Les grands pays émergents, même si le terme nous semble aujourd'hui mal adapté, doivent prendre toute leur place dans la conduite des affaires d'un monde qui ne peut et ne doit plus se construire sans eux. Il y a vingt ans j'annonçais l'avènement d'un monde multipolaire, et bien, nous y sommes. De cette gestion partagée dépend la résolution de la crise financière, dépend également la résolution des autres crises également dramatiques auxquelles nous sommes confrontés. Les difficultés actuelles pourraient reléguer au second plan les efforts consentis depuis le début de la décennie pour la défense de notre environnement. Ce serait une erreur grave, il est désormais avéré qu'ainsi que l'ont mis en évidence les experts du GIEC, sous la conduite de Rajendra K.Pachauri, que le réchauffement climatique est lié à l'activité humaine. Pour le combattre, l'Europe assume depuis trois ans un rôle moteur qu'elle doit maintenir et qu'elle doit renforcer.
D'importantes évolutions se dessinent aussi aux Etats-Unis, sous l'impulsion du président Obama. La Chine, de son côté, a fait preuve de courage et d'une très grande lucidité en publiant, en octobre dernier, son premier Livre blanc sur cette question. Elle y décrit, sans concessions, les défis auxquels elle-même est confrontée. Nous pouvons parvenir prochainement à l'accord mondial équilibré et efficace qu'appelle de ses vœux le Secrétaire général de l'ONU, M.Ban Ki Moon dont je salue l'opiniâtreté à faire aboutir les négociations en cours. La communauté internationale ne peut se permettre un échec, le réchauffement climatique n'est pas une fatalité, il est ,pour partie, lié à un système de valeurs et à des comportements. Un système et des comportements qui se sont imposés presque partout et sont considérés, en quelque sorte, comme la norme. Des modes de consommation que les pays riches servent de référence au reste de la planète. Comment changer ensemble nos habitudes ? Comment trouver le point d'équilibre, cette harmonie qui permette l'élévation globale du niveau de vie de tous les habitants de notre planète et dans le même temps qui préserve notre planète des dangers mortels qui la guettent. Nous ne pouvons évidemment pas interdire aux autres de vouloir consommer et accéder au confort. Nous devons tous faire mouvement ensemble. Si nous ne le faisons pas alors nous connaîtrons de nouveaux conflits, conflits pour l'accès à l'eau, conflits pour les territoires fertiles, conflits pour les ressources naturelles. Déjà, on assiste à des migrations massives, des milliers de réfugies environnementaux prennent les routes de l'exil.
Dans un tel contexte, puisque les ressentiments liés à l'histoire, aux religions, aux conflits d'identités prendront une importance accrue, le réchauffement climatique radicalise les enjeux de la coexistence entre cultures et nations, à l'heure où beaucoup de communautés humaines perdent leurs traditions et leurs premiers repères. Cette perte du sens conduit trop de communautés à se crisper, à se crisper sur leurs identités. Elles font de leurs cultures une norme absolue qui conduit à l'intolérance. Elles peinent à définir les modèles éducatifs capables de promouvoir l'essentiel, c'est à dire, le respect de l'autre.
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