Les « Routes tibétaines » de l'écrivain français Emmanuel Roblès |
Shen Dali Emmanuel Roblès (1914 – 1995), membre de l'Académie Goncourt, est mort il y a déjà treize ans. Parmi le grand nombre d'ouvrages littéraires qu'il a laissé à la postérité, on en remarque deux sur la Chine, dont « Routes tibétaines ». Emmanuel Roblès était un écrivain doté d'un sens élevé de la justice et il éprouvait un profond sentiment d'attachement pour le Tibet, c'est pourquoi il désirait depuis longtemps rendre visite à d'anciens serfs tibétains affranchis et émancipés après la libération pacifique du Tibet et surtout après la réforme démocratique survenue en 1959. Il m'a fait part à plusieurs reprises de son désir ardent de se rendre dans cette région lorsque j'étais à Paris. Il eût enfin en 1984 l'occasion de faire une visite de recherches au Tibet, mais à ce moment-là il était déjà un septuagénaire et il souffrait du diabète. En dépit du mal d'altitude et des troubles qu'on ressent en haute montagne, il accepta joyeusement d'y résider quelque temps. Ainsi, il était devenu après le Président français d'alors Giscard d'Estaing, le premier écrivain occidental à visiter le Tibet. En 1986, son livre « Routes tibétaines » fut publié par les Editions Grasset & Fasquelle et fut réédité en 1997. Dans son ouvrage, l'auteur rapporte fidèlement tout ce qu'il a vu et tout ce qu'il a entendu lors de son voyage sur les « Routes tibétaines ». Il relate dans son livre les faits historiques incontestables qui prouvent que le Tibet appartient à la Chine depuis longtemps et raconte la joie et le bonheur des anciens serfs tibétains affranchis. Pour pouvoir refléter intégralement la physionomie sociale du Tibet après sa libération pacifique et sa réforme démocratique, il a rendu visite à presque toutes les personnalités en vue des diverses couches sociales tibétaines, et surtout à des « chaba », à des « Duiqiong » et à des « Langsheng » qui étaient aux bas-fonds de la société et qui étaient les plus opprimés et qu'on surnommait alors « les animaux dotés de parole ». Pour que les récits de son livre soient autant que possibles fidèles, équitables, émouvants et convaincants, il a discuté longuement avec plusieurs écrivains tibétains, dont Yixi Danzeng, et a rencontré des dirigeants tibétains dont Ngapoi Ngawang Jigme qui était un des vice-présidents du Comité national de la CCPPC (Conférence consultative politique du Peuple chinois). Les « Routes tibétaines » réfutent avec des faits réels les calomnies odieuses, ignobles et infâmes allant totalement à l'encontre de la réalité tibétaine par des politiciens occidentaux et des écrivains malhonnêtes et présentent au public et aux lecteurs français la toute nouvelle physionomie du « toit du monde » après que la population locale fut débarrassée du carcan de l'ancien système féodal de servage. D'autre part, Emmanuel Roblès m'a demandé de traduire en français le roman-fleuve « Les survivants » qui lui fut offert par Yixi Danzeng qui était alors Vice-Président de l'Association des écrivains tibétains. Roblès pensait alors qu'en lisant un livre écrit par un écrivain tibétain authentique, ses compatriotes connaîtront et comprendront mieux le passé et le présent du Tibet. Depuis lors, à chaque fois que des médias français publiaient des reportages calomnieux sur la Chine, il se portait en avant et réfutait toutes les allégations mensongères et pernicieuses. Une fois France 2 a projeté un documentaire sur le Tibet et le commentateur disait : « On a même pas construit un hôpital au Tibet. » Roblès s'est indigné en entendant cela, et il a immédiatement téléphoné à un responsable de France 2 et lui a dit : « Ce qui est débité dans votre émission, ce sont des sottises, des bêtises et des absurdités ! Vous venez de projeter une vue sur une rue de Lhassa, et le bâtiment qui est derrière le coin de la rue est justement un hôpital, et je l'ai visité lors de mon séjour dans cette ville. ». Ces paroles de reproche atteignirent ce responsable qui se sentit décontenancé, embarrassé et mal à l'aise. Il présenta ses excuses à Emmanuel Roblès qui est assez connu en France et qui était membre de l'Académie Goncourt. Mais, il se déroba à sa responsabilité en disant que France 2 ne connaît pas très bien la situation au Tibet. Aujourd'hui quand je relis ce livre légué par cet écrivain de génie, je me rappelle alors sa voix et toute sa physionomie et j'éprouve envers lui un profond sentiment d'admiration et je considère que les « Routes tibétaines » sont les témoignages fidèles et sincères de cet écrivain occidental franc et honnête sur la réalité tibétaine.
(Source: le Quotidien du Peuple en ligne) |