Lan Xinzhen
Après le nouveau record des cinq dernières années atteint au mois de juillet 2011, le taux d'augmentation de l'IPC (indice des prix à la consommation) continue de baisser. Selon les données publiées le 12 janvier par le Bureau d'Etat des Statistiques, l'IPC de décembre dernier a réalisé une augmentation de 4,1 % par rapport à la même période de l'année précédente, mais une réduction de 0,1 % en comparaison de la période précédente. Il est donc en baisse depuis cinq mois, démontrant que les mesures de lutte contre l'inflation commencent à payer.
Diverses mesures
Au premier semestre 2011, l'inflation augmente considérablement et continuellement, jusqu'au mois de juillet dernier où il atteint un nouveau record. Vu la situation critique, le gouvernement chinois attache une haute importance à la lutte contre l'inflation. La Banque centrale a élevé, en 2011, à trois reprises le taux d'intérêt, et à six reprises le taux des réserves obligatoires, qui a atteint 21,5 % pour les banques d'envergure. En plus, l'ouverture des manœuvres de marché constitue un moyen efficace pour le retour de la monnaie de la Banque centrale. Poussée par une série de mesures, la lutte contre l'inflation montre enfin des résultats favorables, avec le taux d'augmentation de l'IPC par rapport à la même période de l'année précédente qui commence à diminuer depuis le mois d'août dernier.
Selon Zhou Jingtong, économiste supérieur au bureau de recherches sur la finance internationale relevant de la Banque de Chine, l'augmentation des prix en 2011 est liée à trois principales causes, respectivement la grande quantité de monnaie distribuée pour lutter contre la crise financière, la pression extérieure à cause de la politique relâchée des Etats-Unis sur la quantité de monnaie qui provoque l'augmentation des prix internationaux des marchandises en gros, et l'augmentation du prix de revient de la main-d'œuvre à l'intérieur du pays.
Selon un rapport du centre de recherches financières de la Banque des Transports, les pressions de l'inflation seront lourdes cette année par rapport à 2011, en raison de facteurs tels que la chute continuelle des prix des matières premières à l'intérieur et à l'extérieur du pays, le ralentissement de la croissance économique, les difficultés pour le relâchement complet des fonds monétaires, le maintien de la stabilité des prix des céréales et la baisse des prix de la viande de porc.
« L'IPC au mois de janvier sera presque le même que celui de décembre dernier, ou connaîtra un faible rebondissement, mais le chiffre baissera dès février, jusqu'au milieu de l'année, puis connaîtra un rebondissement doux », a prévu Lu Zhengwei, économiste en chef de la Société générale.
« En plus de l'IPC, il faut faire attention à l'IPP (Indice des prix à la production), dont le taux d'augmentation est supérieur à celui de l'IPC. Au mois de décembre dernier, l'IPP a connu une augmentation de 1,7 % par rapport à la même période de l'année précédente, mais une réduction de 0,3 % en comparaison avec la période précédente, ce qui montre que la puissance de transmission de l'augmentation des prix est bien affaiblie », a dit Li Chang'an, professeur adjoint à l'institut d'administration publique de l'Université d'Economie et de Commerce internationaux.
Pas un tournant
Bien que l'inflation ne constitue plus le premier risque macro-économique actuel, les fortes pressions qui lui sont liées demeurent. « Le radoucissement temporaire de l'IPC est lié au ralentissement de la croissance, mais il s'agit encore d'une économie inflationniste. La baisse des chiffres de l'IPC depuis plusieurs mois ne signifie pas que l'inflation connaît un tournant », a indiqué Zheng Chaoyu, professeur à la faculté d'économie de l'Université du Peuple de Chine.
Selon He Qiang, directeur de l'institut de recherches sur les valeurs et le marché à terme relevant de l'Université centrale de Finance et d'Economie, il faut continuer à observer les prix, car ils connaissent un rebondissement lié à l'hiver rude qui influe sur les produits agricoles et la demande à l'occasion du nouvel an et de la fête du Printemps. A moyen et long termes, il existe toujours des facteurs d'inflation, tels que l'élévation du prix de revient de la main-d'œuvre provoquée par la transformation de la structure démographique, l'augmentation des prix des ressources, et la réduction de la superficie des terres au cours de l'urbanisation.
« Avec la politique monétaire relâchée de l'Europe et des Etats-Unis, l'augmentation du prix de revient et la grande masse monétaire, l'inflation peut réellement rebondir en Chine en 2012 », a montré Wang Tongsan, directeur de l'institut de recherches sur l'économie quantitative et l'économie technologique relevant de l'Académie des Sciences sociales de Chine. La politique monétaire prudente adoptée par la Banque centrale en 2011 n'a contrôlé que la vitesse d'augmentation excessive de la monnaie nouvellement émise, mais la grande masse monétaire demeure, et fera pression sur les prix. Il faudra encore du temps pour améliorer la situation.
Politique de contrôle
Avec la baisse continuelle de la vitesse d'augmentation de l'inflation et le ralentissement de la croissance économique, la Banque centrale a réduit le taux des réserves obligatoires du RMB de 0,5 %, libérant à peu près 400 milliards de yuans. Il s'agit de la première réduction du taux des réserves obligatoire depuis 2009. La politique monétaire devient-elle relâchée ou connaît-elle seulement un faible réajustement ? La plupart des gens estiment que l'orientation basique de la politique monétaire ne doit pas trop changer en 2012.
« Les pressions de l'inflation justifient la prudence de la politique monétaire en 2012, cependant, vu les risques du ralentissement de la croissance économique, les départements concernés réduiraient le taux des réserves obligatoires », a dit Wei Jie, professeur à la faculté de contrôle économique de l'Université Tsinghua.
« Il faut déployer des efforts dans divers domaines pour lutter contre l'inflation en 2012 », a proposé Ding Maozhan, docteur en économie de l'Académie chinoise de Gouvernance. « Premièrement, continuer d'appliquer la politique monétaire prudente. Deuxièmement, mener à bien la production agricole, pour assurer l'augmentation stable du volume des céréales et des produits agricoles et secondaires. Troisièmement, faire les préparatifs pour affronter les graves catastrophes naturelles, évitant la tension de la production et de l'approvisionnement. Quatrièmement, il faut publier diverses mesures de réforme, en pensant amplement aux facteurs de l'inflation et au niveau de tolérance du peuple ».
Beijing Information
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