Une nouvelle coentreprise de maïs est une aubaine tant pour le marché des semences de Chine que pour la production céréale dépendant des semences de qualité.
Par Lan Xinzhen
Yuan Long Ping High-Tech Agriculture, la société anonyme du « Père du riz hybride » de Chine, a annoncé, le 10 février dernier, la création d'une joint-venture (JV) avec la filiale hongkongaise de Vilmorin & Cie. L'accord-cadre a été examiné et approuvé par le Conseil d'administration de la société chinoise.
Selon le communiqué, les deux entreprises ont signé le 27 janvier 2011, à Changsha, capitale provinciale du Hunan, l'accord-cadre sur la création d'une coentreprise dans la partie continentale de la Chine. Cette nouvelle entité sera dotée de 200 millions de yuans et se consacrera à la recherche, la production et la commercialisation de semences hybrides de maïs, de blé et de plantes oléagineuses. Yuan Long Ping High-Tech Agriculture investira 120 millions de yuans (18,21 millions de dollars américains) et détiendra donc 60 % de la coentreprise ; et Vilmorin Hong Kong Ltd, 80 millions, soit une participation de 40 %. Les deux parties ont également convenu que le partenaire chinois transférera 5 % de sa participation à l'équipe de gestion de la coentreprise, afin d'absorber les talents de recherche et de gestion. La création de cette société est soumise à l'approbation du gouvernement.
Yuan Long Ping High-Tech Agriculture est une société anonyme de hautes technologies agricoles, basée sur des centres de recherche scientifique, créée en juin 1999 à l'initiative de l'Académie des sciences agricoles du Hunan (ASAH), du Centre de recherche du riz hybride du Hunan et de Yuan Longping, membre de l'Académie d'ingénierie de Chine. En mai 2000, l'entreprise est entrée à la Bourse de Shenzhen. En décembre 2004, Hunan Xindaxin Co. Ltd est devenue son premier actionnaire, en rachetant l'ensemble des actions détenues par l'ASAH. En 2006, elle a achevé sa réforme sur la redistribution des actions appartenant à l'État.
Spécialisée dans la recherche sur les semences de riz hybride, Yuan Long Ping High-Tech Agriculture fournit également des services de technologie agricole.
Depuis 2000, les revenus de la société issus de l'activité des semences de riz hybride ont augmenté de 48,29 % en moyenne chaque année, avec une croissance annuelle de 35 % des bénéfices. L'actif total est passé de moins de 200 millions de yuans (30,35 millions de USD) à 2,1 milliards de yuans (318,66 millions de USD). Selon les chiffres publiés par l'Association Asie-Pacifique de semences en 2004, Yuan Long Ping High-Tech Agriculture est devenue l'une des plus grandes entreprises de semences en Asie.
Selon un communiqué publié par l'entreprise début février, la croissance des activités de l'entreprise en 2010 est estimée à 50-70 % par rapport à la même période de l'année précédente, avec un bénéfice net de 72,7 à 82,4 millions de yuans (11,03 à 12,5 millions de USD), contre 48,47 millions (7,36 millions de USD) l'année précédente. La croissance considérable est principalement attribuée à l'activité de semences de riz hybride et à l'augmentation de la marge brute.
Vilmorin & Cie, filiale majoritaire du Groupe français Limagrain, travaille principalement dans les semences de grandes cultures et potagères. Quatrième groupe mondial dans le secteur des semences, coté à la Bourse de Paris, Limagrain détient 72 % du capital de Vilmorin & Cie. Vilmorin Hong Kong Limited, créée et inscrite à Hong Kong, est une filiale majoritaire du groupe Vilmorin & Cie.
Une fois cette coentreprise créée, Yuan Long Ping High-Tech Agriculture devrait devenir la plate-forme d'opération du Groupe Limagrain en Chine, tandis que ce dernier partagera avec elle ses avancées en recherche-développement et ses expériences en marketing des semences de maïs hybride.
À la recherche des percées dans l'activité semencière de maïs
En Chine, le maïs est la deuxième plus importante céréale cultivée après le riz. Il représente 22 % de la superficie ensemencée totale des céréales et 25 % de la production totale. Selon des données statistiques, pendant la période 2003-2007, le maïs a contribué à 44 % de la croissance de la production céréalière du pays, se classant au premier rang des cultures céréalières. On voit par là qu'un espace plus grand lui est attribué et que la demande en semences de maïs est très importante. Comme la marge brute sur le maïs est plus élevée que celles des autres grandes cultures céréalières, les entreprises du secteur s'y intéressent particulièrement. En conséquence, le marché du maïs est très concurrentiel.
