Les profits volatiles des centrales énergétiques |
La hausse des cours de la houille a des retombées négatives sur les bénéfices des centrales à charbon. D'aucunes ont même été contraintes de mettre la clef sous la porte. Tan Wei Si la recrudescence du prix de l'électricité n'était pas accompagnée de l'envolée des prix du pétrole, la pérennité des centrales énergétiques ne pourrait être garantie. Tel est le credo commun des centrales énergétiques chinoises à l'heure actuelle. Le 6 mai, lors d'une conférence de travail de la Commission d'Etat de Régulation du Secteur Electrique (CERSE), les cinq plus grandes centrales énergétiques du pays ont déclaré d'une même voix que le seuil actuel des prix de l'électricité avait mis en péril leur fonctionnement. Liu Bo, directeur adjoint des activités de China Huaneng Group, avait précisé que 60 % des centrales thermiques de l'entreprise d'une capacité de production supérieure ou égale à 300 000 kilowatts fonctionnaient à perte. Parallèlement, le déficit d'autres protagonistes du secteur tels que China Datang Group (CDC), les SA China Power Investment et China Huadian (CHC), ainsi que la SA China Guodian (CGC) s'échelonnait au premier trimestre entre 400 millions de yuans (37,042 millions d'euros) et 900 millions de yuans (83,34 millions d'euros). « C'est la première fois en cinq ans que nous enregistrons des pertes », a déclaré Fang Xiao. « Plus nous produisons d'électricité, plus nos profits se volatilisent », s'est alarmé Wang Xinan, directeur adjoint de CDC. Au premier trimestre 2008, la quantité d'énergie transformée par l'entreprise avait augmenté de 25 % par rapport à l'année précédente, plus sombres étaient les 813 millions de yuans (75,29 millions d'euros) de pertes pour la même période. Zhang Yao, doyen de l'Institut de Génie Electrique rattachée à l'Université de technologie de Chine méridionale, dévoilait le 25 avril son analyse au quotidien cantonais Information Times, prévoyant que les pertes subies au premier trimestre n'avait pas uniquement affecté les cinq plus grandes centrales énergétique du pays et s'étaient étendues au secteur dans son ensemble. Des données recueillies par la Commission nationale à l'électricité indiquent que lors des deux premiers mois de l'année, les marges des centrales thermiques ont dégringolé de 75,89 %. Parmi les 4 773 centrales électriques dont le chiffre d'affaire annuel dépasse 5 millions de yuans (463 000 euros), 41,69 % de ces dernières, soit 1990 centrales énergétiques, affichaient des moins-values. Liu Zhenqiu, directeur adjoint du Service de contrôle des prix de la Commission nationale pour le développement et la réforme (CNDR) avait indiqué au quotidien Economic Information Daily (affilié à Xinhua) que les centrales énergétiques chinoises consomment près de 50 % des réserves nationales de charbon. Cependant, ces dernières années, les cours du charbon sur le marché national ont grimpé chaque année de 10 % en moyenne. Les informations communiquées par le CERSE font état de l'évolution des cours du charbon, évoluant de 281 yuans (26,02 euros) en 2006 à 304 yuans (28,15 euros) par tonne en 2007, entraînant l'année dernière une augmentation de 29,4 milliards de yuans (2,72 milliards d'euros) pour les coûts du fioul dans les centrales énergétiques. Le gouvernement avait procédé à la dernière hausse des prix de l'électricité le 30 juin 2006—la seconde majoration étant imputable à la flambée des prix du charbon. La conjoncture du marché charbonnier du Shanxi, première province productrice du pays, atteste du fait que les cours du minerai connaîtront une nouvelle revalorisation, entre 50 et 70 yuans par tonne (4,63 et 6,48 euros). « De nombreuses centrales énergétiques sollicitent une majoration des prix de l'électricité, néanmoins nous devons également prendre en compte la fulgurante hausse de l'IPC depuis le début de l'année. Si nous réévaluons cette année les prix de l'électricité, cela pourrait fortement entraver notre mission de régulation des prix », a fait partager Xu Zhimin, inspecteur du Service des activités économiques de la CNDR. L'incidence sur la troisième phase de hausse des cours du charbon et de l'électricité, sera son ajournement pur et simple. Zhang Qi, consultant spécialisé dans l'analyse de l'industrie houillère qui travaille pour le compte de la SARL Orient Securities, précise qu'il existe deux raisons principales de la dernière envolée des cours du minerai. D'une part, cela est dû à l'amélioration par le gouvernement des conditions de sécurité dans les mines. Celui a poursuivi son argumentation en témoignant que de nombreuses mines dangereuses ont été fermées, par ailleurs des quotas de production dans les zones rurales ont restreint la capacité d'autres installations. D'autre part, la région du Sichuan, dévastée par le séisme a cessé toute activité dans les mines, ce qui a accentué la pénurie de charbon dans le pays. Des éléments factuels fournis par la SARL Ping An Securities révèlent que cette pénurie de charbon sur le marché national est quantifiée à 40 millions de tonnes. Le pic de consommation électrique imminent et l'exigence de sécurisation des installations énergétiques lors des Jeux olympiques. A cet effet, le CNDR a intimé les centrales énergétiques à tenir un inventaire des réserves houillères à des seuils qui puissent permettre de répondre à la demande pour deux semaines, au lieu d'une initialement. La demande de charbon des centrales énergétiques devrait logiquement augmenter. Zhao Xinyan, vice-président de la CGC, a répété que conformément aux exigences gouvernementales, les plus grandes centrales énergétiques appartenant à l'Etat garantiraient une fourniture continue en électricité, malgré de maigres profits. Confrontées à la coercition du niveau élevés des cours de la houille, les petites centrales énergétiques pourraient être acculées par une absence de fonds pour acquérir les minerais indispensables à la production d'électricité. Afin de résoudre le problème actuel de la carence en houille pour la production d'électricité, la CNDR poursuit sa quête de canaux permettant de garantir la fourniture continue de ressources houillères, a indiqué Xu. Cela permettra de superviser tout d'abord l'efficacité des contrats stratégiques signés entre les mines de charbon et les plus grandes centrales énergétiques, étant donné que les prix du charbon prévus dans ces contrats seront inférieurs aux prix du marché. Parallèlement, la CNDR souhaite dans la volée que les entreprises du secteur houiller puissent juguler efficacement les hausses de prix, le cas échéant, de nouvelles dispositions de lois seraient entérinées. Zhu Baoliang, directeur adjoint du Service de prévision économique du Centre d'informations d'Etat, a également ajouté que le gouvernement envisagerait d'opter pour une solution alternative. Ses recherches portent pour le moment sur les prix de l'électricité à l'achat des sociétés chargées de la distribution tout en conservant le niveau des prix à la consommation. Cela pourrait permettre aux sociétés de transport de l'énergie électrique de bénéficier de subventions, a-t-il reconnu dans un communiqué de l'agence officielle Xinhua. Cependant, l'utilisation de ce procédé se ferait en dernier recours car ce procédé ne s'inscrit pas en phase avec le respect d'une économie de marché, a-t-il dévoilé. |