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ÉCONOMIE
Publié le 09/12/2009
Copenhague : Chine et Etats-Unis veulent un accord

Zeng Wenhui

Alors que la Conférence de l'ONU sur le changement climatique se tient à Copenhague du 7 au 18 décembre, Etats-Unis et Chine, deux pays très sensibles à la question, ont tour à tour mis des chiffres sur la table à la veille du sommet.

Le 25 novembre, la Maison blanche a annoncé la participation de Barack Obama au sommet, durant lequel il annoncera un objectif de réduction des émissions de CO2 de 17 % d'ici à 2020 par rapport à 2005, et de 83 % en 2050. Le même jour, la conférence permanente du Conseil des Affaires d'Etat de la Chine annonçait qu'en 2020, les émissions de CO2 par unité de PIB connaîtraient une réduction de 40 à 45 % par rapport à 2005. Par ailleurs, le Ministère des Affaires étrangères a annoncé la présence du premier ministre Wen Jiabao à Copenhague.

L'attitude de la Chine et des Etats-Unis favoriseront-elles la conclusion d'un accord lors du sommet ? L'objectif de réduction des émissions de la Chine est-il tenable ? Sur ces questions, Beijing Information a interviewé Pan Jiahua, économiste de l'environnement, directeur du centre de recherche sur le développement durable à l'Académie des Sciences de Chine. 

 

Beijing Information : Les annonces des objectifs de réduction des deux plus gros émetteurs présagent-elles de la conclusion d'un accord lors de la Conférence de Copenhague ?

Pan Jiahua : Il y a une différence essentielle entre les deux annonces ; les objectifs prononcés par les Etats-Unis n'ont pas été approuvés par le Congrès, et ils s'avèrent donc très précaires. Parallèlement, il existe un écart entre ces chiffres et les attentes de la communauté internationale. En outre, les objectifs de 2020 et de 2050 sont contradictoires, et aucune promesse budgétaire et technologique n'a été faite.

En tant que pays en voie de développement, la Chine n'a pas l'obligation de formuler une quelconque promesse. Si l'on se réfère à la feuille de route de Bali, la réduction des émissions de CO2 des pays en développement est conditionnée par l'aide financière et l'assistance technologique des pays développés. Cependant, la promesse chinoise est parfaitement unilatérale et sans condition. Au regard de son stade de développement actuel, cette dernière témoigne d'une grande sincérité, apportant de fait un grand soutien au processus de Copenhague.

Malgré des intentions différentes, les positions chinoise et américaine montre en tout cas l'attention que portent ces deux pays à l'accord de Copenhague, et les efforts qu'ils consentent à faire, ce qui s'avère être un formidable moteur pour rallier d'autre pays à ce projet. Cependant, cela ne suffit pas encore à assurer la signature de l'accord exigé par la feuille de route de Bali. En effet, aucun pays développé n'a encore formulé de promesse satisfaisant la demande de Bali, à savoir une réduction de leurs émissions de 25 % à 40 % par rapport à 1990 d'ici à 2020. De plus, aucune promesse en termes d'aide financière et technologique n'a encore été prononcée. Enfin, de nombreux pays en développement n'ont pas encore annoncé leur objectif de réduction des émissions.

 

Beijing Information : Dans le plan économique chinois, près de 40 % des fonds seront alloués à l'efficacité énergétique et à la réduction des émissions. Et un objectif de réduction de 40 à 45 % en 2020 a été récemment annoncé. Dans la situation actuelle, quels sont les points-clés et les principales contraintes à surmonter pour atteindre cet objectif ?

Pan Jiahua : Les difficultés ne manquent pas ! L'objectif de réduction des émissions se concentre sur trois domaines principaux : le réajustement structurel de l'économie, le réajustement de la structure énergétique, et la réduction des émissions par l'innovation technologique. Le fort accent mis sur le réajustement structurel depuis plusieurs années n'a pas donné de résultats significatifs. En effet, la Chine a un grand besoin d'équipements mécaniques et de matières premières pour assurer la construction de ses infrastructures et de ses bâtiments.

Bien que depuis trente ans le pays souligne l'importance du développement des énergies renouvelables, la structure énergétique demeure dans l'ensemble inchangée. Actuellement, la houille constitue 69 % de la structure énergétique, et l'essence 22 %. Contraintes par des facteurs économiques, l'industrialisation et l'urbanisation du pays sont souvent rattachées à de faibles coûts de production, ce qui cause notre dépendance aux énergies traditionnelles.

En ce qui concerne les émissions de CO2, une fausse idée largement répandue considère que les technologies chinoises sont sous-développées, et que son efficacité énergétique est faible. En réalité, des technologies de bas niveaux et des hautes technologies coexistent sur le territoire. En outre, la Chine a également développé ses propres technologies, comme le chauffe-eau à énergie solaire ou des fosses génératrices de méthane dans les régions rurales. Quant à l'efficacité énergétique, la Chine affiche de bons résultats dans bon nombre de domaines, tels que la production d'acier dans les entreprises sidérurgiques publiques et les grandes entreprises privées, les nouveaux standards sur l'efficacité énergétique des bâtiments, ainsi que le rendement du carburant automobile.  

 

Beijing Information : Certains pays occidentaux appliquent une taxe environnementale sur les produits importés, ainsi qu'aux avions de ligne entrants. Ces mesures peuvent, sous prétexte de préservation de l'environnement, faciliter le protectionnisme commercial. Comment éviter ce phénomène ? 

Pan Jiahua : Le protectionnisme ne peut être évité. Mais le politique peut montrer sa détermination à l'empêcher, en élaborant davantage de lois et de règlements élevant l'efficacité énergétique, augmentant la compétitivité des entreprises, ce qui est favorable à la lutte contre les barrières douanières non tarifaires.

 

Beijing Information : Reboisement, augmentation de la proportion des sources d'énergie non pétrolières, stimulation de la R&D dans le secteur de l'automobile propre... La Chine a déployé beaucoup d'efforts pour réduire ses émissions. D'un autre côté, nous aspirons à une vie meilleure, bénéficiant du confort apporté par les sciences modernes. Comment atteindre cet équilibre contradictoire ?

Pan Jiahua : Je me suis rendu dans bon nombre de villes européennes. Hormis la rationalisation de leur organisation, je pense qu'il faut nous inspirer de leur style de vie et de leur mode de consommation. En Chine, contrairement à l'Europe, la plupart des voitures sont de grosses cylindrées. De plus, l'efficacité énergétique des bâtiments européens est bien plus élevée.

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