Selon le Rapport de développement de Chine 2010 publié par la Fondation des Recherches de Développement de Chine, la Chine devra urbaniser 400 millions d'ouvriers paysans au cours des deux prochaines décennies. L'urbanisation d'un paysan coûtant 100 000 yuans, le gouvernement devra débourser 2 000 milliards de yuans chaque année. Ces investissements seront conjointement pris en charge par le gouvernement central, les gouvernements régionaux ainsi que le marché.
Le rapport, préparé par Yang Weimin, secrétaire général de la Commission nationale pour le développement et la réforme, et Cai Fang, directeur de l'Institut de recherche sur la population et l'économie de travail, indique que le taux d'urbanisation atteindra les 65 % en 2030 si l'on suit la tendance de développement du marché et qu'on élimine progressivement les obstacles dans le développement de l'urbanisation.
En 2009, le taux d'urbanisation de Chine est de 46,6 %, le plus rapide au monde. Jusqu'à présent, bien que 145 millions d'ouvriers paysans vivent et travaillent dans les villes, leurs garanties sociales, comme le revenu, l'éducation de leurs enfants, et le logement, sont inférieures à celles des urbains. Ils n'ont pas intégré la société urbaine.
Yang Weimin conclut que les paysans chinois restent en état de semi-urbanisation, et que cette situation exige de grandes améliorations.
Pour ce faire, il faut permettre aux ouvriers paysans travaillant et vivant depuis longtemps en ville, ainsi qu'à leur famille, d'obtenir l'état civil de la ville, pour jouir de tous les services publics et des droits politiques, tout en assumant les devoirs réservés aux habitants urbains.
Etendre les limites pour devenir un citadin
D'après Yang Weimin, au cours du processus d'urbanisation, il faut aider chaque année de nombreux ouvriers paysans à s'installer dans les villes. Selon le rapport, avec une vitesse d'urbanisation de 20 millions de personnes par an, 400 millions d'ouvriers paysans s'installeront de 2010 à 2030 dans les villes.
Yang suggère d'étendre les limites pour devenir un citadin. Auparavant, seuls les ouvriers paysans ayant remporté au moins un prix de niveau provincial avaient le droit de devenir citadin. D'après lui, les moyennes et petites villes et bourgs dans les régions du Centre, de l'Ouest ainsi que de l'Est devraient étendre les limites pour devenir un citadin. Et pour les grandes villes ou mégalopoles, les critères devraient être étendus en tenant compte de leurs capacités d'habitation.
Wang Mengkui, directeur du Conseil de la Fondation des Recherches de Développement de Chine, indique dans le rapport que l'urbanisation contribue fortement à la croissance rapide de l'économie chinoise et crée un vaste espace de développement à long terme pour l'économie du pays. « Une fois que les ouvriers paysans bénéficieront réellement des garanties sociales des citadins, cet élargissement de la population urbaine permettra la stimulation de la consommation ».
Selon Cai Fang, l'immigration de 1 % de la population rurale dans les villes, engendrerait une hausse comprise entre 0,19 % et 0,24 % de la consommation totale en Chine. Néanmoins, les ruraux n'ayant pas totalement accès aux services sociaux, la consommation reste majoritairement tirée par les habitants urbains.
Chi Fulin, directeur de l'Institut de recherche de réforme et de développement de Chine (Hainan), affirme que la libération du pouvoir d'achat de 700 millions de paysans est une solution efficace pour stimuler la consommation, étendre la demande intérieure et accélérer la transformation du mode de développement économique.
Par ailleurs, les descendants de la première génération des ouvriers paysans qui ont travaillé dans les villes des années 80 et 90 constituent actuellement la majorité des nouveaux ouvriers paysans. Cette nouvelle génération est plus cultivée, ce qui lui confère une plus grande vitalité.
Des difficultés sans précédent
Tout d'abord, l'urbanisation des ouvriers paysans requiert un grand investissement. Le rapport montre que l'immigration d'un paysan dans la ville coûte environ 100 000 yuans, soit 200 millions de yuans par an pour les 20 millions de paysans.
Selon les sources officielles, de 1999 à 2007, la superficie des villes chinoises a augmenté de 7,2 %, alors que la population urbaine ne s'est élevée que de 4 %.
Pour Cai Fang, la densité de la population des villes baisse. Il faut l'augmenter, notamment dans les zones où les terres sont rares.
Selon les données publiées dans le rapport, on dénombre actuellement en Chine 1,8 million de km2 qui s'adapte à l'industrialisation et à l'urbanisation. Après avoir ôté les terres labourées et l'espace déjà utilisé, la superficie des terres exploitables n'atteint que 280 000 km2, soit 3 % de la superficie du pays.
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