La fête des Pétards des Dong |
Lisa Carducci La fête des Pétards est la plus importante célébration des Dong. Elle remonte à un peu plus d'un siècle seulement. Sous le règne de Guangxu des Qing, le village de Fulu au Guangxi était un important poste commercial du bois. Pour promouvoir leurs affaires, les marchands locaux subventionnaient un concours de pétards le 3 du troisième mois. Les gagnants recevaient, outre des titres et honneurs, des prix comme de l'alcool, de la viande et des œufs. Aujourd'hui la date de la fête varie d'un endroit à un autre : le 3 du premier ou du troisième mois, le 2 du deuxième mois, ou et le 26 du dixième mois. Un ou deux jours avant la fête, on organise le spectacle et accueille les parents venus d'autres localités pour l'occasion. Chaque village vit fébrilement. Il y a des gens partout : des jeunes filles en costumes neufs brodés de piécettes d'argent brillantes, des garçons en jaquette noire et pantalon blanc retenu par une large ceinture enroulée. Les lieux sont décorés de bannières multicolores. Sur une scène improvisée résonnent le suona(type de cor), les gongs et le tambour. Des artistes amateurs chantent les airs préférés des Dong. Divers étals vendent des friandises et de petites marchandises comme dans toute foire. Les gens d'autres ethnies viennent aussi agrémenter l'ambiance.
Nouvel An 2008. Le moment crucial de la fête consiste à tirer les pétards faits d'un tube métallique contenant de la poudre et fermés par un petit anneau recouvert de fils verts et rouges, porte-bonheur. Quand le pétard est lancé, le petit anneau est projeté dans le ciel avant de retomber. Une foule de jeunes, suivis de la foule de spectateurs, se précipitent pour le ramasser. Si l'anneau tombe dans la rivière, on n'hésite pas à plonger pour le récupérer sous l'eau. Celui qui réussit à prendre possession de l'anneau n'est pas au bout de ses peines : il doit s'affranchir de la foule qui l'encercle, l'intercepte et cherche à le lui arracher, et atteindre le but avant d'être proclamé vainqueur. Suivent diverses compétitions sportives, et même des concours de fanfares d'instruments à vent entre les villages voisins. Garçons et filles participent à la compétition de tir à l'arc, de chant et de danse, et de dialogue chanté. Les adultes et les vieillards écoutent l'opéra tout en buvant de l'eau-de-vie, ou regardent les combats d'animaux ou les joueurs d'échecs selon leurs préférences. Le soir, tous les villages de Dong dans les montagnes s'illuminent. De loin on entend le « duo ye » (chant populaire des Dong) accompagné aupipa (instrument à cordes) et à la flute. Pourquoi des pétards ? En chinois, les pétards s'appellent baozhu ou « bambous violents ». On allume des pétards d'abord pour chausser les mauvais esprits et obtenir la paix. Une légende raconte qu'une bête féroce, difforme et étrange, dont le corps ressemblait à celui d'un être humain, se cachait dans des montagnes. Vers la fin de chaque année, elle sortait pour tuer des gens et des animaux. Cependant, elle était apeurée par la lumière et le bruit. Ainsi les pétards la mettaient-ils en fuite. Le bruit des pétards s'entend à toutes les grandes occasions (fêtes, mariage, ouverture d'une entreprise), surtout dans les zones rurales. Les pétards provoquent une grande joie et pas seulement chez les enfants. Les lois récentes interdisent d'allumer des pétards dans les villes en raison du danger, mais peu à peu on reprend cette tradition sans laquelle les Chinois ne sont pas chinois, en l'entourant de surveillance policière et de mesures de sécurité.
Éclats de pétards sur un toit de Wuzhishan, à Hainan. |