Avec son prochain sommet à Sanya, le groupe BRICS attire de plus en plus l'attention mondiale.
Xing Guangcheng et Chu Dongmei
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Publicités du troisième sommet des BRICS dans une rue de Haikou,
chef-lieu de la province du Hainan. (Qin Yan/hinews.cn) |
Le troisième sommet des BRICS aura lieu le 14 avril à Sanya, sur l'île chinoise de Hainan. Le concept BRIC, créé en 2001 par Jim O'Neill, le président de Goldman Sachs Asset Management, est un acronyme anglais des quatre économies émergentes : le Brésil, la Russie, l'Inde et la Chine. Ces quatre pays attirent une attention croissante de la communauté internationale par leur croissance spectaculaire. Avec le dynamisme de ces pays, le BRIC n'est plus un concept, mais bel et bien une nouvelle plate-forme internationale d'échanges. A la fin de 2010, l'Afrique du Sud, représentée par la lettre S, est devenue le cinquième membre du BRIC, qui est désormais devenu BRICS.
Comment le concept BRIC est-il devenu réalité ?
C'est dans le contexte de la mondialisation économique que le concept BRIC est devenu réalité. Le BRIC a été forgé dans le brasier de la mondialisation économique.
Organisation internationale non-officielle, le BRIC cristallise cependant les attentes de toute la planète. La crise économique et financière mondiale qui a éclaté en 2008 a révélé une série de disfonctionnements au sein de l'ordre économique et financier international, dominé depuis longtemps par les pays développés dont les Etats-Unis. La communauté internationale a donc initié la mise en place d'un mécanisme de gestion collective financière planétaire. Dans la mesure où les pays du G8 sont impuissants face à la crise, le G20, qui a assimilé de nombreux pays en voie de développement, est devenu une importante plate-forme internationale de coordination et de coopération. Parmi eux, la Chine et le Brésil sont les premiers à être sortis de la crise, jouant ainsi un rôle important dans la promotion et la relance du développement international. Tout cela a mis en évidence le rôle et le statut des économies émergentes sur le plan international. C'est dans ce processus que les BRIC ont progressivement constaté leurs intérêts communs et le fondement de la coopération et du dialogue mutuels. Ils en ont aussi profité réellement, en accroissant leur capacité de répondre et résister à la crise financière internationale grâce à l'approfondissement de la coopération.
La première rencontre des ministres des Affaires étrangers des pays du BRIC a eu lieu en mai 2008 à Iekaterinbourg, Russie, et en novembre, celle des ministres des Finances à São Paulo, Brésil, suivie par le premier sommet des BRIC en juin 2009 à Iekaterinbourg. Lors du deuxième sommet, en avril 2010 à Brasília, Brésil, a été signé un texte significatif sur la coopération économique : le Mémorandum de coopération entre la Banque de l'économie extérieure de la Russie, la Banque nationale de développement de Chine, la Banque de développement de l'économie sociale du Brésil et la Banque d'import-export de l'Inde. La signature du Mémorandum et sa concrétisation marquent un pas important réalisé par les pays du BRIC dans l'établissement des relations multilatérales.
Affichage de la capacité de développement
Les BRICS se distinguent par leur rapide développement économique. Les cinq pays représentent 30 % du territoire mondial et 42 % de la population de la planète. Ces pays jouent un rôle croissant dans l'économie mondiale, leur PIB représentant en 2010 18 % du PIB mondial, et leur volume commercial, 15 %. De plus, le volume commercial entre les membres augmente d'année en année, avec une croissance annuelle de 28 % entre 2001 et 2010, où 230 milliards de dollars américains ont été réalisés.
Face au dynamisme du développement des BRICS, les pays riches, le FMI et la Banque mondiale n'ont plus d'autre choix que d'écouter leur voix. La montée en puissance de ce groupe justifie qu'à la suite de la crise financière internationale, le centre de gravité de l'économie mondiale se soit déplacé vers le Sud-est, terre des pays émergents. Cette tendance du développement mondial est indépendante de la volonté de l'Homme. Les BRICS s'adaptent au courant du monde pour pouvoir connaître un développement rapide. Ils ne rechercheront pas l'affrontement, mais mettront l'accent sur la discussion autour de la supervision financière internationale et de la réforme de la gouvernance mondiale. Le groupe des BRICS ne cherchera pas à remplacer le monde occidental, mais exprimera sans cesse les intérêts et aspirations des pays émergents dans le futur ordre économique international.
