La Chine et l'UE des « voisins éloignés » selon un vice-Premier ministre chinois |
Le vice-Premier ministre chinois, Wang Qishan, a déclaré que la Chine et l'Union européenne devraient adopter une attitude responsable et montrer leur engagement commun et résolu contre le protectionnisme lors du deuxième dialogue économique et commercial de haut niveau entre la Chine et l'UE. Ses commentaires furent publiés dans un article intitulé « Des voisins éloignés » paru le 5 mardi dernier dans le New York Times. Ci-après la version intégrale de l'article :
La tâche la plus urgente que doivent entreprendre les divers pays du monde est de rétablir la croissance économique dès que possible. Cependant, il est assez préoccupant d'observer que le regain de protectionnisme ait encore affaibli les perspectives déjà fragiles de l'économie mondiale. La Chine et l'Union européenne, qui sont les deux principales économies et les principales parties prenantes à l'échelle mondiale doivent, lors du deuxième dialogue économique et commercial de haut niveau entre la Chine et l'UE, adopter une attitude responsable et montrer leur engagement commun et résolu contre le protectionnisme. La libéralisation des échanges commerciaux constitue le moteur de la croissance économique. Celle-là a joué un grand rôle en tant qu'artisan de la mondialisation économique et a été bénéfique pour la population mondiale. A l'inverse, le protectionnisme commercial- dont la recherche de bénéfices de la part d'un pays au détriment d'autres pays- ne pourra mener qu'à des mesures de rétorsion. Cela dessert les intérêts de tout un chacun. L'économie mondiale avait versé un lourd tribut en raison de la prédominance du protectionnisme commercial lors de la Grande dépression des années 1930, qui aboutit sur la contraction des deux tiers du commerce mondial. Nous devrions veiller à ne pas réitérer de telles erreurs. L'Europe est le berceau de la théorie du libre échange commercial et l'Union européenne est un exemple de la pratique réussie du libre échange. La disparition des barrières commerciales a promu la formation du marché unique européen, accroissant le progrès et la prospérité en Europe. De ce fait, l'UE est de nos jours devenue la plus grande économie mondiale. La Chine reste résolument engagée sur la voie de la réforme et de l'ouverture. Depuis son entrée à l'Organisation mondiale du commerce, le marché chinois est devenu de plus en plus ouvert, son commerce se libéralisant dans une grande envergure. Le niveau tarifaire national ne s'élève qu'à 9,8 %. Le niveau tarifaire moyen appliqué aux produits industriels ne dépasse pas 8,9 %, soit le taux le plus bas parmi les pays en développement. Celui s'appliquant aux produits agricoles importés ne se situe qu'à 15,2 %, ce qui le place non seulement en dernière file des pays en développement sur ce sujet mais qui est également largement inférieur à celui de nombreux pays développés. L'ouverture du commerce des services en Chine avoisine désormais le niveau d'un pays moyennement développé. La Chine a entrepris des initiatives progressives dans l'optique d'améliorer son système juridique et son système d'économie de marché. Elle a notamment réalisé des progrès remarquables dans les domaines de la protection des droits de propriété intellectuelle, de la qualité des produits et de la sécurité alimentaire, de la protection de l'environnement et la sécurité au travail. Notre pays a également initié des actions concrètes de lutte contre le protectionnisme commercial- le gouvernement central a récemment dépêché des missions d'achat en Europe et aux Etats-Unis. Les économies de Chine et de l'UE ont de nombreuses choses à partager et notre commerce bilatéral recèle un très grand potentiel. L'UE est désormais le premier partenaire commercial de la Chine, qui elle-même forme le second partenaire commercial de l'UE. La Chine et l'UE devraient utiliser pleinement la plate-forme formée par le dialogue économique et commercial de haut niveau afin de consolider la communication et la coopération, tout comme pour lutter conjointement contre le protectionnisme commercial. Cela nous permettrait de mieux affronter la crise actuelle et de promouvoir la relance économique et la croissance. Cela pourrait également renforcer la tendance à la mondialisation économique et favoriser le prolongement de la croissance du commerce bilatéral. Les deux parties devraient œuvrer activement à l'application du consensus auquel elles sont parvenues lors du Sommet du G20 à Londres et à promouvoir une issue précoce, intégrale et équilibrée du cycle de négociations de Doha et soutenir un régime commercial international qui soit ouvert, juste et équitable. Une conclusion anticipée du cycle des négociations de Doha revêt une importance symbolique en vue de restreindre le protectionnisme. Les deux parties devraient poursuivre l'ouverture réciproque de leurs marchés. La Chine continuera de diminuer le seuil d'accès au marché, d'améliorer l'environnement commercial et d'investissement et d'encourager les entreprises chinoises à accroître leurs acquisitions et importations en provenance d'Europe. Nous espérons que l'UE assouplira ses restrictions relatives à l'exportation de produits de haute technologie en Chine, de faire valoir la coopération sino-européenne pour le progrès et l'application des énergies propres, nouvelles et renouvelables et soutiendra la coopération entre les PME des deux continents. Parallèlement, nos deux parties devront amplifier leurs efforts pour mettre à jour l'Accord de coopération commerciale et économique entre la Communauté économique européenne et la République populaire de Chine. Les deux parties devraient travailler en conservant un esprit coopératif et résoudre de façon idoine les différends et les litiges commerciaux. Chaque partie doit prendre correctement en charge ses propres intérêts. Cependant, l'essentiel est que chaque partie s'adapte aux inquiétudes de l'autre, prenne pleinement en compte ses circonstances nationales et son état de développement et élargisse progressivement l'étendue de nos intérêts communs. Nous devrons raffermir le dialogue et la consultation, nous abstenir de prendre des mesures protectionnistes et de politiser des litiges commerciaux. La Chine espère que l'UE évaluera la situation économique de la Chine de manière objective et impartiale et qu'elle reconnaîtra dès que possible le passage de l'économie chinoise à l'économie de marché totale. La libéralisation des échanges commerciaux, que ce soit par le passé, le présent et l'avenir, reste la seule voie menant à la prospérité économique mondiale. La partie chinoise est prête à œuvrer avec l'UE et à entreprendre des mesures efficaces pour lutter contre le protectionnisme, promouvoir davantage la croissance du commerce Chine-UE et permettre ensemble à l'économie mondiale de sortir au plus tôt des difficultés actuelles.
Beijing Information |