Le Sagya Dawa – une fête millénaire – est la commémoration de la naissance du bouddha Sakyamuni pour les Tibétains lamaïstes en même temps que de son éveil et de sa mort. Le 8 du quatrième mois du calendrier tibétain, lamas et laïques célèbrent le Sagya Dawa dans les volutes d'encens. Les fidèles, un moulin à prière à la main, circulent dans les rues, ajoutent des branches de cyprès ou des feuilles aromatiques d'armoise dans les foyers en plein air construits de pierres mani. Passant devant le Potala, ils se découvrent et se prosternent. L'après-midi, les foules affluent au Norbulinka et dans les autres parcs pour canoter, chanter et danser. Cette date commémore aussi l'anniversaire de l'arrivée au Tibet de la princesse Wencheng de la dynastie des Tang, dont le mariage avec le roi tibétain scellait l'alliance entre les Tibétains et les Han.
Un jour de fête sur la prairie. (Lao Du)
Le Dawa se célèbre le 14 du sixième mois lunaire. Les gens se rassemblent pour des courses de chevaux ou de yacks et des compétitions de tir à l'arc à dos de cheval. Hommes et femmes y participent dans un grand enthousiasme mais les concurrents sont surtout de jeunes hommes. Des prix sont remis aux gagnants. Cette fête est associée à une grande foire de produits agricoles et d'élevage.
Le 30 du sixième mois a lieu le Xodoin (banquet de yaourt en tibétain), qu'on voit aussi écrit Xuedun ou Shoton. Le Xodoin était dans l'antiquité une célébration à caractère religieux ; depuis le XVIIe siècle, il englobe des spectacles d'opéra tibétain qui durent deux ou trois jours. Les gens venus de loin installent leur tente sur les prés, où ils dorment et prennent leurs repas pendant les cinq jours de la fête. À cette occasion on procède à l'exposition du grand tanka du Bouddha, qui sort de son armoire une fois l'an. L'immense tapisserie est portée par une centaine de lamas, puis déroulée sur la colline pour que les fidèles puissent la contempler. Le son des trompettes retentit, solennel et imposant, et la colline se couvre de fumée d'encens. L'exposition ne dure que quelques heures pendant lesquelles on dépose des hada autour de l'image sacrée. Tout le monde est calme et souriant, et les Trashidele (Dieu vous bénisse) sont sur toutes les lèvres.
Le grand tanka du Bouddha exposé dans la fumée d'encens. (Lisa Carducci)
Pourquoi le yaourt ? Selon les règles de la secte des Bonnets jaunes du lamaïsme, du quatrième au sixième mois, il est interdit de tuer une être vivant. Les moines jeûnent donc pendant plusieurs semaines. Après 1642, le monastère de Drepung est devenu le centre politique, religieux et culturel du Tibet, et le 30 du sixième mois, des milliers de fidèles accouraient au monastère offrir du yaourt aux moines et demander leur bénédiction. Des troupes de théâtre et de danse de yacks venaient donner des représentations. Ce serait, dit-on, l'origine de cette fête.
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