Fossé culturel: en Asie on réduit les salaires alors qu'à l'ouest on supprime les emplois |
Face à la récession mondiale, les Occidentaux, des banquiers au personnel de l'usine, sont stressés par le risque de la perte de leur emploi. Mais pour les Orientaux, c'est la réduction du salaire qui casse la tête. Selon des experts en ressources humaines, les entreprises asiatiques ont l'habitude de préserver les emplois dans les moments difficiles, ce qui aiderait à limiter le chômage et à garder l'économie asiatique à flot au moment de la baisse des exportations. L'attitude de l'Asie Orientale rendrait la vie plus facile aux entreprises pour récupérer rapidement après la récession économique, car ils n'auront pas besoin de réembaucher ou de former de nouveaux employés, ce qui laisse certains experts prévoir le changement des occidentaux vers la flexibilité orientale. "Dans la pensée confucéenne, la bonne chose à faire c'est de partager le fardeau. Il y a ce sentiment de responsabilité collective, alors qu'à l'Occident, c'est plutôt la survie individuelle", a déclaré Michael Benoliel, professeur associé du comportement organisationnel à Singapour Management University (SMU). A Hong Kong, les hauts fonctionnaires du CLSA, le bras de courtage asiatique du Crédit Agricole, ont convenu d'une réduction volontaire de salaires jusqu'à 25% pour échapper à la menace du licenciement. Le CLSA a déjà procédé à des réductions semblables en 2003, lorsque les entreprises ont connu un ralentissement en raison du SRAS. Un employé occidental du CLSA, qui a refusé d'être nommé, a déclaré à Reuters, qu'il a accepté la réduction salariale, parce qu'il aurait été considéré comme "racaille" aux yeux de ses collègues, s'il n'était pas d'accord. Chartered Semiconductor de Singapour a également mis en oeuvre des réductions du salaire temporaires de 5% à 20% après avoir affiché des pertes, et la haute direction de l'entreprise a été applaudie pour avoir appliqué ces mesures. Et au Japon, le producteur de chips Elpida a réduit le salaire de son chef de la direction de 50%. Steven Pang, directeur régional d'Aquent, une entreprise de chasseurs de têtes, a déclaré que dans de nombreuses entreprises d'Asie Orientale il y avait une obligation "de prendre soin des membres de la famille et de partager ensemble la douleur", même si cela signifirait subir de pertes. En revanche, les homologues occidentaux se sont souvent sentis obligés de faire des déclarations dramatiques pour montrer aux investisseurs qu'ils sont sérieux au sujet de la réduction des coûts, a dit Pang. Les entreprises américaines de General Motors à Goldman Sachs planifient de licencier des travailleurs par milliers, mais dans les unités asiatiques de ces multinationales occidentales, des suppressions d'emplois seront probablement moins graves. Les entreprises doivent s'adapter aux pratiques du travail selon les pays où ils opèrent, ce qui signifie qu'ils ont tendance à être plus modérées quant au licenciement du personnel de peur que cela ait un effet sur la capacité à vendre leurs produits et attirer la clientèle, a dit Benoliel. Mark Ellwood, qui dirige les opérations de Robert Walters, un cabinet de recrutement, pour le Singapour, la Malaisie et la Thaïlande a déclaré que les lois du travail dans la plupart des pays occidentaux ont favorisé les employés, et il a été difficile pour les entreprises de réduire les salaires sans que les salariés mécontents leur fassent des procès. "Dans de nombreux cas, il est plus facile de faire des retranchements." Droit du travail en Asie de l'Est à tendance à favoriser les employeurs, leur permettant d'être plus créatifs, et il y a aussi le soutien gouvernemental et public pour les mesures visant à sauver les emplois. Le taux de chômage au Japon était de 4% en septembre contre 3,8% en janvier, tandis que qu'à Hong Kong il est resté stable avec 3,4%. Mais le taux de chômage aux Etats-Unis serait en augmentation avec 6,3% le mois dernier, alors qu'il était moins de 5% en janvier. Les experts disent que même s'il existe des différences visibles dans les pratiques du travail à l'Orient et à l'Occident, l'écart se réduira si les entreprises deviennent plus « multinationales » et les forces de la concurrence obligeront les entreprises à adopter les meilleures pratiques pour se protéger des concurrents étrangers.
(Source : le Quotidien du Peuple en ligne) |