Le rapport de forces politique et économique se modifie sans cesse. Du G7 au G20 à l'époque post-crise financière, et même au G2 sino-américain, proposé par un savant américain, en passant par le G8, le G8+N, deux tendances évidentes se dessinent : Premièrement, le statut des pays en voie de développement et des économies émergentes monte sans cesse dans le rapport des forces politiques et économiques du monde, et leur puissance économique et influence ont considérablement augmenté. L'ancien ordre politique et économique international ne peut plus refléter la nouvelle structure des forces internationales. Surtout après l'éclatement de la crise financière mondiale, les économies émergentes ont été universellement reconnues en conduisant l'économie mondiale vers la sortie de crise. Deuxièmement, la Chine, qui a dépassé le Japon en 2010 pour devenir la deuxième grande économie mondiale, attire l'attention de la communauté internationale par la hausse de son statut politique et économique. Le statut et le rôle de la Chine augmentent de jour en jour dans la politique et l'économie planétaires. Ce rôle est bien mis en évidence dans les organisations internationales actuelles, les mécanismes internationaux et les nouveaux mécanismes de coordination et de dialogue, ainsi que les initiatives internationales.
Grande capacité d'absorption
L'Afrique du Sud participera au prochain sommet à Sanya, le 14 avril. Il s'agit du premier élargissement du groupe, qui fera l'objet de plus d'attentions et de commentaires de la communauté internationale. Avec un champ géographique plus large, les BRICS seront plus représentatifs sur la scène internationale et joueront un rôle plus important. Cela traduit la démocratisation de la gouvernance mondiale et la multipolarisation préconisées par les BRICS. L'augmentation de ces derniers est une bonne tendance et montre qu'il n'est pas seulement un nouveau concept, mais aussi une réalité internationale vivante.
La cohérence des BRICS se traduit plutôt dans le domaine économique que sur le plan militaire. L'essor des marchés émergents permet de renforcer la cohérence économique des BRICS. Les cinq pays présentent une disposition ponctuelle : la Chine et l'Inde sont deux pays asiatiques en voie de développement, la Russie est un pays émergent traversant l'Eurasie, tandis que le Brésil et l'Afrique du Sud se trouvent respectivement en Amérique du Sud et à l'extrémité sud de l'Afrique. Ce sont la force motrice de la coopération économique et l'attractivité économique issue du développement des cinq pays qui relient ces « points ».
De nombreux commentateurs internationaux estiment que l'Afrique du Sud ne possède pas les conditions nécessaires, du point de vue de l'ampleur économique, pour être intégrée au « groupe des plus grandes entités économiques en développement ». Cependant, tant d'un point de vue de la géopolitique que de la géo-économie, l'adhésion de ce pays revêt une grande signification pour tous. Ces dernières années, l'Afrique du Sud a maintenu un développement à grande vitesse. Avec de nombreux ports et de riches ressources minérales, l'Afrique du Sud est le plus grand pays géoéconomique du continent de l'Afrique. A travers l'Afrique du Sud, qui est un exemple du développement économique de l'Afrique, la Chine, la Russie, le Brésil et l'Inde pourront commercer et investir sur l'ensemble du continent africain, et le BRIC étendra ainsi son influence économique sur ce continent. De plus, en adhérant au BRICS, l'Afrique du Sud apportera une contribution constructive au développement ultérieur du groupe et à sa coopération internationale. Avec l'adhésion de l'Afrique du Sud, le BRICS ne se limite plus dans une certaine région déterminée, mais est devenu un vrai club économique international.
Le BRICS devra explorer plus de nouvelles idées conformes à l'ère du temps, alors que la tolérance, la coopération, le dialogue et le gagnant-gagnant doivent devenir des idées communes du groupe. Il lui importe de prendre la coopération multilatérale pour plate-forme, et de rechercher le développement commun. En plus de sa disposition ponctuelle, un autre aspect original du BRICS réside dans les grandes différences culturelles et politiques des pays membres. Un large espace d'échanges culturels s'offre ainsi. Cependant, ils font également face à des questions de développement et besoins communs. Il importe aux pays membres de respecter les différences culturelles de leurs partenaires, de tolérer les caractéristiques politiques différentes, d'élargir l'espace des échanges culturels, et de se concentrer sur la coopération économique, afin de contribuer davantage à l'établissement d'un ordre économique international pluraliste.
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* Xing Guangcheng, chercheur au Centre de recherche sur l'histoire et la géographie des frontières chinoises de l'Académie des sciences sociale de Chine (ASSC).
* Chu Dongmei, doctorante au département d'études de la Russie, de l'Europe d'Est et de l'Asie centrale de l'Institut des étudiants-chercheurs de l'ASSC.
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