Le 5 avril dans la soirée, la Banque populaire de Chine, banque centrale, a annoncé une hausse des taux d'intérêts de 25 points de base, effective dès le lendemain.
« Cette hausse démontre que la lutte contre l'inflation demeure la mission prioritaire du gouvernement, qui doit pratiquer un resserrement monétaire », a fait remarquer Lu Zhengwei, économiste en chef de la banque chinoise Xingye, justifiant ces propos pour deux raisons principales.
En mars, le Purchasing Managers Index (indicateur de l'activité manufacturière) est remonté à 53,4 % en Chine, annonçant un ralentissement économique sur une base circulaire, en évitant la « glissade ». Pour le premier trimestre, Lu Zhengwei prévoit une croissance de 9,5 %, un taux qui demeure vigoureux.
La partie continentale de la Chine fait encore face à une grande pression inflationniste. A l'international, le baril de pétrole brut est maintenu au-dessus des 100 dollars. L'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) prévoit que les prix des céréales pourraient rester élevés, tandis que les autorités chinoises ont déclaré que l'IPC (indice des prix à la consommation) de mars pourrait atteindre un nouveau sommet.
La Commission pour la politique monétaire de la Banque populaire de Chine tient une réunion trimestrielle. Les conclusions des réunions du quatrième trimestre 2010 et du premier trimestre 2011, respectivement « accorder une plus grande importance à la stabilisation du niveau global des prix », et « mettre un accent plus fort sur la stabilisation du niveau global des prix dans le contrôle macroéconomique » ont été perçues comme des signes de relâchement de la politique monétaire. Dans son rapport, la China International Capital Corporation Limited (CICC) est parvenue à la conclusion suivante : « De nombreux paramètres tendent à montrer que le rétrécissement de la politique monétaire s'affaiblit avec une amplitude amoindrie ».
Cependant, les signes provenant des données macro-économiques ne sont pas optimistes. La plupart des initiés estiment que l'IPC prochainement publié continuera à grimper, ce qui accrédite la thèse d'une accélération du resserrement de la politique monétaire.
« Le maintien de la prudence de la politique monétaire ne signifie pas l'accélération de son resserrement. Bien que le M2 chute à nouveau sous l'objectif des 16 %, certains indices demeurent à des niveaux ne justifiant pas de stimuler le relâchement immédiat de la politique monétaire », a remarqué Lu Zhengwei.
Evoquant l'influence de la nouvelle augmentation des taux d'intérêt sur le marché, il estime que ce réajustement causerait l'élévation du taux de rendement du marché de dettes de la semaine, du fait qu'il surgit alors que le marché tablait sur la suspension du resserrement, mais que celui-ci est arrivé plus tôt que souhaité.
En ce qui concerne l'évolution de la politique monétaire chinoise, Lu estime que le taux d'intérêt des dépôts à un an atteindrait 3,75 à 4 % jusqu'à la fin de cette année, donc qu'il y aurait encore deux ou trois nouvelles augmentations des taux d'intérêt.
« La hausse des taux n'influera pas sur le rythme de monnaies comme le taux de réserves obligatoires pour les dépôts. Les quatre banques d'Etat pourraient augmenter le taux de réserves obligatoires pour les dépôts à 23 % à la fin de 2011 ; la Banque populaire de Chine l'augmenterait encore une fois en avril », a-t-il indiqué. Bien que le resserrement monétaire prenne graduellement effet, la politique monétaire chinoise restera focalisée sur le contrôle de l'inflation, en demeurant prudente », a-t-il prédit.
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