Le fondateur et président du Forum économique mondial Klaus Schwab (à gauche)

L'ASEM peut remonter au début des années 1990. En 1992, le premier Sommet commercial Europe-Asie orientale a eu lieu à Hong Kong sous l'égide du FEM (Forum économique mondial). C'est le premier dialogue officieux entre l'Asie et l'Europe au niveau de partenaires. En novembre 1993, lors du déroulement de l'APEC (Coopération économique Asie-Pacifique) aux Etats-Unis, la France a proposé d'établir un mécanisme de dialogue permanent entre la CEE (Communauté économique européenne) et le FEAO (Forum économique de l'Asie orientale), chargés respectivement de représenter l'Europe et l'Asie et de créer des liens entre les deux régions. Du fait que les Etats-Unis voient d'un mauvais œil ce Forum et qu'ils s'opposent à la participation de l'Europe à l'APEC, la proposition française est tombée à l'eau. Une proposition semblable avancée l'année suivante par Singapour a suscité une plus grande attention. Au cours du Sommet commercial Europe-Asie orientale du 3e FEM, tenu en octobre 1994 à Singapour, le premier ministre Goh Chok Tong a exprimé l'espoir de voir s'établir entre l'Asie et l'Europe des liens réguliers du type Pacifique. Lors de la visite d'Etat qu'il a effectuée un peu plus tard en France, le chef du gouvernement de Singapour a avancé officiellement cette proposition au pays hôte, et a obtenu le bon accueil de la France, qui prendrait bientôt la relève de la présidence de la Commission européenne. Du côté de l'UE, elle a publié officiellement, en juillet 1994, « Vers une nouvelle stratégie asiatique ». Plus tard, l'UE a formulé en 1995 deux documents : « L'UE et le Japon : les étapes de l'avenir » et « La politique de long terme relative aux relations entre la Chine et l'UE». En 199, la Commission européenne a avancé la « Nouvelle stratégie de l'UE à l'égard de la Chine ». Les conditions ont donc été réunies pour la création du dialogue régulier entre l'Asie et l'Europe.

En janvier 1995, l'UE a déclaré officiellement qu'elle espérait établir un mécanisme de rencontre Asie-Europe au sommet. En mai, l'ASEAN (Association des nations de l'Asie du Sud-Est) a remis officiellement à la partie européenne une lettre relative à la création de l'ASEM. Le mois suivant, alors que la France présidait la Commission européenne, l'UE a adopté en principe la résolution sur l'établissement de l'ASEM. En juillet, la Chine, le Japon et la République de Corée ont accepté respectivement la proposition de l'ASEAN et ont décidé de participer à l'ASEM en gestation. Puis les sept pays de l'ASEAN et les trois pays de l'Asie du Nord-Est ont tenu une conférence des ministres des Affaires étrangères pour discuter des problèmes relatifs à la tenue de l'ASEM, coordonner et unifier leur position sur cette question. C'est la première fois que les pays de l'Asie orientale, en tant qu'une communauté pararégionale, traitent avec un autre groupement régional. Sur la question des pays membres, les deux parties ont convenu que le choix des pays membres devait suivre le « principe de double clef », c'est-à-dire que du côté européen l'UE choisit les pays membres, et du côté asiatique, l'ASEAN choisit les Etats membres, et le choix d'une partie doit obtenir le consentement et la reconnaissance de l'autre partie. Les pays membres adoptés alors comprennent, du côté asiatique, l'ASEAN + 3 (les sept membres : Thaïlande, Malaisie, Philippines, Indonésie, Brunei, Singapour et Vietnam ; Chine, Japon et République de Corée), et du côté européen, les 15 Etats de l'UE (Italie, Allemagne, France, Hollande, Belgique, Luxembourg, Danemark, Irlande, Grande-Bretagne, Grèce, Espagne, Portugal, Autriche, Finlande et Suède), et la Commission européenne. En mars 199, la première ASEM a eu lieu à Bangkok.

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