Chen Jining, nouveau ministre de la protection de l'environnement, cliché pris le 25 avril 2010. [Photo / IC]

L'ancienne présentatrice Chai Jing est devenue très populaire à travers ses reportages d'investigation pour la China Central Television, avec notamment l'épidémie de SRAS, le séisme de Wenchuan et les accidents de mines de charbon.

Ayant fait une pause pour avoir une fille, elle est maintenant de retour avec un documentaire autofinancé sur le smog appelé «Under the dome».

De fortes images d'arbres desséchés, un ciel sombre et des rivières sans vie apparaissent, mais le film montre aussi un point de vue scientifique, soutenu par des données d'enquêtes de terrain en Chine et à l'étranger. Avec également des entretiens avec de responsables, des scientifiques et du grand public.

Beijing la capitale chinoise a connu 175 jours pollués en 2014, éclipsée par la municipalité voisine Tianjin 197 et Shijiazhuang avec 264 jours.

Les images satellites de la NASA montrent une détérioration de la qualité de l'air dans le nord de la Chine au cours des dix dernières années.

Chai Jing, a su utiliser ses talents de narratrice et illustrer divers statistiques en prenant l'exemple de bébés en pleurs qui luttent contre la pneumonie, causée selon leurs mères par le mauvais air. Ou le cas d'une femme, la cinquantaine d'années, subissant une chirurgie à l'Hôpital du cancer de Beijing.

Et de remettre en question les habitudes de consommation énergétique du pays : la combustion du charbon et du pétrole contribue à 60% des polluants PM2,5, les particules en suspension de moins de 2,5 microns de diamètre qui pénètrent les poumons.

La Chine a brûlé 360 millions de tonnes de charbon en 2013, bien plus que le reste du monde combiné, mais une grande partie de l'énergie a été gaspillée dans des usines d'acier qui dépendent des subventions publiques pour la survie, selon le documentaire.

Une étude sur les fabricants d'acier dans la province voisine de Beijing, le Hebei, a exposé le dilemme entre une économie axée sur le PIB et la protection de l'environnement.

Chai et Zhang Dawei, un enquêteur auprès du ministère de la Protection de l'environnement, ont enregistré l'émission illégale d'une entreprise sidérurgique de Tangshan, un centre de l'industrie lourde en octobre dernier, et de constater que la société a échappé à toute punition

«Il ne s'agit pas simplement de sacrifier l'emploi pour l'environnement», a indiqué Xiong Yuhui, un fonctionnaire du département de l'environnement.

L'ancienne journaliste continue de divulguer des failles dans la réglementation des émissions des automobiles, relevant l'importance de la question en citant le chiffre de «100 millions», se référant aux nouveaux véhicules ajoutés sur la route en Chine au cours des 10 dernières années.

Cherchant un précédent, Chai Jing s'est rendue à Londres et à Los Angeles, deux villes considérées comme des modèles au niveau du nettoyage de l'air après une forte pollution.

Pour résumer, la Chinoise en appelle à la responsabilité individuelle dans les rapports émetteurs illégaux via une hotline.

Le documentaire a provoqué un débat national après avoir fait le buzz en ligne, provoquant de nombreux points de vue contradictoires dans les médias sociaux.

«L'enquête de Chai Jing sur le smog» est restée l'un des sujets les plus chauds sur Sina Weibo, la version chinoise de Twitter, alors que son documentaire a été vu plus de 17 millions de fois sur Youku, un site de partage de vidéos très populaire en chine.

Les critiques ont contesté les motifs de l'ancienne star du petit écran, sceptiques sur le fait que la maladie de sa petite fille était directement causée par le smog en Chine, avec des rumeurs circulant qu'elle était une grosse fumeuse. Des louanges ont également inondé Weibo pour applaudir les efforts de Chai pour sensibiliser le public.

Le film a tellement fait parler de lui, que le nouveau ministre de la protection de l'environnement, Chen Jining, a déclaré avoir contacté Chai pour la féliciter après avoir regardé la vidéo.

Avec le retour du smog sous les projecteurs, le responsable de l'environnement devrait au cours des prochaines semaine, avoir fort à faire avec la curiosité de nombreux journalistes, lorsque les législateurs du pays tiendront les deux sessions politiques annuelles à Beijing.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne