Modifier la taille du texte

Modifier la taille du texte

Imprimer cet article

Commenter cet article

BEIJING INFORMATION
CULTURE Vidéos ÉDUCATION ET SCIENCES Panorama du Tibet VOYAGE E-MAIL
ÉNERGIE-ENVIRONNEMENT
Publié le 23/11/2012
Wang Wenbiao : lutter contre la désertification est un acte de bienfaisance
 
Wang Wenbiao: Dans la ville d'Ordos en Mongolie intérieure, le désert de Hobq est devenu un site touristique.
 

Reboiser le désert : mission impossible ? Wang Wenbiao, fondateur du Elion Resources Group, a réussi cet exploit grâce à son « industrie du sable », un modèle écologique qui a permis d'améliorer la qualité de vie de la population locale.

Lors de la Conférence des Nations unies sur le développement durable qui s'est tenue à Rio de Janeiro en 2012, le président du conseil d'administration du Elion Resources Group, Wang Wenbiao, a obtenu le « prix de l'environnement et du développement ». Il s'agit d'une récompense importante attribuée par l'ONU aux personnalités qui contribuent à la protection de l'environnement et au développement écologique depuis le sommet de la Terre de Rio de Janeiro en 1992. Wang Wenbiao est le premier entrepreneur chinois à avoir reçu cet honneur.

Dans son discours, Wang Wenbiao a déclaré : « Avec le soutien du gouvernement chinois, le Elion Resources Group a reboisé en 24 ans une superficie de 5 000 km² dans le désert de Hobq. »

Nous n'avions pas d'autres choix

Le désert faisait sûrement partie de la destinée de Wang Wenbiao, cet homme né dans un village en bordure du désert de Hobq dans la bannière de Hangjin en Mongolie intérieure. Le fleuve Jaune, l'un des plus longs fleuves de Chine, passe à seulement 15 km de son village natal. Dans son enfance, sa mère lui interdisait de s'aventurer dans le désert, qui attirait le petit Wang Wenbiao de par son côté mystérieux.

Pour trouver un emploi à l'extérieur de son village natal, souvent balayé par les tempêtes de sable, il se consacra à ses études. Après sa formation universitaire, il devint enseignant dans le chef-lieu de la bannière de Hangjin. Par la suite, il trouva une place de secrétaire au sein du gouvernement local de la bannière.

En 1988, Wang Wenbiao, alors âgé de 29 ans, démissionna de ce poste pour reprendre une saline, alors au bord de la faillite, dans la bannière de Hangjin. Située à seulement 60 km du gouvernement de la bannière, il fallait toutefois trois heures pour s'y rendre et il était nécessaire qu'une personne déblaie le terrain pour permettre au véhicule d'avancer. Malgré cet environnement difficile, l'endroit recèle de riches ressources : en plus du sel, on y trouve de la mirabilite et de l'alcali naturel. Grâce aux efforts de Wang Wenbiao et de ses ouvriers, la saline, autrefois déficitaire, est devenue rentable en trois ans.

En 1992, la société a concentré ses activités sur la production de sel inorganique. En 1995, Wang Wenbiao a fondé la Elion Industrie Chimique, née d'une fusion de quatre autres entreprises. Mais des problèmes survinrent. La saline se trouve dans le désert de Hobq qui s'étend sur 18 600 km². À l'époque, il n'y avait pas de route pour transporter les marchandises. À vol d'oiseau, seuls 60 km séparent la saline de la gare ferroviaire, mais il fallait faire un détour de 330 km pour rejoindre l'une ou l'autre destination. Cette difficulté a augmenté le coût de distribution. « Chaque année, les frais supplémentaires s'élevaient à 15 ou 20 millions de yuans. L'augmentation du coût lié au transport absorbait progressivement le profit », explique-t-il.