Tong Pingya, chercheur à l'Institut des cultures de l'Académie des sciences agricoles de Chine (ASAC), a indiqué que 90 % des entreprises de semences chinoises travaillaient actuellement sur le maïs. Toutefois, l'activité n'est pas très concentrée. Les grandes entreprises représentent seulement 30 % des parts du marché, et le reste des parts sont partagées par les PME. Selon des statistiques, 110 000 tonnes de semences de maïs ont été vendus en Chine en 2009, pour un montant total de 5 milliards de yuans (758,73 millions de USD).
Yuan Long Ping High-Tech Agriculture représente 10 % du marché des semences de riz, premier au classement en Chine. Cependant, elle ne pèse que 1,4 % du marché du maïs. Selon la liste établie aux termes de ventes en octobre 2010 par l'Association chinoise des semences, les cinq premières entreprises de semences sont Yuan Long Ping High-Tech Agriculture, Liaoning Dongya Seed, China National Seed Group, Beijing Doneed Seed et Shandong Graines Denghai. Parmi ces entreprises, Yuan Long Ping est la moins présente dans le secteur du maïs.
Vilmorin Hong Kong a une grande maîtrise dans les semences de maïs hybridé, de blé et de plantes oléagineuses. Elle a notamment créé un institut de semences dans la province septentrionale du Shanxi il y a 10 ans. Récemment, ses semences de maïs ont reçu l'autorisation de mise sur le marché.
Yuan Long Ping High-Tech Agriculture cherche des opportunités dans les semences de maïs, et elle a entamé des discussions avec Vilmorin Hong Kong dès 2005. Selon l'accord actuel, la coentreprise sera principalement axée sur le développement, la production et la commercialisation de semences de maïs hybride, ce qui signifie l'entrée de l'entreprise chinoise dans l'industrie des semences de maïs.
L'industrie des semences de maïs est reconnue comme offrir les meilleures possibilités pour le développement parmi tous les secteurs des semences, en dépit de sa forte concurrence. Le taux de marge brute des semences de maïs peut atteindre 30 %, voire 60 % pour certaines graines de qualité, beaucoup plus élevé que celui du riz et d'autres semences de céréales, attirant ainsi des entreprises de semences à accéder à ce marché.
Toutefois, Yuan Long Ping High-Tech Agriculture n'est pas la première à coopérer avec des entreprises de semences étrangères. En 2002, Pioneer Salut-Bred International, une filiale de DuPont des États-Unis, a établi une coentreprise avec la Shandong Denghai Seed, et quatre ans plus tard, elle en a créé une seconde avec Gansu Dunhuang Seed.
S'inquiétant d'une domination possible des géants semenciers internationaux dans la production agricole en Chine et des menaces qui en découlent concernant la sécurité de la production céréalière du pays, le gouvernement chinois contraint les entreprises étrangères à établir des coentreprises avec des compagnies chinoises si elles veulent produire et commercialiser des semences céréalières. Par ailleurs, les coentreprises doivent être contrôlées par la partie chinoise.
Autres profits
Le 10 février, Yuan Long Ping High-Tech Agriculture a annoncé un changement de la structure de son actionnariat. Selon le communiqué, les premier et deuxième actionnaires de Changsha Xindaxin Weimai Agriculture Co. Ltd, Hunan Xindaxin Co. Ltd et Vilmorin Hong Kong Ltd, ont signé un accord de transfert de titres de propriété. Hunan Xindaxin a décidé d'acquérir les actions détenues par Vilmorin Hong Kong Ltd, qui sont de 46,5 % des parts à Changsha Xindaxin Weimai Agriculture Co. Ltd.
Selon Qiao Yang, analyste chez Changjiang Securities, comme le groupe Hunan Xindaxin est actionnaire majoritaire de Yuan Long Ping High-Tech Agriculture, après cette opération, la coentreprise deviendra une société chinoise à responsabilité limitée.
Selon les politiques chinoises, les entreprises à capitaux étrangers ne font pas l'objet du soutien politique régissant les industries de semences. Qiao Yang pense que cette modification de l'actionnariat permet de s'adapter aux politiques de soutien des industries de semences qui seront bientôt publiées par le gouvernement chinois.
Par ailleurs, le ministère chinois de l'Agriculture a publié le 31 décembre 2010 un projet de règles de gestion régissant l'industrie des semences. Le capital social minimum pour une société des semences de riz et de maïs hybrides passera de 5 millions de yuans (758 725 USD) à 30 millions de yuans (4,55 millions de USD), et le capital social minimum d'une société semencière intégrée, de 30 millions de yuans à 100 millions de yuans (15,17 millions de USD). Si ce projet est mis en œuvre, 90 % des 8 700 entreprises de semences seront éliminées, et ce seront de grandes entreprises de semences qui se partageront le marché.
« Yuan Long Ping High-Tech Agriculture saisit cette opportunité et se lance dans l'industrie des semences de maïs, en créant un grand potentiel pour le développement futur de l'entreprise », a expliqué Qiao Yang.
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