Tang Yuankai
Née le 9 juillet 1885, Luo Meizhen, qui vit dans le district autonome yao de Bama, dans la région autonome zhuang du Guangxi, est encore en bonne forme. A 125 ans, elle occupe la première place sur la liste des Dix Chinois les plus âgés 2010, publiée le 16 octobre dernier.
Organisée par l'Académie chinoise de gérontologie, cette sélection a débutée au mois de juin à travers tout le pays. Au final, les dix personnes retenues viennent de cinq ethnies dans six provinces (ou régions autonomes), leur âge moyen est de 119,9 ans, la plus jeune ayant 117 ans.
Selon des statistiques de l'Académie de gérontologie, au premier août 2010, la Chine comptait 43 708 centenaires (hors Hongkong, Macao et Taiwan), soit 3 316 de plus que l'an dernier.
« Avec le développement socio-économique et l'amélioration du niveau de vie, l'espérance de vie de la population chinoise s'allonge, et le nombre des centenaires augmente progressivement », a indiqué Li Bengong, président de l'Académie de gérontologie.
La liste des Dix Chinois les plus âgés 2010 a été dévoilée à Dongxing (province du Guangxi), qui est la 16e « région de longévité » en Chine, selon l'Académie de gérontologie. Parmi sa population, au total 125 600 habitants, on compte 2 567 personnes de plus de 80 ans (2,19 % de la population totale), dont 13 centenaires (10,34/100 000).
Débutée en 2005, la sélection des « régions de longévité » dépend de trois conditions : la proportion de centenaires atteint la norme internationale de 7/100 000 ; l'espérance de vie moyenne est de 3 ans de plus que celle du pays ; le nombre des personnes de plus de 80 ans représente au minimum 1,4 % de la population totale de la région.
Cependant, avec ses 125 ans, Luo Meizhen ne détient pas le record de longévité de Bama. Selon des documents historiques, l'Empereur Jiaqing (Aixinjuelo Yongyan, 1760-1820) de la dynastie de Qing (1644-1912) a écrit un poème en décembre 1810, en hommage à un centenaire de l'ethnie Yao, qui célébrait ses 142 ans.
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Luo Meizhen |
D'après une enquête nationale sur la santé des personnes âgées effectuée au cours de ces dernières années, Bama compte 81 centenaires, soit 31,7/100 000, chiffre largement supérieur au standard des Nations unies pour « la région de longévité » : 7,5/100 000.
Aux yeux des chercheurs, le secret de longévité des habitants de Bama réside dans leurs bonnes habitudes de vie. De génération en génération, ils se lèvent et se couchent avec le soleil, et dorment donc suffisamment. Pendant la journée, les adultes parcourent les montagnes pour s'occuper des cultures, et les enfants marchent longtemps pour se rendre à l'école. Cet exercice quotidien rend leur corps solide, et est bénéfique pour le cœur. De plus, la majorité des centenaires ont l'habitude de faire des bains de pieds avant le coucher.
Tout comme les habitants d'Okinawa, lieu réputé pour ses centenaires, qui ont l'habitude de « hara hachi bu » (manger jusqu'à ce que l'estomac soit rempli à 80%), les habitants de Bama mangent sobrement. En fait, leurs habitudes alimentaires, simples et naturelles, sont en accord avec les principes de bonne santé et de longévité. Depuis toujours, leur menu repose sur des produits végétaux, accompagnés de viandes. Ils ajoutent souvent au congee (bouillie de riz) des légumes, du poisson et des crevettes. Ils aiment cuire les légumes dans la soupe, évitant le plus possible la friture. Par ailleurs, les habitants de Bama apprécient les légumineuses.
Bien sûr, la nourriture n'est pas l'unique secret de leur longévité. Les centenaires de Bama ont tous certaines qualités : être heureux, tolérant et généreux.
Dans ce district, il n'y aucune maison de retraite. Plusieurs générations vivent ainsi sous le même toit, en parfaite harmonie. Tous, des enfants aux personnes de 80 ans, peuvent donc prendre soin de leurs parents centenaires. A Bama, le stress est absent, et la vie suit lentement son cours. Le concours de chants montagnards est l'unique compétition pour les habitants locaux. Très populaire, cette activité sociale est connue pour augmenter les défenses immunitaires, et maintenir l'esprit vif et jeune.
Avec l'amélioration des conditions sanitaires et médicales, le taux de mortalité des nouveau-nés est en baisse, et les maladies contagieuses, comme la tuberculose, font moins de victimes depuis une dizaine d'années. Ainsi, à Bama, l'espérance de vie s'allonge.
Pour comprendre cette extraordinaire longévité, des recherches ont été effectuées sur la composition du sol de Bama. Les résultats ont montré une grande teneur en en manganèse et en zinc dans les régions montagneuses du nord, ainsi qu'une faible présence de cuivre et de cadmium. Par ailleurs, les cheveux des centenaires contenaient dix fois plus de manganèse que chez les habitants de Guangzhou, de Wuhan et de Tokyo. Les recherches ont conclu que la répartition du sol riche en manganèse et pauvre en cuivre est inversement proportionnelle au taux de morbidité des maladies cardio-vasculaires, et directement proportionnelle à la densité des centenaires.
Autre raison de la longévité à Bama, l'air frais. En effet, la plupart des centenaires vivent dans les vallées, près de la rivière, respirant un bon air toute l'année. L'air de Bama compte 2 000 à 5 000 ions oxygène par cm³, et jusqu'à 30 000 dans des villages où les centenaires sont nombreux. En comparaison, dans les villes ordinaires, ce taux est en général de 1 000 à 2 000. En outre, l'ensoleillement dans les régions montagneuses est moins long que dans les plaines, les habitants des montagnes sont donc moins soumis aux radiations solaires.
Au regard de ces explications, tout porte à croire que la longévité ne se rencontre que dans les régions moins développées, éloignées et fermées, mais ayant un bon environnement. Cependant, en 2008, « un village de longévité » a été détecté dans le district de Sanshui, à Foshan (province du Guangdong).
A 30 km de Guangzhou, ville hôte des 16es Jeux asiatiques, Sanshui se situe sur le Delta de la rivière des Perles, surnommé « l'Atelier mondial ». Depuis les années 1990, Sanshui attache une grande importance à la croissance économique verte, fermant ou déplaçant quantité d'entreprises énergivores et polluantes. Grâce à ces mesures, le nombre de centenaires a commencé à augmenter.
« Sanshui a trouvé le point d'équilibre entre la croissance économique et la protection de l'environnement, s'engageant dans une voie de développement scientifique et de civilisation écologique », a constaté Zhao Baohua, vice-président permanent de l'Académie chinoise de gérontologie.
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