(Lisa Carducci)

Le 24 du sixième mois a lieu la fête des Flambeaux (ou des Torches) au cours de laquelle les Yi expriment leurs sentiments au moyen des symboles de la lumière et du feu. La fête dure trois jours.

Selon la légende, sur terre vivait un lutteur invincible appelé Eqilaba. Lorsque les dieux du ciel l'apprirent, ils envoyèrent leur plus fort délégué lui faire concurrence. Mais celui-ci perdit et mourut dans la lutte. Les dieux en colère libérèrent donc de grandes volées d'insectes qui détruiraient les récoltes et ruineraient ainsi la terre. C'est alors que Eqilaba et les siens coupèrent des rameaux de bambou et s'empressèrent d'en faire des torches afin de bruler les insectes nocifs; ils réussirent à sauver les récoltes.

Pour commémorer cette victoire, on reprit le geste à la fin du sixième mois chaque année; on organisa aussi des compétitions de lutte libre, de chant et de danse. C'est cette célébration qui est devenue aujourd'hui la fête des Flambeaux.

Une autre légende concernant l'origine de cette fête remonte à plus de mille ans, sous les Tang, quand la région du Yunnan était partagée en sept royaumes. Le roi le plus puissant, Meng She, qui désirait subjuguer les autres, fit construire une tour en bois de pin et invita tous les autres régents à un banquet et un rite en l'honneur des ancêtres. La clairvoyante épouse du roi Deng Shan conseilla à son mari de ne pas accepter l'invitation, mais Deng, craignant des représailles, se mit quand même en route. Par précaution, sa femme lui passa au bras un petit bracelet métallique. En fait, après le banquet, les cinq rois invités furent brulés vifs au sommet de la tour. Leurs épouses respectives furent invitées à recueillir leurs restes qui, carbonisés, ne pouvaient être identifiés, sauf ceux de Deng Shan grâce au bracelet. Ils furent rapportés dans son royaume pour être ensevelis.

Conquis par la beauté et l'intelligence de la veuve de Deng, Meng She voulut faire d'elle sa concubine. Elle refusa net. Retournée dans son pays, elle dévoila le complot de Meng aux officiers de l'armée et les engagea à se tenir prêts. Quand Meng envoya ses troupes assiéger la ville, elle prit elle-même la tête de l'armée contre les envahisseurs.

Instruments à cordes et à vent résonnent pendant trois jours.

Après trois mois de siège, les provisions et l'eau commencèrent à manquer. Plusieurs soldats périrent, et même la veuve de Deng. En mémoire de cette héroïne sage et fidèle, les Yi célébrèrent la fête des Torches le 24 du sixième mois lunaire. Les femmes yi se peignent les ongles en rouge ce jour-là en souvenir de la veuve dont les mains se maculèrent de sang quand elle ramassa les restes de son mari.

Jeune Yi en tenue ordinaire.          Jeune Yi en costume de fête.

Aujourd'hui, de bon matin le jour de la fête, les Yi revêtent leurs plus beaux costumes. Les hommes portent une jaquette courte brodée, ouverte en diagonale sur la droite, et un pantalon large. Ils se laissent une tiansa ou mèche de cheveux sur le front; ils portent une perle rouge et jaune à l'oreille droite et un turban bleu et noir noué sur le front, le « nœud du héros ». Les femmes endossent un corsage brodé et orné de dentelle et une jupe multicolore à petits plis. Elles portent des boucles d'oreilles, une épingle d'argent à motifs floraux au cou, et les coiffures varient du simple foulard à un énorme chapeau rond et lourd. Hommes et femmes se couvrent d'un très grand châle épais.

Déploiement de jupes plissées multicolores.