Les disparités régionales, phénomène parallèle au développement économique du pays, sont en train de s'estomper. Mais comment venir à bout de ce problème dans le futur ?
Lan Xinzhen
Le 29 octobre 2008, mise en place des dix postes d'amarrage faisant partie de la quatrième tranche des travaux du Groupe du Port Yingkou. Yingkou peut désormais traiter 100 millions de tonnes de marchandises par an, contre 300 000 auparavant. Yingkou figure maintenant parmi les dix premiers ports dans les régions côtières du pays. (Photo : Xinhua, Li Jundong)
En 2011, les régions centrales et occidentales continuaient à devancer les zones orientales développées en vitesse de croissance du PIB. Cela montre que le déséquilibre régional dans le développement économique s'atténue sans cesse.
Après la réforme et l'ouverture, les zones littorales de l'est ont réalisé un développement rapide en profitant de leur supériorité politique et géographique sur les régions centrales et occidentales. Ainsi s'est creusé un fossé, s'agrandissant chaque année. Pour remédier à cette situation, le gouvernement chinois a élaboré de multiples politiques et mesures qui produisent aujourd'hui leurs effets.
Les derniers sont les premiers
D'après les données publiées par les diverses provinces, les zones orientales, bien qu'affichant les meilleurs PIB, ont été dépassées par les régions occidentales en ce qui concerne la vitesse de croissance. En 2011, le Guangdong occupe la première place à l'échelle nationale pour son PIB, 5 300 milliards de yuans, tandis que le Sichuan est N°1 parmi les provinces occidentales avec 2 100 milliards de yuans. Quant à la vitesse de croissance, celles des provinces orientales comme le Guangdong, le Jiangsu et le Zhejiang sont respectivement de 10, 11 et 9 %, soit 10 % en moyenne, alors que la majorité des zones occidentales ont connu une augmentation supérieure à 10 %, Chongqing en tête, avec 16,4 %.
D'après Fan Hengshan, directeur du département de l'économie régionale de la Commission nationale pour le développement et la réforme, depuis la fin des années 1990, la Chine a successivement lancé des stratégies de développement régional telles que l'exploitation des régions de l'ouest, l'émergence des régions centrales et le renouveau des régions du nord-est parsemées d'anciennes bases industrielles. Notamment au cours des six dernières années, 71 documents établis par l'Etat et visant à diminuer l'écart entre les différentes régions ont contribué au changement considérable dans le développement de l'économie régionale.
Selon Fan, la croissance de l'économie régionale a d'abord été restructurée et mieux coordonnée. Pendant des dizaines d'années, le décalage entre l'Est et l'Ouest n'avait cessé de s'élargir. L'Est avait toujours devancé l'Ouest. Mais à partir de 2007, la situation a changé radicalement, l'Ouest a commencé à dépasser l'Est. Et depuis 2008, les zones de l'Ouest, du Centre et du Nord-est ont toutes surpassé les régions de l'Est.
« C'est un passage révolutionnaire. Sans changement de vitesse de croissance de l'économie de l'Ouest et du Centre, pas de partage plus égalitaire du revenu entre les habitants, et pas d'accès pour tous aux services publics », a-t-il dit.
Le deuxième changement réside dans l'apparition de multiples nouveaux pôles de croissance. Ceux-ci englobent non seulement les régions du Yangtsé et du Delta de la rivière des Perles, les régions de la Mer Bohai, mais aussi la zone économique Chengdu-Chongqing, la zone économique du Golfe au nord de Hainan, et les villes de l'Anhui situées sur le tronçon du fleuve Yangtsé. Ils ont contribué à pousser l'économie chinoise à se développer rapidement et stablement, malgré l'impact de la crise financière mondiale.
Aux dires de Fan, si la vitesse de croissance de l'Ouest et du Centre dépasse celle de l'Est, le décalage au niveau du volume économique demeure, et reste difficile à éliminer. De plus, à la différence de l'Est où la consommation joue un rôle important dans le développement, la croissance de l'Ouest et du Centre est principalement basée sur l'investissement.
