Mes chers amis,
Nos sociétés seront confrontées à des problèmes croissants, si nous ne sommes pas en mesure de rétablir la justice pour ceux dont on nie la dignité ou les droits fondamentaux. Depuis trente ans, la croissance économique mondiale, s'est accompagnée d'un creusement massif des inégalités. J'ai souvent condamné cette situation et j'ai proposé des solutions pour y remédier. En France, à Bruxelles, au G8, aux Nations Unies, dans tous les sommets internationaux, je n'ai cessé de plaider en faveur de la solidarité et pour une mondialisation maîtrisée qui ne laisse personne sur le bord du chemin.
On faisait alors savoir que la pauvreté absolue se réduirait avec le progrès économique, et bien ce n'est plus le cas aujourd'hui. La crise va replonger dans la pauvreté des millions de personnes qui venaient à peine de s'en libérer, 1 % de croissance en moins dans les pays en développement, c'est 20 millions de pauvres en plus. Cela représente pour des dizaines de millions de familles, notamment en Afrique, un immense retour en arrière. Les conséquences sont tragiques pour les plus faibles. Les organisations internationales estiment aujourd'hui que 100 millions de personnes sont menacées de malnutrition en raison de la crise et de la hausse des prix alimentaires, 100 millions de personnes.
Beaucoup de ménages sont obligés de réduire leur budget d'alimentation et leur budget de santé qui sont les deux premiers postes de dépenses des familles dans les pays les moins avancés. Les réseaux criminels en profitent pour mettre à bas prix, sur le marché, des médicaments de contrefaçon et des substituts alimentaires, eux aussi contrefaits. La Chine a un grand rôle à jouer pour lutter contre ces fléaux. J'ai évoqué ce sujet avec le président Hu à qui j'ai proposé de soutenir aux côtés des chefs d'Etat africains l'organisation par ma fondation d'une conférence mondiale de haut niveau sur la question de l'accès universel à des médicaments de qualité. Pour absorber le choc de la pauvreté une forte hausse de notre aide au développement est absolument indispensable. Or, c'est le contraire qui se produit. Les pays du Nord, malgré les objectifs affichés, peinent à maintenir leur niveau d'aide publique, quand celle-ci ne diminue pas.
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