Le 2 août dernier, la ville méridionale de Zhuhai, dans le Guangdong, a publié une loi interdisant la mendicité sur les voies réservées aux véhicules.
Les policiers peuvent désormais verbaliser les mendiants. Et la note sera salée – jusqu'à 200 yuans – pour les automobilistes qui leur achèteront des produits, ou leur donneront de l'argent.
Selon la police locale, la mendicité dans les voies réservées aux véhicules est devenue un véritable fardeau ces dernières années. Aux feux, les mendiants frappent aux vitres des voitures, et tendent la main. Cela perturbe le trafic, et viole le code de la route. De plus, les automobilistes qui aident les mendiants troublent l'ordre public. La présence de ces mendiants empêche les policiers de fluidifier le trafic aux intersections, et s'avère un réel danger pour la sécurité des mendiants comme des automobilistes.
A en croire les autorités, la nouvelle réglementation aurait été bien accueillie par la population, les automobilistes et les agents de la circulation. Mais, sur Internet, le débat fait rage. Certains s'inquiètent de l'avenir de ces mendiants.
Utile et pratique
He Liangliang (cnr.cn): Ce phénomène est très fréquent dans les villes chinoises, et les automobilistes, par empathie, donnent aux mendiants. Certains fustigent donc la nouvelle loi, alors que d'autres mettent avant la sécurité et l'ordre.
Cette nouvelle loi à Zhuhai est une première en Chine. Je la trouve nécessaire. Vendre, faire de la publicité ou demander de l'argent sur la route est dangereux.
La sécurité routière sera améliorée à Zhuhai grâce à cette loi. Les policiers peuvent désormais s'appuyer sur cette loi. Alors, faut-il étendre cette pratique à d'autres villes chinoises ? Assurément. Cela fluidifiera le trafic et rendra le travail des agents de circulation plus facile.
Sun Cheng (Guangzhou Daily): D'un point de vue de la sécurité, vendre ou mendier sur la route est dangereux. D'ailleurs, dans certaines villes, on peut voir des panneaux pour mettre en garde les automobilistes, rappelant qu'il existe des aides sociales pour les mendiants. Légiférer sur ce problème est donc une bonne idée.
Punir les automobilistes est également une bonne chose. Car ne s'attaquer qu'aux mendiants aurait été de la discrimination, et n'aurait pas permis d'améliorer la sécurité routière. Zhuhai est un bon exemple pour tout le pays.
Zhu Shaohua (xinhuanet.com): Les mendiants ont le droit de mendier, mais leur sécurité et celle des conducteurs doivent primer. Ainsi, cette loi permet de protéger tout le monde. Zhuhai prouve qu'elle a atteint un nouveau stade dans la gestion urbaine.
Bi Xiaozhe (xinhuanet.com): Zhuhai a fait le meilleur choix. La ville a réussi à trouver un équilibre entre les droits et les devoirs, en donnant la priorité à la sécurité, même si certains mendiants ont vraiment besoin de cet argent. Globalement, Zhuhai a fait le bon choix sur cette question.
Inapproprié
Chen Yizhou (xinhuanet.com): Interdire la mendicité n'est pas une panacée, et le fait que le gouvernement ait recours à des amendes revient à faire du sur place. La plupart des gens connaissent très bien le danger qu'il y a à donner aux mendiants sur la route, et d'ailleurs, ils sont de moins en moins à le faire. Parfois, certains automobilistes ne donnent de l'argent uniquement pour que le mendiant déguerpisse au plus vite. Ainsi, il suffirait de mettre en garde les gens contre ces pratiques. Le plus important, c'est que le gouvernement améliore le trafic, autrement qu'en infligeant des amendes. N'est-ce pas un excellent exemple de l'inaction du gouvernement ?
Zhang Haifei (xinhuanet.com): La police de Zhuhai ne se focalise que sur les automobilistes qui donnent de l'argent, sans chercher d'éventuelles causes du côté de la gestion gouvernementale. Inaction totale du gouvernement. De plus, certains mendiants sont vraiment très pauvres. Pourront-ils payer 50 yuans d'amende ? S'il n'y a que des amendes et un manque de gestion, les mendiants et les vendeurs continueront à sévir sur les routes. Ils savent que certains automobilistes éprouveront toujours de l'empathie. Si la police se contente de distribuer des amendes, elle sera bientôt suspectée de s'enrichir grâce à ces amendes…
Qiao Zhifeng (rednet.cn): Aujourd'hui, de nombreuses villes sont en proie à des gens qui mendient sur des routes très fréquentées. Cela interrompt le trafic, et constitue une cause potentielle d'accidents. La police et les habitants sont préoccupés depuis un certain temps, mais le problème n'a toujours pas été réglé. Zhuhai a choisi de résoudre le problème par la législation. La question est la suivante : pendant que les mendiants et les automobilistes sont sanctionnés, que font les agents de la circulation ? Leur boulot se résume-t-il uniquement à mettre des amendes ? Les amendes permettront-elles d'éradiquer le problème à sa source ?
Une amende de 50 yuans ne découragera pas les mendiants. La plupart d'entre eux sont des mendiants professionnels et ne sont pas réellement dans le besoin. D'ailleurs, certains ont gagné beaucoup d'argent de la sorte. Ainsi, pour un mendiant professionnel, une amende de 50 yuans, ce n'est rien. Les automobilistes, qui ne peuvent distinguer les vrais mendiants des professionnels, donnent souvent de l'argent pour être débarrassés.
Au lieu de résoudre les problèmes des conducteurs et de créer un bon environnement, la police de Zhuhai tente de dissuader les conducteurs par des amendes. S'agit-il d'un transfert de leurs responsabilités ?
Alors, comment résoudre ce problème ? Tout d'abord, en aidant les nécessiteux, puis, en punissant les mendiants professionnels. Quand cela sera fait, la circulation deviendra plus fluide.
Shi Yanping (Shanxi Evening News): Avec cette loi, Zhuhai se trompe de cible. Automobilistes et mendiants sont sanctionnés, pendant que les agents de la circulation, censés assurer le trafic, ne font que verbaliser. La responsabilité incombe au département de la gestion urbaine et aux organismes sociaux.
Avec cette loi, Zhuhai transfère la responsabilité sur les conducteurs. C'est ridicule ! Les mendiants peuvent être très insistants. Et si l'automobiliste donne, il peut être sanctionné. Les conducteurs se retrouvent pris entre deux feux.
Verbaliser les voitures est déraisonnable, et ne fera pas déguerpir les mendiants. Ce qu'il faut, c'est une coordination du travail des différents départements pour démasquer les faux mendiants. Ce ne que lorsque les mendiants quitteront d'eux-mêmes les routes que les voitures pourront se déplacer librement.
Cette nouvelle réglementation, c'est de l'inaction. Les mendiants et les vendeurs continueront d'encercler les voitures, et les automobilistes ne sauront pas quoi faire.
S'ils donnent, les mendiants partiront, mais ils paieront l'amende. Et s'ils ne donnent pas, les mendiants ne bougeront pas. Le département de la circulation ne doit pas transférer la responsabilité sur les conducteurs ; il devrait essayer de trouver des moyens efficaces pour assurer la sécurité routière et la fluidité de la circulation.
Beijing Information
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