La secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. (Xinhua) |
La nouvelle secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a décidé de visiter le Japon, l'Indonésie, la Corée du Sud et la Chine du 15 au 22 février. C'est sa première série de visites à l'étranger après sa nomination. Le 13 février, Tao Wenzhao, chercheur de l'Institut des Etudes sur les Etats-Unis de l'Académie des Sciences sociales de Chine, a accepté l'interview de l'agence de presse Xinhua et a exprimé ses points de vue sur la visite de Mme Clinton.
Agence de presse Xinhua : Mme Clinton a choisi l'Asie orientale pour sa première série de visites à l'étranger, quelle signification revêt cette initiative ?
Tao Wenzhao : Le Japon est l'un de ses principaux pays alliés dans la région Asie-Pacifique ; la Corée du Sud est son allié durable ; l'Indonésie est le plus grand pays musulman au monde et le lieu où Barack Obama a passé ses plus jeunes années. Les relations sino-américaines constituent les plus importantes relations bilatérales au XXIe siècle, il existe un vaste espace de coopération dans les secteurs tels que la crise financière mondiale, la sécurité et le changement climatique, entre autres.
La date de la visite de Mme Clinton en Chine, dernière station de sa tournée, est fixée du 20 au 22 février. Le gouvernement américain a attaché une grande importance à cet itinéraire. Il aidera à créer une meilleure atmosphère pour la communication entre les deux pays si Mme Clinton parvient à tirer le bilan de ses trois haltes précédentes et le communiquer à la Chine. De plus, ce sera la première rencontre directe entre un haut fonctionnaire du gouvernement Obama et des dirigeants chinois, symbole du droit chemin que prennent les relations sino-américaines. La visite de la secrétaire d'Etat américaine établit par ailleurs un socle pour l'entretien entre le président chinois M. Hu Jintao et M. Barack Obama lors du sommet du G20 qui se tiendra à Londres au mois d'avril prochain.
Quels sont les principaux thèmes de conservation qui seront à l'ordre du jour de Mme Clinton lors de la rencontre ?
La crise financière mondiale restera l'un des principaux sujets lors de la rencontre. La Chine est le plus grand détenteur des bons du Trésor américain ; les deux pays doivent renforcer leur coopération afin de surmonter la crise financière.
Un nouveau thème de coopération surgit : le changement climatique. Ils ont déjà discuté de la coopération en matière d'énergie et de protection de l'environnement lors des quatrième et cinquièmes dialogues économiques stratégiques sino-américain et ont signé un accord-cadre de dix ans dans les deux domaines. Aux yeux de l'équipe Obama, l'envergure de coopération n'est pas suffisante. C'est ce qui nous motive à faire preuve d'optimisme pour le développement de la coopération sur le plan de la lutte contre les changements climatiques.
De surcroît, la nouvelle secrétaire d'Etat américaine ne néglige pas d'évoquer les droits de l'homme qui sont une composante de la diplomatie américaine. Néanmoins les droits de l'homme dont nous parlons aujourd'hui sont différents de ceux des années 1990. A cette époque, de nombreux Américains avaient critiqué la Chine sur ce sujet et avaient considéré cet aspect comme le reflet des relations sino-américaines. C'est pourquoi le gouvernement Clinton avait tenté de relier le traitement de la nation la plus favorisée avec le problème des droits de l'homme. En conséquence, une grande contradiction planait sur les relations sino-américaines. Actuellement, la population américaine et la communauté internationale apprécient de plus en plus les efforts de la Chine dans ce domaine. Bien que des divergences puissent subsister à long-terme, elles n'influenceront pas le développement des relations de coopération constructive et des partenariats dans d'autres secteurs.
Le problème nucléaire en Corée du Nord attire également l'attention des deux pays. Bien que nous n'ayons pas réalisé l'objectif d'une péninsule coréenne dénucléarisée, les pourparlers à six sont déjà en bonne voie pour le moment. Mme Clinton discutera certainement avec le Japon, la Corée du sud et la Chine afin d'œuvrer à la progression de cette négociation.
Elle mentionnera également la question de Taiwan, car le maintien d'un détroit de Taiwan pacifique et stable est bénéfique pour les deux pays.
En raison des ventes d'armes d'une valeur totale de 6,4 milliards de dollars à Taiwan l'année dernière, la Chine a suspendu le dialogue militaire avec les Etats-Unis. La reprise immédiate des échanges entre les armées chinoises et américaines ne serait pas souhaitable du simple fait de la visite de Mme Clinton, mais ceux-ci pourraient être renouvelés à court terme.
Le gouvernement Obama a employé un nouveau ton de multilatéralisme qui encourage les autres grands pays à assumer leur part de responsabilité pour les dossiers régionales et internationales. Quel genre d'obligation Mme Clinton « sous-traitera »-t-elle à la Chine ? Faudra-t-il que la Chine garde sa vigilance?
Le vice-président américain Joseph Biden a déclaré le 7 février lors de la 45e conférence sur la sécurité de Munich que les Etats-Unis vont contacter, écouter, consulter, abandonner la politique de l'unilatéralisme et assumer leurs responsabilités. Les Etats-Unis espèrent que leurs alliés et partenaires coopératifs feront davantage d'efforts.
La Chine a depuis toujours rempli ses responsabilités en matière de lutte contre la crise financière mondiale, de lutte contre le terrorisme et de la non-prolifération des armes nucléaires. La Chine prend une part active à la résolution de la question de l'Iran et de la question nucléaire de la Corée du Sud. C'est notamment dans ce domaine que le précédent gouvernement de G.W Bush avait vivement apprécié les efforts du gouvernement chinois. Quant aux nouvelles responsabilités que devra assumer la Chine, celles-ci devraient être définies dans un proche avenir.
D'une part, les responsabilités de la Chine dans les affaires régionales et internationales doivent être mesurées selon la puissance nationale. D'autre part, suite à la croissance de ses forces générales, la Chine endossera de plus en plus de responsabilités, ce qui est l'un des souhaits de la communauté internationale.
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