La dernière réalisation de Zhang Yimou, une simple histoire d'amour durant la Révolution culturelle, dévoile la sensibilité du cinéaste chinois.
Mike Fuksman
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Le réalisateur Zhang Yimou, avec les deux stars de Sous l'aubépine, à Hawaii le 14 octobre 2010. Le film a été présenté pour la première fois au festival international du film d'Hawaii, du 14 au 24 octobre, aux Etats-Unis (XIE XIUDONG) |
Si Zhang Yimou est plus connu pour ses spectaculaires scènes de combat, comme dans Le secret des poignards volants ou Héros, son dernier opus, Sous l'aubépine, n'en demeure pas moins impressionnant.
Ayant pour toile de fond l'époque troublée de la Révolution culturelle (1966-76), ce film a été qualifié de plus "simple" aventure cinématographique du réalisateur chinois. La simplicité d'une romance raffinée, qui explore la naïveté et le drame des amours adolescentes.
Jing Qiu, professeur en formation, se rend à Xicunping, petit village de la province chinoise du Hubei, afin de se rééduquer auprès des paysans. Mais la belle citadine va bientôt recevoir un autre type d'éducation, lorsqu'elle rencontrera Sun Jianxin, étudiant en géologie.
Le bel adolescent tombe immédiatement sous son charme, et tente plusieurs fois de l'approcher. La jeune et innocente Jing Qiu s'en trouve à la fois surprise et enchantée. Mais elle se retrouvera vite coincée entre son désir d'amour et la discrétion de rigueur durant cette période de l'histoire chinoise.
Lorsque Jing Qiu devra retourner dans sa famille, les deux adolescents se jureront fidélité devant un parterre d'aubépines, symbole du petit village.
Evidemment, l'amour est toujours contrarié. L'éducation stricte de Jingqiu lui interdit toute relation avec un homme. Sa maman aura bientôt vent de l'idylle, et forcera sa fille à rompre. Docile, elle se soumettra, mais ses sentiments la rattraperont, et des rumeurs sur la santé de Sun finiront d'achever la jeune fille.
En donnant le premier rôle à une parfaite inconnue, Zhou Dongyu, Zhang Yimou a réalisé un coup de maître. La naïveté et la tendresse de cette collégienne de 17 ans n'ont rien d'artificiel. Ce sont les émotions authentiques d'une jeune fille tombant amoureuse pour la première fois.
Ainsi, elle a facilement su convaincre les spectateurs, qui se sont retrouvés dans ses hésitations et son embarras face aux avances de Sun. Sa quête du Bonheur et de l'amour véritable inspire autant qu'elle bouleverse, notamment quand elle réalise que son enfance protégée ne l'a pas préparée aux affres des amours impossibles.
La performance de Dou Xiao impressionne tout autant. Il incarne à merveille cet adolescent se jetant à corps perdu dans le flot de ses sentiments.
Avec ce retour à un cinéma plus simple, nul doute que Zhang Yimou saura faire taire les critiques qui lui reprochaient la grandiloquence de ses dernières productions. A travers sa caméra, de simples objets du quotidien, un lavabo ou une ampoule, se chargent instantanément d'amour. Les demi-teintes choisies par le directeur de la photographie Zhao Xiaoding tamisent cette aventure intime, sur laquelle flotte la partition épurée de Chen Qigang.
Le film a été inspiré d'une nouvelle d'Ai Mi, d'abord publiée sur internet. Et cette romancière chinoise s'est appuyée sur une réelle histoire d'amour vécue durant la Révolution culturelle.
Le jeune public éprouvera sans doute quelques difficultés à s'identifier aux personnages, dont la retenue et la timidité n'ont plus cours aujourd'hui. Mais c'est bien là la force de ce film : nous plonger dans une histoire amoureuse en pleine période répressive. La solidité des sentiments liant Jing Qiu à Sun, un modèle dont nos "petits empereurs" feraient bien de s'inspirer…
Beijing Information
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