Une croissance déraisonnable des réserves chinoises en devises |
Selon les données rendues publiques le 14 avril par la Banque du peuple chinois, la banque centrale de Chine, les réserves en devises du pays s'élevaient à 3 044,7 milliards de dollars à la fin du mois de mars, dépassant pour la première fois la barrière de 3 000 milliards avec un taux de croissance de 24,4 % en glissement annuel. Le chiffre a battu sans peine les 2 000 milliards de dollars d'il y a moins d'un an. Guo Tianyong, directeur du Centre de recherches du secteur bancaire de l'Université centrale des finances et de l'économie, a indiqué que la forte croissance des réserves en devises depuis l'année 2009 se basait surtout sur la croissance relativement rapide et stable de l'économie chinoise en dépit de la crise financière mondiale. En 2010, outre les fortes hausses de l'excédent commercial et des investissements directs étrangers en Chine, l'influx des capitaux spéculatifs, ou de l'argent chaud, a également connu une accélération rapide, contribuant certainement à la croissance des réserves en devises. Un dernier rapport de l'Administration nationale des devises (AND) a révélé que l'influx d'argent chaud en Chine s'est élevé à quelque 35,5 milliards de dollars en 2010, soit 7,6 % du total de la croissance des réserves en devises. Pour l'AND, la croissance des réserves en devises peut s'expliquer à la fois par l'excédent commercial international, l'influx net des investissements directs, les gains des investissements à l'étranger et la cotation à l'étranger des entreprises chinoises. Selon M. Guo, la croissance des réserves en devises devrait ralentir avec la réduction de l'excédent commercial international et la diminution de l'influx des capitaux étrangers suite à la suspension éventuelle de la politique financière quantitative souple aux États-Unis. En revanche, Wang Tao, économiste de premier rang de la Banque de Suisse en Chine, prévoit une croissance persistante, et toujours forte, des réserves en devises au cours des prochains trimestres voire des prochaines années, malgré le déficit commercial international survenu au premier trimestre 2010, en supposant que les politiques de change et de la gestion des capitaux restent inchangées, et que la situation économique reste relativement stable en Chine et à l'étranger. Zhou Xiaochuan, gouverneur de la banque centrale chinoise, a avoué le 18 avril dans un discours à l'Université Tsinghua que la croissance des réserves en devises a dépassé les besoins rationnels, que ceci a causé une liquidité trop abondante, et a aggravé la pression sur la banque centrale pour la couverture des risques. Le Conseil des affaires d'État a également indiqué qu'il faudrait éviter les réserves excessives, mais qu'il faut bien gérer, par la diversification des investissements par exemple, les réserves existantes. En réponse aux inquiétudes liées à l'arrivée abondante d'argent chaud, M. Zhou a déclaré que les spéculateurs internationaux ne sont pas vainqueurs partout ni pour toujours, et que leur influence pourrait être destructive pour les économies ouvertes et faibles, mais serait difficilement grave pour les économies aussi larges que la Chine, d'autant plus que le contrôle des capitaux y est strict.
Source: french.china.org.cn
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