Yao Jingyuan, économiste en chef du Bureau national des Statistiques. (Baidu)

L'économie chinoise a traversé une année agitée en 2008 et est confrontée à de nombreux facteurs d'incertitude en 2009. Yao Jingyuan, économiste en chef du Bureau national des Statistiques, a prononcé un discours lors de l'édition 2009 du Forum de la Chine sur les regroupements d'entreprises au sein du secteur minier, le 10 janvier à l'Université de Tsinghua. Cette allocution présentait les risques auxquels la Chine est confrontée et les facteurs positifs qui demeurent dans le développement de l'économie chinoise. Extraits choisis :

Retombées plus importantes

L'incidence de la crise financière mondiale sur l'économie chinoise est patente, ce qui s'est nettement reflété sur ses exportations. Au premier semestre de 2008, les exportations vers les Etats-Unis qui ont augmenté 8,9 %, première croissance à un chiffre depuis bon nombre d'années. Cela fut une première exception. Au mois de novembre 2008, les exportations de la Chine connurent leur première chute depuis plus de sept ans.

Nous devons toujours garder en mémoire le rôle que jouent les importations et les exportations dans l'économie chinoise. En 2007, l'import-export de la Chine représentait une part d'environ 40 % du PIB national. Cela revient à dire que les diminutions en matière d'import-export étaient fortement liées à l'économie nationale.

La réduction des exportations qui était directement liée à la production industrielle, pourrait au bout du compte ralentir l'allure du développement macroéconomique. La croissance des revenus fiscaux du pays a subi des baisses trimestrielles consécutives, soient 35,5 % au premier, 31,4 % au deuxième et 10,5 % au troisième.

Dans une certaine mesure, l'économie chinoise affronte un risque de rétraction.

S'il convient de reconnaître les grandes difficultés auxquelles nous sommes confrontés, je reste convaincu que l'horizon général de l'économie chinoise n'a pas radicalement évolué.

Les performances de l'économie chinoise dépendent dans l'ensemble de quatre indicateurs macroéconomiques, soient respectivement les taux de croissance du PIB, d'emploi, d'inflation tout comme la balance des paiements internationaux.

De janvier à septembre de 2008, le PIB de la Chine a maintenu une croissance de 9,9 %, soit une baisse de 2,3 points de pourcentage par rapport à la même période en 2007. Néanmoins, en comparaison avec la croissance annuelle moyenne du PIB national enregistrée de 1978 à 2007 qui était supérieur à 9,8 %, cet indicateur était légèrement supérieur.

Quant à l'emploi ou au taux de chômage, nous avions créé dans les trois premiers trimestres de l'année dernière 9,36 millions de nouveaux postes. Par cela nous avons quasiment rempli l'objectif annuel fixé, la création de 10 millions de nouveaux emplois. C'est vraiment un grand succès sous cette tempête financière mondiale.

Sur le plan du taux d'inflation, les prix sur le marché chinois avaient augmenté jusqu'à leur sommet en 2007 et 2008, au terme d'une décennie, cependant le rythme de croissance de l'IPC avait ralenti dès le deuxième semestre de 2008. On pouvait par ailleurs observer une chute sensible en novembre. Par conséquent, l'inflation ne posera pas problème en cette nouvelle année. Le dossier le plus important sur ce point est le maintien d'une croissance économique stable malgré l'aggravation de la crise extérieure qui aura à l'avenir des retombées négatives sur l'économie nationale.

En ce qui concerne la balance des paiements internationaux du pays, son énorme excédent commercial et le déséquilibre des paiements internationaux, auxquels s'ajoutent les liquidités excédentaires qu'ont apporté les deux premiers phénomènes, le résultat est que ceux-ci ont accablé la Chine pendant des années. Bien que son escalade se poursuive, le taux de croissance du surplus commercial a déjà ralenti sa tendance haussière en 2008. Les trois premiers trimestres de l'année passée, l'excédent du commerce extérieur a connu une chute de 4,7 milliards de dollars par rapport à la même période de l'année 2007.

Le socle de l'économie chinoise n'a pas changé et des facteurs favorables tels que l'industrialisation, l'urbanisation, la marchandisation et l'internationalisation ont joué le rôle de pivots pour sa croissance.

L'industrialisation en Chine s'améliore à un rythme rapide, mais le pays reste encore loin de l'industrialisation totale. Pour de nombreuses années à venir, l'industrialisation restera un soutien de poids pour le développement de l'économie chinoise.

Un autre facteur non négligeable est celui de l'urbanisation. Aux premières heures de l'ouverture et de la réforme, la population urbaine de la Chine ne s'élevait qu'à 170 millions de personnes. Désormais, on compte en Chine 570 millions de citadins. Le taux d'urbanisation de la Chine s'élève maintenant à 44,9 %, soit 45 points de pourcentage en deçà de celui des pays-développés et 4 points de pourcentage en dessous de la moyenne mondiale. L'urbanisation de la Chine qui sera un moteur puissant pour accélérer le développement économique du pays recèle un vaste espace de perfectionnement.

Nous avons souligné que nous devons avoir confiance dans l'économie chinoise. Cette confiance provient tout d'abord de notre maîtrise des fondamentaux économiques de la Chine et ensuite des mesures de relance économiques lancées par le gouvernement central en novembre dernier.

Vu la complexité actuelle de la situation, nous devons rester confiants, mais également être davantage conscients des risques et des difficultés qui nous attendent.

Beijing Information