La Chine pourrait se tourner vers les opérations du marché et le taux de change contre l'inflation |
La Chine pourrait ralentir ses relèvements des taux d'intérêt et de réserves obligatoires pour se tourner vers les opérations du marché et le taux de change au second semestre, dans un effort continu de lutte contre l'inflation et pour assurer la poursuite de la croissance, selon certains analystes. La Banque populaire de Chine a annoncé hier sa décision d'absorber 83 milliards de yuans (9 milliards d'euros) des marchés en rachetant des obligations à vingt-huit jours, après sa suspension des rachats d'enchères la semaine dernière. La banque centrale a ainsi vendu aux enchères deux milliards de bons à un an hier, un milliard de plus que la semaine dernière. La banque a laissé le rendement de ces obligations inchangé depuis sept semaines à 3,498 pour cent. 192 milliards de yuans au total de bons de la banque centrale et de rachat d'obligations arriveront à terme cette semaine, le plus haut niveau observé ce mois-ci, indique Li Huaiding, un analyste de Glosen Securities. Les observateurs estiment que la banque centrale pourrait accroître son absorption de liquidités par des opérations de marché, une stratégie à l'impact moindre sur l'économie dans son ensemble que la hausse des taux d'intérêt et des réserves obligatoires des banques. « Le resserrement des liquidités a été tel au premier semestre que le coût d'emprunt a explosé à la fin du mois et du trimestre », explique Lian Ping, économiste en chef de la Bank of Communications. « Les liquidités seront plus abondantes au second semestre pour maintenir la croissance économique. Les opérations de marché constitueront les outils principaux et le relèvement des réserves obligatoires et des taux d'intérêt pourrait peu à peu disparaître ». La Chine a annoncé hier que son indice des prix à la consommation (IPC), qui mesure l'inflation, a grimpé de 6,5 % entre juillet 2011 et juillet 2010, la hausse la plus rapide en 37 mois. L'indice des prix à la production (IPP), qui mesure les coûts rencontrés par les producteurs nationaux, a bondi de 7,5 % en glissement annuel, 0,4 point de pourcentage de plus qu'en juin. « Les IPC et IPP de la Chine en juillet sont plus élevés que prévu, ce qui constitue un défi pour les décideurs politiques dans un contexte de risques externes accrus qui compliquent le maintien de la croissance avec une inflation maîtrisée », indique un rapport de Barclays Capital. « Un affaiblissement significatif de l'économie mondiale va visiblement réduire la probabilité d'une nouvelle augmentation des taux d'intérêt au troisième trimestre ». Barclays Capital estime que l'inflation pourrait avoir atteint un pic en juillet et prédit une tendance à la baisse de l'IPC à partir du mois d'août aux alentours de 6 %, avant de retomber à 5 % en octobre avec la chute des prix de l'alimentation et notamment du porc grâce à un meilleur approvisionnement, ainsi qu'une hausse modérée des prix des matières premières et un ralentissement de l'économie. La Chine devrait également laisser le yuan s'apprécier pour dompter l'inflation importée, affirment les analystes. Un yuan plus fort rendra les importations moins chères. « Dans la situation actuelle, la Chine devrait permettre un taux de change plus flexible du yuan pour juguler l'inflation », souligne Teng Tai, économiste en chef de Minsheng Securities. « Les troubles qui agitent les marchés européens et américains pourraient tourner l'attention des investisseurs sur la Chine ». Xia Bin, un conseiller de la banque centrale, a déclaré la semaine dernière que le taux de change du yuan sera plus axé sur le marché en termes de niveau et de fréquence de flottement. Cependant, la monnaie ne devrait pas fluctuer librement à court terme, car l'économie chinoise doit répondre à des difficultés internes au cours de sa réforme, ainsi qu'aux incertitudes de l'économie mondiale.
Source: china.org.cn |