En 1997, le groupe Elion a produit 500 000 tonnes de produits chimiques. Pour résoudre ce problème du transport, le groupe a décidé de construire une route traversant le désert. En dépit du soutien du gouvernement local, ce n'était pas une mince affaire. Débourser 75 millions de yuans pour construire une route de 65 km allait au-delà de la capacité de financement d'Elion. La société a été contrainte de s'endetter pour payer la construction. En 1999, la route était enfin achevée. Lors de l'inauguration, Wang Wenbiao était ému aux larmes. Afin de protéger cette route, le groupe a commencé à utiliser tous les moyens possibles pour fixer le sable. Par exemple, des saules des sables et de la réglisse ont été plantés. À l'heure actuelle, Elion a déjà construit 5 routes à travers le désert, pour une longueur totale de 500 km. Au nord du désert de Hobq et au sud du fleuve Jaune, il a également aménagé une bande forestière, mesurant 242 km de long et 3 à 5 km de large, pour retenir les sables.

« Nous n'avions pas d'autres choix, rappelle-t-il. Il y a 20 ans, nous étions obligés de lutter contre le désert. Nous avons compris seulement plus tard que le désert avait son utilité et qu'il pourrait nous procurer des avantages. »

Une industrie de sable

A-t-il pensé au service d'intérêt public ou au rendement lorsqu'il s'est engagé dans l'aménagement du désert ? Sa réponse est très honnête et pertinente : « C'est assurément au rendement que je pensais, car c'est lui qui me permet par la suite de rendre service à la société. »

Pour garantir le succès de l'aménagement du désert, Wang Wenbiao et son équipe ont rendu visite à des établissements de recherche comme l'Académie des sciences sylvicoles de Chine et l'université de l'Agriculture de la Mongolie intérieure. Ils ont également établi des relations de coopération avec de nombreux centres de recherche chinois et étrangers, en vue de trouver des solutions pour fixer le sable. Enfin, Elion est parvenu à reboiser le désert en plantant des forêts de fixation, en déplaçant les habitants et en rétablissant la végétation naturelle. Il a par ailleurs adopté d'autres méthodes : le semis par avion et la culture mécanisée. Au cours de ces travaux, Wang Wenbiao ne cessait de se demander si un tel investissement serait source de rentabilité.

Après plusieurs années d'enquête et de recherches, ils ont porté leur attention sur des plantes spécifiques qui résistent à la fois aux conditions du désert et possèdent des vertus médicinales, telles que la réglisse. « Nous envisagions de les planter sur une vaste surface et d'en faire une industrie. Notre entreprise aurait pu en tirer profit », se remémore Wang Wenbiao. Ses employés et lui ont donc commencé à cultiver de la réglisse. Grâce à leur persévérance, ils ont planté de la réglisse, des saules des sables et des peupliers le long des routes, sur une superficie totale de 200 000 mu (un mu est égal à 0,067 ha).

À un moment donné, Wang Wenbiao a dû faire un choix : soit il se consacrait à son industrie du sable, écologique, soit il exploitait la saline, qui rapportait des revenus conséquents, mais qui pourrait polluer le désert qu'ils étaient en train de reboiser. En 2009, Wang Wenbiao a fermé à regret la saline dont l'actif net était estimé à 900 millions de yuans. Son action a changé les activités du groupe Elion.

Simultanément, le groupe Elion se lance dans l'industrie des plantes médicinales chinoises. En 2000, les herbes médicinales chinoises qu'il a fait planter sur 650 000 mu ont eu des effets considérables, tant sur le plan social que sur le plan économique. Depuis 2001, Elion a accéléré son rythme de développement, projetant de planter de la réglisse sur un million de mu. Désormais, Elion possède un terrain de deux millions de mu pour la culture des plantes médicinales chinoises telles que la réglisse. La valeur de production de la réglisse a atteint 400 millions à 500 millions de yuans. Celle des médicaments traditionnels chinois qu'il a produits a dépassé les 4 milliards de yuans.

Les activités du groupe Elion couvrent à la fois l'agriculture moderne dans le désert, l'industrie pharmaceutique, l'énergie issue de la biomasse, les nouveaux matériaux du désert et le tourisme dans le désert. Elion, entreprise chimique auparavant polluante, s'est transformée en une entreprise écologique intersectorielle.

