Alors que l'économie de la Chine a enregistré une croissance à deux chiffres au cours du premier trimestre de l'année, le pays semble bien parti pour dépasser son objectif de croissance annuelle de 8 %, fixé pour l'année 2011. Cela est sans aucun doute une bonne nouvelle pour l'économie mondiale, qui est de plus en plus dépendante de la santé économique des pays émergents et en développement pour soutenir son redémarrage.
Mais pour les dirigeants chinois occupés à combattre l'inflation, cette croissance économique fulgurante du premier trimestre n'est pas bienvenue. Les derniers chiffres montrent en effet que la hausse de 9,7 % enregistrée par le PIB de la Chine au premier trimestre 2011 s'est accompagnée d'un bond de l'inflation, qui a atteint son plus haut niveau depuis 32 mois avec une hausse de 5,4 % en mars.
Pour le reste du monde, par contre, le bon premier trimestre de la Chine est une nouvelle réjouissante, car c'est une source essentielle de croissance à l'heure où les économies des pays industrialisés n'enregistrent qu'une croissance marginale, et c'est également pour la Chine une incitation à poursuivre son action de rééquilibrage.
Le déficit commercial de 1,02 milliard de dollars enregistré sur la période janvier-mars, le premier déficit trimestriel du pays en six ans, est révélateur du fait que la Chine a réduit sa dépendance aux exportations afin de maintenir une croissance saine.
Il est en effet largement considéré que le succès de la Chine à doper sa consommation interne est crucial pour maintenir une croissance durable et stabiliser l'économie mondiale. C'est ce qui semble être en train de se passer, puisque la consommation a contribué pour 5,9 % à la croissance du premier trimestre, alors que l'investissement a généré 4,3 % supplémentaires.
Pourtant, cette croissance plus forte que prévu complique la tâche des décideurs politiques dans leur lutte contre l'inflation. Tirée par les prix de l'alimentation et des matières premières, celle-ci a dépassé pour le troisième mois consécutif la limite fixée par le gouvernement qui était de 4 %.
Les autorités ont considérablement resserré leur politique monétaire afin de contrôler la hausse des prix. Afin d'éponger l'excès de liquidités alimentant l'inflation, la Banque du peuple de Chine, la banque centrale du pays, a relevé son taux d'intérêt directeur le 5 avril pour la deuxième fois cette année, après avoir accru le montant des réserves obligatoires des banques commerciales à neuf reprises depuis le début de l'année dernière.
Si l'inflation s'est accrue au mois de mars, c'est plus en raison d'une base de comparaison plus basse qu'à cause de l'augmentation des prix du pétrole au niveau mondial, qui ont provoqué une hausse de la facture d'importation de la Chine et donc des prix à la consommation.
De ce fait, il est nécessaire d'évaluer minutieusement « les effets isolants » de ce resserrement de la politique monétaire afin de ne pas endommager l'économie.
Si, comme attendu, l'inflation se stabilise au cours des prochains mois, la banque centrale devra sans doute faire une pause ou peut-être même supprimer définitivement son mécanisme de resserrement. Selon les données mensuelles communiquées par le Bureau national des statistiques, les prix ont pour la première fois baissé de 0,2 % entre février et mars.
Néanmoins, il semble très vraisemblable que les incertitudes entourant l'économie mondiale et la hausse de plus en plus rapide des revenus en Chine vont provoquer une pression inflationniste, ce que les décideurs devront gérer le moment venu.
Il est donc trop tôt pour pousser un soupir de soulagement dans cette bataille contre l'inflation.
Source: french.china.org.cn |