que les prérogatives des agriculteurs ont été sensiblement élargies et leurs intérêts mieux protégés, tandis que le mode de développement de l'agriculture et des zones rurales a quant à lui été complètement revu. Plus important encore, la population rurale en situation d'extrême pauvreté est passée de 250 millions à 15 millions de personnes, et l'indice de pauvreté a chuté à 3% après avoir atteint un niveau de 30%. Les agriculteurs chinois sont ainsi passés d'une situation où ils devaient faire face à un manque de nourriture et de vêtements à une vie relativement confortable. Un nouveau système Avant 1978, les terres agricoles étaient gérées et exploitées collectivement. Selon ce système, après l'attribution à l'Etat d'une partie de la récolte, le reste était réparti à parts égales entre les agriculteurs, freinant considérablement leur ardeur au travail et entraînant une chute de la productivité. Dans un grand nombre de zones rurales, la récolte était si faible qu'elle ne permettait pas d'assurer la moindre distribution aux agriculteurs, qui se voyaient alors obligés d'emprunter des céréales au gouvernement. Ce fut notamment le cas dans le village de Xiaogang, situé dans la province de l'Anhui. La population, qui se composait de 120 habitants répartis au sein de 18 foyers, décida de remédier à cette situation en attribuant une parcelle de terre à chaque foyer, ce dernier étant tenu d'atteindre les quotas de production. Une nuit de décembre 1978, les 18 foyers signèrent « un accord secret », prévoyant la répartition entre chacun d'entre eux des parcelles de terres, du bétail et des outils. En 1979, soit un an après l'adoption de ce système forfaitaire, la production totale de céréales atteignit 66 000 kg, c'est-à-dire quatre fois la moyenne annuelle observée lors des dix années précédentes. En septembre 1980, le Comité central du Parti communiste chinois publia le célèbre document n°75, légalisant le système de responsabilité forfaitaire du foyer dans la production agricole. Ce système de responsabilité avec une rémunération indexée sur le rendement, fut par la suite généralisé dans la plupart des zones rurales du pays. Song Hongyuan, directeur général du Centre de recherche sur l'économie rurale, placé sous l'autorité du ministère de l'Agriculture, explique que ce système a permis non seulement de libérer les forces de production et de stimuler l'esprit d'initiative des agriculteurs, mais aussi de rendre hommage à leur créativité, véritable impulsion des progrès réalisés dans le développement et la réforme des régions rurales. Le système de responsabilité forfaitaire imaginé par les agriculteurs chinois a permis une augmentation de leurs revenus et de la production agricole. Les statistiques publiées par l'Académie des sciences sociales révèlent ainsi qu'entre 1978 et 1984, la production agricole du pays s'est accrue en moyenne de 7,7% par an. En outre, comparé à 1978, la valeur de la production agricole avait augmenté en 1984 de 42,23%. Le revenu annuel par agriculteur a quant à lui été multiplié par 31, passant de 134 yuans (19,62 dollars) en 1978 à 4 140 yuans (606,15 dollars) en 2007. |