Le modèle « entreprise + foyers paysans » adopté par Elion a attiré 130 000 agriculteurs et éleveurs dans les activités et travaux d'aménagement du désert décidés par l'entreprise. Ces activités ont permis de faire gagner aux paysans des revenus corrects, de rentabiliser l'entreprise et d'améliorer l'écologie locale. Elles ont attiré des investissements de près de 100 milliards de yuans et créé environ 100 000 emplois. Le revenu annuel d'un agriculteur/éleveur est passé de 2 000 yuans autrefois à 30 000 yuans aujourd'hui.

Lutter contre la désertification est un acte de bienfaisance

Le mode d'aménagement du désert adopté par Wang Wenbiao est surnommé le modèle Hobq. Il se caractérise par le développement de l'entreprise à travers des techniques scientifiques, l'aménagement du désert motivé par les industries et l'amélioration de la vie du peuple grâce à l'écologie. Selon Wang Wenbiao, ce modèle vise à promouvoir le développement durable par la commercialisation, l'industrialisation et la socialisation des travaux d'aménagement de l'environnement. Lors de cette Conférence des Nations unies sur le développement durable, le secrétaire général adjoint, Sha Zukang, a fait l'éloge des actions de Wang Wenbiao : « Son modèle, sa clairvoyance et ses résultats extraordinaires font figure de référence et d'inspiration pour l'économie verte durable dans le monde entier. »

Actuellement, plus de 100 pays sont affectés par la désertification dans le monde. La Chine compte 2,622 millions de km² de terres désertifiées, soit 27,4 % de l'ensemble du territoire du pays, et près de 400 millions de Chinois souffrent de cette désertification.

Ce qui fait la fierté de Wang Wenbiao, ce sont ces résultats inattendus : alors qu'au début, son entreprise s'est lancée dans des activités contre la désertification parce qu'elle y était obligée, cela lui rapporte gros aujourd'hui. Cet exploit va amener davantage d'entreprises chinoises et étrangères à s'engager à leur tour dans cette lutte.

Le désert de Hobq est le septième plus important désert en Chine. Après 24 ans d'efforts de la part d'Elion, du gouvernement local ainsi que des agriculteurs et éleveurs, les précipitations annuelles sont passées de 70 mm à 300 mm. Le nombre annuel de tempêtes de sable, une centaine auparavant, est de trois à cinq aujourd'hui. Les villes voisines telles que Beijing bénéficient également des changements provoqués par l'amélioration de l'environnement, ce dont se réjouit Wang Wenbiao. Depuis 2011, après la signature d'un accord de coopération, Elion s'est implanté dans le désert de Horqin. Selon une stratégie de construction écologique du désert, du tourisme et des énergies propres, Elion va entamer des travaux d'aménagement du désert et aider les agriculteurs et éleveurs à sortir de la pauvreté. « Nos opérations dans le désert de Horqin seront basées sur les conclusions tirées du mode d'aménagement du désert de Hobq. Il s'agit d'exporter les techniques, un mécanisme et un modèle, commente-t-il. Les tentatives effectuées dans le désert de Hobq nous permettront d'aménager mieux et plus rapidement le désert de Horqin. » Le premier projet prévoit la plantation de végétaux sur un million de mu dans le désert de Horqin.

« Notre entreprise n'est pas la plus rentable, mais nous faisons partie de ceux qui ont reboisé le plus de déserts, résume-t-il. Le désert peut devenir vert, les pauvres peuvent devenir riches : l'industrie du sable a permis ces succès. La lutte contre la désertification n'est pas une mauvaise affaire, c'est une œuvre charitable. Elle apporte bonheur à autrui et joie à soi-même. »

Aux dires de Wang Wenbiao, Elion va créer une fondation d'utilité publique et prévoit également d'investir 10 milliards de yuans sur dix ans pour construire une oasis de 10 000 km² dans le désert.

 

LU RUCAI

Source: La Chine au Présent



Beijing Information
24 Baiwanzhuang, 100037 Beijing République populaire de Chine
Edition française: Tél: 68996274 Fax: 68326628