A l'approche de la fête de la mi-automne (le 12 septembre cette année), l'imposition d'une taxe sur les gâteaux de lune provoque l'ire de la population. Mais la justification est claire : cet impôt, prélevé sur le revenu, est déjà appliqué depuis longtemps en vertu de la loi. Face à des réactions indignées au sein de la population, il est très important de prendre des mesures pour rendre l'imposition plus équitable et rationnelle.
Fondements juridiques
Les autorités fiscales de Shanghai, Beijing et Nanjing ont récemment rappelé aux employeurs que le prix des gâteaux de lune, un mets traditionnellement offert à l'occasion de la fête de la mi-automne, devrait être pris en compte dans les salaires mensuels pour calculer le montant de l'impôt sur le revenu.
A l'annonce de cette mesure, la toile et la presse se sont aussitôt dressées comme un seul homme. Selon un sondage en ligne réalisé par le service de microblogging auprès de 16 000 internautes, 92 % se sont déclarés opposés à une telle taxe, seulement 4 % y étaient favorables, et le reste a choisi de ne pas se prononcer.
En fait, la loi fiscale a déjà stipulé que les gâteaux de lune, considérés comme une sorte de prime, sont imposables comme le revenu personnel. Il ne s'agit pas d'un nouvel impôt.
L'amendement du 1er septembre a réhaussé le seuil d'imposition à 3 500 yuans, la majorité des salariés seront donc exonérés, explique Wang Weiqing, spécialiste de la fiscalité à l'Université Jiaotong de Shanghai.
Des experts ont exprimé que la perception de cette taxe n'était pas bien appliquée à cause du coût élevé du contrôle, et qu'ouvrir le débat n'était donc pas une idée lumineuse...
Les raisons de la colère
Mais pourquoi un tel impôt légitime est-il si controversé ? Selon certains spécialistes, c'est plutôt l'augmentation des catégories d'impôts qui préoccupe le public. Par exemple, à la mi-août, l'impôt sur « le véritable amour », une taxe de 3 à 4 % mise en place à Nanjing et à Wuhan sur la moitié de la valeur du bien immobilier pour le mari ou l'épouse qui souhaite ajouter le nom de son conjoint sur l'acte de propriété, a soulevé une énorme vague de protestations.
Le système fiscal chinois, centré sur les impôts indirects comme les impôts sur la circulation des marchandises, se distingue de celui des pays occidentaux basé sur les impôts directs comme l'impôt sur le revenu. Selon le ministère des Finances, en 2010, les impôts sur la circulation des marchandises (TVA, taxe de consommation et impôts sur le chiffre d'affaires) représentaient plus de 50 % des recettes fiscales de l'Etat. A vrai dire, les impôts indirects se font moins sentir que les impôts directs.
Cependant, face à la hausse des prix et à la diminution du pouvoir d'achat, de plus en plus de contribuables commencent à évaluer la fiscalité. Les charges fiscales sont-elles lourdes ou légères ? A quel pourcentage les impôts indirects sont-ils imposés aux consommateurs ? Les impôts perçus sont-ils utilisés pour améliorer les conditions de vie du peuple ? On peut dire que la Chine entre maintenant dans une période de sensibilisation aux affaires fiscales, car le public prend son devoir fiscal au sérieux tout en tenant compte de ses droits.
Les affaires fiscales constituent un casse-tête pour pas mal de gens. D'après une enquête réalisée par un fameux site internet, plus de 40 % de sondés ont exprimé qu'ils étaient incapables d'énumérer les impôts qu'ils avaient payés, alors que les autres disaient qu'ils ne savaient pas de quelle manière étaient utilisées les taxes.
« Ces dernières années, la Chine a injecté énormément d'argent dans les secteurs publics productifs, au détriment du financement pour des services sociaux comme les soins médicaux et l'éducation. De plus, il existe des lacunes dans la perception des impôts chez les personnes riches. A cela s'ajoutent des scandales qui accentuent l'inquiétude du public sur le bon usage des impôts », conclut Wang Weiqing.
Beijing Information
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