Le 5 février, le Groupe Lenovo a annoncé son résultat commercial du quatrième trimestre de 2008, laissant apparaître un déficit net de 97 millions de dollars (76,84 millions d'euros). Face à la situation défavorable, Lenovo a finalement décidé de reconstituer le cerveau de l'entreprise. Son fondateur Liu Chuanzhi, connu comme le père du secteur informatique en Chine et âgé de 65 ans, occupe de nouveau le rôle du Président du conseil d'administration, tandis que son prédécesseur Yang Yuanqing est désigné PDG.
Ebranlée par le souffle de la crise financière, l'entreprise affronte de nombreuses difficultés. Le père du constructeur informatique joue son va-tout, et précise résolument que la voie d'internationalisation du groupe ne connaîtra pas de tournant.
Quelques obstacles au succès de la stratégie internationale
« Les problèmes financiers de Lenovo résultent principalement de la crise économique mondiale », a fait remarquer M. Liu. « Si les grandes entreprises veulent réduire le prix de revient, l'une des premières actions qui s'impose est d'interrompre les investissements dans le secteur informatique, avant de procéder à une réduction du personnel. Etant donné que les grandes entreprises sont les principaux clients de notre société, nous subissons de fortes retombées provenant de la crise financière. »
« Nous devrions nous pencher sérieusement sur la question de notre stratégie commerciale et attacher davantage d'importance au marché chinois et aux zones à fort potentiel de développement », a-t-il estimé.
Le rachat du constructeur IBM est dans une certaine mesure le passage de l'entreprise chinoise à une dimension internationale. « Une fois sur les rails de l'internationalisation, nous enregistrons de fortes pertes sur le marché américain, tandis que nos affaires en Chine restent relativement stables» a-t-il ajouté.
« La route sera dure pour toutes les entreprises chinoises qui décident de s'internationaliser. Ce développement peut prendre deux formes : vendre leur propres produits sur les marchés extérieurs ou acheter des marques étrangères. Avant la crise financière, le chiffre d'affaire du groupe avait atteint 16,9 milliards de dollars (13,39 milliards d'euros) en 2007, avec des profits de 460 millions de dollars (364,5 milliards d'euros) », a dit M. Liu. « En fait, notre développement sera fort complexe après le rachat de nouvelles marques. Il est possible que les consommateurs étrangers ne reconnaissent pas cette nouvelle marque. Après d'inlassables efforts, la marque ThinkPad est enfin acceptée. Cela n'a néanmoins pas été chose facile ».
« Nos principaux obstacles à l'heure actuelle sont le choc culturel et les langues étrangères », a reconnu Liu Chuanzhi. « Heureusement, l'entreprise ne s'est pas effondrée face à la bourrasque, grâce à nos fondations déjà bien consolidées et à nos capacités d'anticipation. C'est ainsi que nous avons pu réajuster à temps notre stratégie internationale. Il est indéniable que nous sommes les premiers à être touchés par la crise financière, cependant cela ne signifie pas pour autant que nos résultats en dehors de Chine soient responsables de cela ».
Garder le cap sur l'internationalisation
Aux yeux de certains médias, la stratégie internationale du constructeur informatique chinois est déraisonnable et disperse les forces de l'entreprise, à la racine des difficultés actuelles. Pour Liu Chuanzhi, c'est une analyse différente des rêves et recherches de la société. « J'espère que Lenovo deviendra une grandiose entreprise internationale », a-t-il déclaré.
« A vrai dire, nous avons découvert peu de lacunes quant à notre stratégie de développement avant l'irruption de la crise financière. En effet, les grandes entreprises internationales qui sont nos principaux consommateurs et représentent 60 %-70 % du chiffre d'affaires de notre société, sont les premières à subir le choc de la crise. Pour le développement d'une entreprise, la clairvoyance des décisions stratégiques est indispensable, dont la rectification est pour le moment un vrai casse-tête, qui concerne non seulement la vente, mais également le renouvellement d'un système comprenant la R&D, les recherches, les achats et les chaînes d'approvisionnement. Sur le marché outre-mer, Lenovo a beaucoup de choses à apprendre et doit s'adapter, en découvrant ses points faibles face à une rude concurrence. Pour cela, nous devrons faire preuve d'audace », a résumé M. Liu.
Selon lui, le but et l'orientation du groupe Lenovo ne changeront pas d'un iota : devenir une grande entreprise multinationale. Cependant, pour réaliser ce rêve, il devra réfléchir à une nouvelle voie en fonction de l'évolution de l'économie mondiale. Quant aux perspectives d'avenir, le fondateur de la marque a précisé : « Il faut maintenir la position actuelle, en gardant des reins solides sur le marché occidental où les ordinateurs commerciaux sont le centre d'intérêts de nos affaires. Les chaînes d'approvisionnement doivent cibler principalement nos clients traditionnels, ce qui facilitera la réduction des coûts de production et accroîtra notre efficacité.»
Parallèlement, il a souligné que le constructeur se focalisera davantage sur les marchés émergents que sont les marchés chinois, indiens, russes et brésiliens. « Les produits à usage individuel auront un fort potentiel. Si nous souhaitons consolider notre position face à la crise mondiale, nous devrons davantage nous attacher aux marchés émergents, la Chine par exemple. Ainsi, quand la tempête financière se sera calmée, nous pourrons mobiliser suffisamment de forces pour nous introduire dans les pays développés et vers de nouveaux domaines », a-t-il conclu.
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