Depuis l'éclatement de la crise financière globale l'année dernière, la croissance économique chinoise marque le pas. Egalement impactée par la baisse de la demande extérieure et par les pressions inflationnistes intérieures, l'économie réelle affronte des difficultés de gestion. Néanmoins, le secteur bancaire ne semble pas souffrir, et enregistre même des bénéfices insolents.
Comment de tels bénéfices sont-ils possibles ? Et comment pousser les banques à en faire bénéficier le peuple et les petites et moyennes entreprises (PME) ? Comment le secteur bancaire maintient-il un développement sain dans une situation plus complexe cette année ? Sur ces questions, Chen Yongjie, secrétaire général du Centre chinois pour les échanges économiques internationaux, a donné son avis à l'édition d'outre-mer du Quotidien du Peuple.
Malgré le ralentissement du développement économique chinois, les bénéfices nets de certaines banques cotées ont connu une augmentation considérable en 2011. Est-ce que ce sont des « profits exorbitants » ?
2011 a été l'année la plus lucrative pour le secteur bancaire chinois. Suivant les chiffres publiés de certaines banques cotées, leurs bénéfices ont augmenté de 40-50 %, un record historique.
Selon les statistiques de la Commission de Régulation bancaire, les bénéfices des banques commerciales chinoises ont atteint 817,3 milliards de yuans au cours des trois premiers trimestres 2011, une augmentation de 35,4 % par rapport à la même période de l'année précédente, avec un bénéfice par personne de 400 000 yuans.
Au cours des trois premiers trimestres 2010, les entreprises industrielles d'envergure ont réalisé 3 680 milliards de yuans de profits, cependant le bénéfice par personne, pour 87 millions d'employés, était inférieur à 40 000 yuans, et le bénéfice net par personne - excepté l'impôt sur le revenu - ne dépassait pas les 30 000 yuans. Le bénéfice net par personne dans le secteur bancaire est 12 fois plus important que celui des entreprises industrielles. Les profits du secteur bancaire sont véritablement exorbitants.
Cet écart entre le secteur bancaire et l'économie réelle est critique aujourd'hui. J'estime que le taux de profit des banques est même supérieur à celui du pétrole ou du tabac, deux secteurs pourtant extrêmement lucratifs.
Quelles sont les principales causes de ces énormes profits ?
Premièrement, le crédit a connu une forte augmentation en 2011, bien que son taux de croissance soit inférieur à celui de 2010. Corrélativement, l'envergure des banques a été élargie, avec plus de profits.
Deuxièmement, l'écart d'intérêt entre les dépôts et les crédits, la principale source du chiffre d'affaires des banques, est assez grand. Il s'agit de la cause la plus basique. Au cours des trois premiers trimestres, les 16 banques chinoises cotées ont réalisé 1 200 milliards de yuans par ce moyen, qui représente environ 80 % de leur chiffre d'affaires. Pourtant, cet écart d'intérêt est fixé par l'Etat.
Troisièmement, les banques peuvent gagner de l'argent par d'autres moyens, tels que les services financiers.
Quelle orientation va prendre le développement et la réforme du secteur bancaire dans le futur ? Comment faut-il harmoniser le secteur financier et l'économie réelle ?
Pour régler le problème des profits exorbitants des banques, il faut, tout d'abord, augmenter de façon unilatérale le taux d'intérêt, soit augmenter le taux d'intérêt sur les dépôts en fixant le taux d'intérêt sur les crédits. Actuellement, le taux d'intérêt sur les dépôts est de 3,5 %, tandis que ce chiffre est de 6,56 % pour le taux d'intérêt sur les crédits. L'écart entre les deux taux d'intérêts est supérieur à celui des pays occidentaux en moyenne. Quant au degré d'augmentation, nous devons assurer que le taux d'intérêt sur les dépôts n'est pas inférieur au taux d'inflation. Sinon, l'épargne populaire est dévalorisée.
Deuxièmement, l'Etat doit renforcer la supervision des impôts du secteur bancaire, et élever leur taux d'imposition, du fait que 80 ou 90 % des profits des banques proviennent de l'écart des taux d'intérêts fixés par l'Etat.
Troisièmement, renforcer la supervision de l'impôt sur le revenu des employés dans les banques, surtout les employés de niveaux moyen et supérieur, pour éviter la fraude fiscale par des revenus secrets.
Quatrièmement, il faut surveiller le coût de revient de gestion des banques (dont la majorité sont des banques publiques, y compris les banques commerciales par actions), en particulier les consommations et les dépenses pour les relations publiques.
Cinquièmement, les banques doivent renforcer les services aux PME, surtout les micro-entreprises, afin de réduire les risques liés à l'emprunt dans le secteur privé. En plus, le soutien à ces entreprises constitue la partie la plus importante du soutien à l'économie réelle.
Sixièmement, réaliser progressivement la marchéisation du taux d'intérêt. Pour le moment, le taux d'intérêt sur les dépôts est fixé de manière planifiée en Chine, tandis que le taux d'intérêt sur les crédits ne l'est qu'à moitié.
Septièmement, déployer des efforts pour développer les organismes financiers de petite envergure. Au cours de la stimulation de la marchéisation du taux d'intérêt, la concurrence entre les petits et les grands organismes financiers, une compétition concernant et le taux d'intérêt sur les crédits et le taux d'intérêt sur les dépôts, favorisera dans une certaine mesure l'augmentation du taux d'intérêt sur les dépôts en Chine, et cela bénéficiera au peuple.
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