TANG SHUBIAO, journaliste de La Chine au Présent à Cancún
En 2009 à Copenhague, la COP 15 avait suscité bon nombre d'attentes dans le monde, mais elle n'est arrivée qu'à un accord non contraignant. Les gens ont donc une attitude plus réaliste et pondérée par rapport à la COP 16, à Cancún.
Bien que les médias ne se soient pas satisfaits du résultat de la COP 15, honnêtement, ces résultats ne sont pas nuls, car un consensus international y a au moins été atteint : l'homme doit diminuer les changements climatiques et s'y adapter par des activités globales, en vue de limiter l'augmentation de la température mondiale à 2℃ d'ici le milieu du XXIe siècle. Cet objectif a été approuvé à la fois par les pays développés et en développement, bien que les pays les plus pauvres aient espéré remplacer ce chiffre par 1,5℃.
Y aura-t-il des faits marquants à la COP 16 à Cancún? Probablement que oui. Malgré certains jugements pessimistes déjà répandus partout depuis un certain temps, le fait que les négociateurs de près de 200 pays sont réunis à Cancún laisse tout même entrevoir une lueur d'espoir. Par exemple, d'après M. Friis Arne Petersen, ambassadeur du Danemark en Chine, la COP 16 n'arrivera pas à une convention contraignante, mais des accords partiels sur certaines questions complexessont possibles.
Le premier point qui mérite une attention spéciale est le financement de démarrage rapide. En vertu de l'Accord de Copenhague, les pays développés ont promis de fournir 30 milliards $US de 2010 à 2020 pour aider les pays pauvres à affronter le changement climatique. Cette somme doit être constituée de nouveaux fonds au lieu d'être récupérée d'un engagement précédent pris ailleurs.
Le deuxième point est la coopération en matière de technologies. Auparavant, quand on parlait de transfert de technologies, les pays développés mettaient toujours l'accent sur la protection des droits d'auteur ; par exemple, les États-Unis disaient que les technologies américaines ne pouvaient pas être transférées gratuitement. En fait, ces paroles se méprennent sur l'essence du transfert de technologies. Les soutiens technologiques aux pays extrêmement pauvres ne concernent pas les technologies de pointe, et ceux aux autres pays sont plutôt des coopérations, surtout dans le cas de la Chine. Avant la COP 15 à Copenhague, la Chine avait proposé d'exploiter conjointement les technologies, proposition qui a été bien appréciée par la communauté internationale.
Le troisième point sera peut-être la réduction de l'abattage des arbres. En fait un consensus est pratiquement atteint.
Le quatrième point sera sans doute le système de MNV (mesure, notification, vérification) qui vise à surveiller les activités de réduction du carbone. La Chine considère la lutte contre le changement climatique comme une tâche stratégique. De 1990 à 2005, les émissions de CO2 par unité du PIB de la Chine ont diminué de 46 %.Sur cette base, en2009, la Chine a annoncé une fois de plus qu'elle réduirait les émissions de CO2 par unité du PIB de 40 % à 45 % d'ici à 2020 par rapport à celles de 2005. Pour accomplir cette tâche ardue, des efforts vigoureux sont nécessaires. Incluses dans le Plan à moyen et à long terme de développement économique et social de la Chine, ces normes sont contraignantes, et l'exécution de ce plan est surveillée par des lois et les médias chinois. Le gouvernement chinois a également pris des mesures pour améliorer davantage les statistiques, la surveillance, l'examen et la publication des informations sur les émissions de CO2, de manière à renforcer la transparence et les échanges, le dialogue et la coopération à l'échelle internationale. Néanmoins, les pays développés, surtout les États-Unis, ne font pas confiance à la Chine et espèrent un mécanisme de surveillance. D'après un haut responsable chinois des affaires climatiques, si ce mécanisme était obligatoire, la Chine pourrait dans une certaine mesure, faire les concessions nécessaires, c'est-à-dire, accepter le système de MNV pour les réductions financées par la communauté internationale ; pour celles qu'elle financera elle-même, la Chine n'accepterait que les négociations internationales. Tout doit être discuté à Cancún.
La COP 16 dure 12 jours. Puisque chaque partie a ses propres intérêts, il est très difficile de prévoir le résultat final, mais l'espoir est indispensable. D'après M. Su Wei, chef adjoint et principalnégociateur de la délégation chinoise, la Chine attend un résultat réaliste pour ce qui est du cœur des problèmes, notamment la prestation de capitaux et de technologies. Elle souhaite que la COP 16 puisse aboutir à un résultat complet et équilibré, et qu'elle encourage la mise en place efficace, complète et durable de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique (CCNUCC) et du Protocole de Tokyo.
La Chine au présent |