Chuxijie ou le dernier jour de l'année |
Une pâtisserie typique du sud est le niangao, à base de farine de riz glutineux, de sucre, de saindoux et d'eau, que l'on cuit à la vapeur. Sa signification est issue de l'homophonie à laquelle la langue chinoise se prête si facilement entre nian (année) et nian (le nom d'un monstre, qu'on détruit en le mangeant), et gao (gâteau) et gao (haut rang, grand). Il existe de multiples variétés de niangao. A Shanghai, on prépare des « lingots d'or » (yuanbao) à partir d'une mince feuille de jaune d'œuf farcie de porc haché. Ces danjiao sont mis à cuire dans un bouillon où l'on ajoute des épinards et du vermicelle de pois verts. Plusieurs autres mets symbolisent, par leur forme ou par homonymie, la fortune et le bonheur sous toutes ses formes. On sert par exemple du poisson dont il ne faut consommer ni la tête ni la queue, ce qui signifie « une année qui commence et qui finit bien ». A Taiwan, le banquet de fin d'année s'appelle « wei lu », ce qui signifie « s'assoir autour du poêle ». Ce soir-là, chaque membre de la famille doit boire un peu d'alcool, même les enfants. On consomme des boulettes de poisson pour le bonheur, des pousses de navet pour la bonne fortune, du poulet (dont le nom en dialecte taiwanais est homophone de « famille ») pour l'unité familiale, des huitres (« pang » en taiwanais, qui signifie « gras ») pour la prospérité. Les légumes sont servis entiers, avec la racine, et on ne doit ni les couper ni même les mastiquer : c'est un souhait de longévité pour les ainés. Si un membre de la famille ne peut être présent à ce banquet, on laisse une chaise pour lui, occupée par des vêtements qui lui appartiennent pour montrer qu'on pense à l'absent. Le banquet ne sera consommé qu'après que toutes les offrandes (aux dieux, aux ancêtres) auront été accomplies. L'« heure du rat » marque le moment où tous les esprits viennent sur terre participer à la fête. Sur l'autel au Ciel et à la Terre, on dispose des migong, sucrerie en bâtonnet à base de miel, et l'on empile en forme de pagode des gâteaux portant une marque rouge ; on place aussi des fruits, frais et secs, et des niangao. Les offrandes resteront sur l'autel jusqu'à la fête des Lanternes quinze jours plus tard, période pendant laquelle on rendra un hommage quotidien aux esprits et aux ancêtres en brûlant de l'encens. Aussi les laisse-t-on jouir les premiers du banquet. Une fois leur festin virtuel terminé, la famille réchauffera les plats refroidis pour que les vivants en profitent à leur tour. |