Yu Lintao
« A l'avenir, la diplomatie chinoise devra faire preuve de perspicacité et mettre l'accent sur une intervention anticipative et créative », a indiqué M. Wang Yizhou, spécialiste des relations internationales et vice-doyen de l'Institut des relations internationales de l'Université de Beijing, à propos de la réorientation de la diplomatie chinoise face à une nouvelle époque lors de la dixième édition de la réunion annuelle consacrée à l'édification diplomatique.
Baptisée également Séminaire sur le changement d'orientation de la diplomatie chinoise, la réunion s'est tenue le 17 décembre à l'Hôtel Xijiao à Beijing, avec comme sujets principaux l'édification diplomatique en Chine, le réajustement de la stratégie de la diplomatie chinoise et l'analyse de la situation diplomatique du pays. Autour du thème majeur « Réorientation de la diplomatie chinoise : nouvelle discipline, nouvelle approche, nouvelle stratégie », une centaine d'intervenants ont chaleureusement débattu. M. Le Yucheng, ministre assistant du MAE, M. Shen Guofang, rédacteur en chef de la maison d'édition World Affairs, M. Robert Kaplan, senior fellow du Center for a New American Security, M. Wang Yizhou, vice doyen de l'Institut des relations internationales de l'Université de Beijing ont prononcé des discours respectivement intitulés « Situation internationale actuelle et diplomatie chinoise », « Réflexions sur la réorientation de la diplomatie chinoise », « Les voies maritimes et les pipe-lines du continent eurasiatique au 21e siècle », « Intervention créative : une nouvelle orientation de la diplomatie chinoise ».
D'après M. Wang Yizhou, le géant chinois est inévitablement en proie à des ennuis lors de sa montée en puissance. Sa force motrice au niveau économique est incomparable par rapport à n'importe quel autre pays du monde, mais le pays est comme un géant boiteux car pas mal de défauts existent dans divers domaines : politique, société, fourniture des services publics, diplomatie, etc. A cela s'ajoutent des problèmes au niveau du système, du mécanisme et du concept. « Auparavant, notre politique diplomatique insistait sur le principe de garder un profil bas et de suivre silencieusement l'exemple de l'autre sur la scène internationale. A l'avenir, il nous faudra avoir des visions lointaines et intervenir d'une manière anticipative et créative dans les affaires internationales », a-t-il ajouté.
Lors de la discussion de groupe, Mme Liu Changmin, spécialiste des relations internationales et professeur à l'Université des sciences politiques et juridiques de Chine, a indiqué que la réorientation de la diplomatie chinoise représentait une longue étape historique au cours de laquelle des réajutements partiels et à courte échéance sont nécessaires. Il est temps de le faire. « Au début du lancement de la politique de réforme et d'ouverture dès la fin des années 1970, la Chine a poursuivi sa politique du développement pacifique et de non-alliance, sa diplomatie était à caractère défensif. Aujourd'hui, si nous tenons à rester fidèle au principe de garder un profil bas en nous abstenant sur des affaires internationales, nous serons considérés comme des gens n'ayant pas le sens des responsabilités, quelque chose que les citoyens chinois ne peuvent accepter et moralement et sentimentalement.
La réunion s'est clôturée sur l'établissement d'un document intitulé « Consensus Qinghua sur la diplomatie chinoise ». Les participants chinois et étrangers étaient unanimes à estimer que les relations de la Chine avec la communauté internationale étaient de plus en plus étroites, d'autant plus que les intérêts du pays s'internationalisent et se mondialisent. La nouvelle forme de diplomatie que représentent la diplomatie publique, la diplomatie économique et la diplomatie militaire est en train de devenir une partie importante de la diplomatie générale des différents pays du monde. La réorientation de la diplomatie chinoise exige la modification de certaines stratégies et approches traditionnelles, ainsi que la coordination efficace de divers secteurs tels que la politique, l'économie, l'armée et les finances, afin que la communauté internationale connaisse mieux le développement de la Chine.
Cette réunion a été co-organisée par la faculté des relations internationales de l'Université Qinghua, le centre de recherches sur la stratégie chinoise et la diplomatie publique de l'Université Qinghua, et le Carnegie-Qinghua Center, avec comme sponsor le dernier établissement. Le centre des recherches sur la stratégie chinoise et la diplomatie publique de l'Université Qinghua est un think tank fondé en 2011. Dans l'optique d'explorer les possibilités de recherches sur la gouvernance et la diplomatie de la Chine, le jeune laboratoire d'idées se classe au premier rang au niveau national et jouit d'une réputation mondiale pour son innovation dans les études théoriques et les questions politiques très urgentes pour le pays, et pour ses échanges et coopération en matière académique à caractère pluridisciplinaire, pluri-institutionnel et transfrontalier.
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