Après une année 2010 mouvementée, les relations sino-américaines présentent des signes d'amélioration.

Liu Xuecheng (chercheur à l'Institut des Etudes internationales)

En ce début d'année, l'interaction entre la Chine et les Etats-Unis permettra sans doute de stimuler la diplomatie des grandes puissances. Lors de sa visite aux Etats-Unis (du 3 au 7 janvier), le ministre chinois des affaires étrangères, Yang Jiechi, a été chaleureusement reçu par le président américain Barack Obama, un bon préalable à la visite prochaine du président chinois Hu Jintao aux Etats-Unis. De plus, la visite du secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, (du 9 au 12 janvier), marque la normalisation des échanges militaires entre les deux pays.

En effet, les relations sino-américaines se sont considérablement détériorées l'année dernière, provoquant l'inquiétude de la communauté internationale, désormais rassurée par le changement de ton en janvier. Les relations sino-américaines, cruciales pour le monde, influeront inévitablement sur le développement de la structure mondiale. L'amitié entre ces deux pays est donc importante pour les peuples. La future visite du président chinois est donc de première importance.

Depuis la fin de la Guerre froide, et en particulier après l'entrée en fonction de Barack Obama, la définition des relations sino-américaines est devenue un point clé pour le développement sain et stable des relations entre les deux pays. Du partenariat stratégique du gouvernement de Bill Clinton à la concurrence stratégique du gouvernement de George W. Bush, puis à la phase « ni ennemi ni ami », tous les gouvernements américains gardent une attitude de défiance envers la Chine. Ainsi, il est nécessaire de préciser la nature des relations entre les deux pays, et de renforcer la confiance stratégique mutuelle.

Lors de la prochaine visite du président chinois aux Etats-Unis, les principales questions concerneront notamment le taux de change du RMB, le déséquilibre commercial, l'élargissement des limites de l'exportation des produits high-tech vers la Chine, les Droits de l'homme, la liberté religieuse, ou encore l'éducation et la culture. Des dossiers régionaux comme les questions nucléaires nord-coréenne et iranienne seront également abordés. Le maintien de la paix et la stabilité régionale, ainsi que la dénucléarisation sont les plus importants objectifs communs de la Chine et les Etats-Unis. S'agissant des questions internationales, sécurité énergétique, changement climatique, nouvelles énergies ou  lutte contre le terrorisme, le consensus l'emporte sur les différends.

Après avoir fait grand étalage de sa puissance en Asie du Sud, avec ses deux porte-avions, Carl Vinson et George Washington, les Etats-Unis ont à présent l'intention d'envoyer le Ronald Reagan en mer de Chine. En plus d'être une bonne plate-forme de bataille, les porte-avions permettent également de démontrer leur puissance maritime. Les Etats-Unis restent encore accrochés à une pensée de type Guerre froide, diffusant largement la Théorie de la balance. Cependant, il ne faut pas négliger le pragmatisme américain, qui voit les partenaires comme point clé du développement pacifique et du gagnant-gagnant.

La question taïwanaise concerne les intérêts centraux de la Chine. La politique américaine déterminée de vendre des armes à l'île ne sera sans doute pas suspendue. La stratégie américaine a d'ailleurs évolué, car les ventes ne se font plus une fois par an, mais échelonnées. Quant aux armes offensives, l'Amérique de George H.W. Bush avait déjà vendu des sous-marins et des chasseurs F16 à Taïwan. Début 2010, la suspension des échanges militaires entre la Chine et les Etats-Unis est directement liée à cette vente d'armes. En fait, la visite de Robert Gates en Chine n'infléchit pas la stratégie américaine. Quant à la Chine, la reprise des échanges militaires est non seulement liée à la question des ventes d'armes, mais recèle aussi de vastes significations régionales.

Les deux parties se sont rendu compte qu'une relation tendue était défavorable aux intérêts communs, à la résolution des questions régionales et des problèmes internationaux. Et cela ne peut se faire sans la participation active de la Chine. Ainsi, cette rencontre entre Hu Jintao et Obama est très attendue. Les deux parties vont souligner l'importance d'une coopération et d'une coordination constructives. Cependant, tous les problèmes ne seront pas réglés d'un coup de baguette magique, et il ne faut donc pas trop attendre de cette rencontre.

« Assurer une période de développement paisible et créer un environnement international favorable au redressement de la Chine », tels sont les intérêts centraux du plus grand pays émergent du monde. Les Etats-Unis resteront encore numéro 1 pour longtemps, tandis que la Chine est devenue une superpuissance asiatique. Coopération et concurrence ne disparaîtront donc pas dans leurs relations.

Cette visite de Hu Jintao aux Etats-Unis s'inscrit à un moment difficile, alors que la sécurité en Asie s'est dégradée, et que la reprise économique mondiale stagne. C'est par le dialogue que les deux plus grandes économies du monde doivent chercher des consensus, éliminer les différends et malentendus, étendre les intérêts communs et éviter les conflits. Ainsi, tout comme la communauté internationale le désire, nous espérons que cette rencontre entre Hu Jintao et Obama sera fructueuse.

Le plus grand pays en voie de développement et le plus grand pays développé doivent surmonter les différends et dissiper les suspicions, renforcer la confiance mutuelle stratégique et lancer des coopérations mutuellement bénéfiques, seul voie pour parvenir au gagnant-gagnant. Lors de cette rencontre historique, une série de contrats importants dans divers domaines tels que le commerce, l'énergie, l'environnement, les infrastructures, les sciences humaines et les technologies seront signés. De plus, la signature des projets de coopération sera annoncée.

Au regard de l'histoire des relations sino-américaines, les échanges de visites des chefs d'Etat sont favorables au développement des relations diplomatiques. Avec des efforts conjoints, cette visite de Hu Jintao encouragera la promotion du développement d'une coopération complète, la compréhension et l'amitié des peuples, la manifestation de leur désir de paix, de stabilisation et de développement du monde entier. Malgré des différends, les deux parties ont reconnu que les relations sino-américaines sont importantes, que les intérêts communs sont plus nombreux que les divergences, et que la coopération domine depuis toujours les relations entre les deux pays. Les dirigeants des deux pays doivent résoudre habilement les divergences. Il faut tenir compte de la situation générale des relations sino-américaines, renforcer la prévention des risques et la gestion des crises. Il faut engager les relations sino-américaines dans la bonne voie. Les faits en disent plus que les paroles. Les relations entre les deux grands pays sont rapprochées par les bénéfices communs qui ne cessent d'augmenter, et l'exigence d'une vie meilleure pour leurs peuples, et pour le monde entier. Les bénéfices mutuels constituent donc la base matérielle des relations sino-américaines au XXI^e siècle.

Beijing Information