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La prof. Aline Gohard-Radenkovic à l'Université de Fribourg et responsable du Chapitre 3 « Mobilités et parcours » et le Dr George Alao, Maître de conférences à l'IINALCO (contributeur au chapitre 3). |
La traduction, c'est comprendre et faire comprendre. Lors du séminaire, une longue discussion s'est déroulée autour des termes comme les représentations et le discours dont la notion pouvait varier d'un chapitre à l'autre et d'un passage à l'autre. A cela s'ajoutaient des mots obscurs tels qu'universalité, universalisme, et universel. De plus, les trois mots composant le titre de l'ouvrage furent aussi un casse-tête pour les traducteurs chinois. Finalement, ils ont choisi le terme Gailun « introduction générale » qui semblait être plus proche du Précis, interprétant selon les enjeux de leur contexte le plurilinguisme comme « pluralité linguistique » et le pluriculturalisme comme « diversité culturelle ».
Il faut dire qu'il s'agit de la première rencontre entre les coordinateurs du livre et les traducteurs chinois. Au début, les spécialistes étrangers ne savaient ni comment le professeur Fu Rong avait réparti la responsabilité à son équipe ni comment travaillait cette dernière. En fait, c'est petit à petit que les experts étrangers ont découvert la différence des pratiques de traduction entre l'Orient et l'Occident. « Ce n'est pas simplement de la traduction d'une langue vers une autre, d'une culture académique à une autre, c'est la manière d'aborder la traduction qui était différente. On était complètement dans des modalités d'approche de traduction qui étaient différentes. Donc il fallait comprendre ça, et puis essayer de trouver des points d'approche, des repères, et avant de comprendre ce qui était souhaité et attendu de notre part », a expliqué Mme Aline Gohard-Radenkovic.
Une pluralité des voix
Le PPP, dont la version française est sortie en 2008, est une démarche de co-construction de tout un groupe avec un noyau dur, c'est-à-dire les coordinateurs des chapitres et les éditeurs de l'ouvrage, à peu près 16 personnes. Pour chaque chapitre, c'était obligatoirement un tandem, avec un ancrage scientifique différent, avec une nationalité différente, si possible une langue différente. Au départ, il faillait toujours travailler dans deux langues, français et anglais. Et puis chaque coordinateur, chaque tandem, a choisi son thème et ses auteurs en accord avec la structure générale, avant de faire des propositions au groupe, au noyau dur, en disant : « J'ai travaillé sur mobilité et parcours, j'ai donc choisi tel collègue qui vient de Suisse, tel collègue qui vient de Grèce, tel collègue qui vient de Thaïlande, tel collègue qui est français mais qui a fait son étude de cas en Chine, etc… avec des thématiques et des sous-thématiques à l'intérieur des chapitres », a précisé la professeure à l'Université de Fribourg.
« Quand nous entrons dans un chapitre, il nous renvoie vers un autre chapitre, qui nous renvoie encore vers un autre chapitre. C'est-à-dire qu'on a ce qu'on appelle de la polyphonie, une pluralité de voix. C'est justement à partir de ce principe qu'a été construit le PPP (…). Chacun selon sa discipline, selon son institution, son histoire académique, son environnement socioculturel et socio-académique, a apporté une voix différente, un regard différent sur un thématique », a poursuivi la coordinatrice.
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Le Prof. Georges Véronique de l'Université d'Aix-Marseille en France (co-coordinateur du Chapitre 7) et la Prof. Danièle Moore de Fraser Simon University au Canada (co-coordinatrice du Chapitre 6) |
Pour chaque chapitre, les deux responsables du noyau dur réunissent dix à seize auteurs, qui travaillent sur un thème proposé, soit les langues, soit l'appartenance de lien social. Les auteurs sont choisis en fonction de leur spécialité, et vont donc travailler à partir de différents pays, de différentes recherches, de différents regards et de différentes voix. « On n'a pas cherché l'unité, on a cherché le plurilinguisme, la pluralité des langues. Comme le pluriculturalisme, c'est la diversité des cultures. Eh bien on a postulé la pluralité des voix, la pluralité des appartenances disciplinaires », a indiqué la professeure.
La version chinoise de l'ouvrage est née à l'initiative de M. Fu Rong. « Lui et son équipe de traducteurs sont porteurs d'un projet fédérateur avec l'émergence d'un nouveau champ scientifique, le plurilinguisme et le pluriculturalisme...(lui-même en émergence en Europe) au sein des questions de l'apprentissage et de l'enseignement des langues et cultures étrangères », a conclu Aline Gohard.
Beijing Information |