En 2011, l'investissement a connu une légère baisse dans les régions orientales. 14, 45 billions de yuans ont été injectés dans le secteur immobilier, en hausse de 21,3 % par rapport à l'année précédente, mais la vitesse de croissance a diminué de 1,5 %, notamment à Beijing et dans le Guangdong (respectivement -8,6 % et -6,8 %). La consommation a commencé à devenir un facteur important pour la croissance de l'économie de l'Est. Cela révèle que la restructuration de l'économie orientale entamée depuis 2007 s'est avérée efficace et a porté ses fruits.
Orientation du développement dans le futur
Ces deux dernières années, la vitesse de croissance de l'économie chinoise a un peu ralenti, et continue de le faire. Une question qui inquiète quant à l'établissement des politiques visant à équilibrer le développement économique entre les différentes régions.
Le 24 septembre 2009, la cérémonie d'ouverture de l'Exposition des hautes technologies de l'Asie du Nord-Est a eu lieu à Shenyang, chef-lieu de la province du Liaoning. Sur la photo, un représentant russe signe un accord de coopération sur le stand réservé à la Mongolie. (Photo : Xinhua, Ren Yong)
D'après Zhang Xiang, vice-président permanent du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, aucune raison de s'inquiéter, car le gouvernement central porte à un niveau extrêmement élevé et sans précédent le développement de l'économie régionale dans le XIIe plan quinquennal. Pour le moment, la première préoccupation est de faire en sorte que les régions de l'Est, du Centre, de l'Ouest et du Nord-est puissent mettre en valeur leurs avantages locaux et réaliser ensemble une véritable percée.
Suite au lancement des stratégies de développement régional comme l'exploitation de l'Ouest, l'émergence du Centre et le renouveau du Nord-est depuis les années 1990, le gouvernement chinois a ratifié ces deux dernières années plusieurs programmes concernant le delta du Yangtsé, le delta de la rivière des Perles, la nouvelle zone Binhai à Tianjin, et la zone économique située sur la rive ouest du détroit de Taiwan, dans la province du Fujian. « Nous remarquons que l'idée commune à ces documents est de profiter pleinement des ressources locales et supériorités traditionnelles pour réaliser un progrès socio-économique. Cela constitue la première tâche du développement de l'économie régionale et montre aussi l'avantage du développement de l'économie régionale », a exprimé Zhang.
Selon lui, il faut que l'économie régionale serve d'exemple et de moteur. En Chine, la force motrice de l'économie régionale provient principalement des « politiques préférentielles », une méthode importante qui pousse les différentes zones à valoriser le développement de leur propre économie. Mais le plus important, c'est que la stratégie de développement qui a déjà porté ses fruits dans une région peut aussi être appliquée à des régions voisines, seul concept permettant d'assurer la durabilité des différentes économies régionales.
Il est regrettable que certaines régions prennent des mesures inadéquates, comme le protectionnisme, pour défendre leurs entreprises locales. « A vrai dire, l'économie régionale, si elle veut se développer d'une manière saine et stable, doit se positionner sur l'ouverture et l'internationalisation », a ajouté Zhang.
« Par exemple, depuis la réforme et l'ouverture, les villes côtières ouvertes ont connu un développement rapide grâce à leur modèle d'ouverture économique. Cela peut servir de référence aux zones occidentales, centrales et du nord-est. L'économie régionale doit continuer à prendre le chemin de l'ouverture pour garantir son développement à long terme », a-t-il indiqué.
Actuellement, ce sont les régions du Nord-est qui jouissent d'une bonne opportunité. S'adossant à la Russie, elles se trouvent au carrefour de l'Asie du Nord-Est, de l'Extrême-Orient et de l'Océan Pacifique. De plus, leur économie tournée vers l'extérieur connaîtra un développement plus vaste que les régions centrales et occidentales, parce que le marché international en Asie du Nord-est va bientôt connaître un changement structurel avec l'adhésion de la Russie à l'OMC et le démarrage des négociations sur la zone de libre échange Chine-Japon-Corée. Tous ces facteurs constituent une chance qui se présente très rarement.
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