Le lac Gulian à Jinxi, avec sa fameuse pierre en forme de cheval. (PHOTO: WEI YAO)

Jinxi se trouve dans la municipalité de Kunshan, au Jiangsu. On peut y aller en prenant le train de Shanghai à Kunshan, puis l'autobus de Kun-shan à Jinxi. Mais on peut aussi, comme la plupart des Shanghaiens, s'y rendre facilement en voiture par l'autoroute Shanghai-Nanjing.

Jinxi n'est pas loin de deux bourgs de canaux : Zhouzhuang et Luzhi. Pourtant, contrairement à ces deux derniers, l'environnement et la tranquillité y sont restés dans leur état d'origine sans trop avoir subi les affres du tourisme.

Une ville posée sur l'eau

Lorsque l'on arrive dans le bourg, les canaux se font plus nombreux. À l'entrée se trouve un grand lac. Quand le niveau des eaux s'élève, on a l'impression qu'on pourrait y toucher les poissons. Jinxi est entouré de lacs : le Dianshan à l'est, le Yideng à l'ouest, le Wubao au sud, et les lacs Pengqing et Bailian au nord. C'est ce qui en fait le charme.

Le système de canaux à l'intérieur du bourg est très développé ; les ponts y sont également en nombre. En un kilomètre carré, on trouve 36 ponts anciens, soit plus que dans la « Venise chinoise » Suzhou. La plupart des ponts datent de l'époque des Ming (1368-1644) et des Qing (1644-1911). Ils sont pour la plupart pluricentenaires. De plus, ils ont été bien protégés, et on peut encore en apprécier les bas-reliefs, les sculptures, et les poèmes gravés dessus. C'est un véritable trésor pour les amateurs d'architecture chinoise traditionnelle.

Jinxi est un musée des ponts anciens. Parmi eux, le Shiyan Changqiao, « le grand pont aux dix yeux », est sans doute le plus célèbre. C'est aussi la seule voie pour entrer dans le bourg. Il a été construit sous les Ming. Le pont mesure 52 mètres et possède neuf piliers et dix voûtes, d'où les « dix yeux ». Sur le pont, tous les dix mètres, on trouve une paire de lions en pierre de facture vivante et élégante.

Le Shiyan Changqiao est l'attraction de la zone touristique Gulian de Jinxi. Par ailleurs, on peut également visiter le lac Gulian, le pavillon Wenxing, la galerie Changdi et le verger des pêchers à cet endroit. On ne manquera pas d'y passer la journée, pour y admirer le paysage, et la nuit, pour une promenade romantique.

À Jinxi, depuis les temps immémoriaux, les gens passent sur le pont, tandis que les bateaux naviguent au-dessous. Bien sûr, une excursion en sampan est l'attraction des villes de canaux. Mais à la différence des autres sites touristiques du genre, sur les canaux de Jinxi, il n'y a pas tellement d'embarcations pour les touristes, car la plupart des bateaux transportent en fait les habitants locaux qui vont pêcher au lac. Mais le week-end, les visiteurs se faisant plus nombreux, il y a aussi des embouteillages sur les artères aquatiques.

Des voyageurs dînent sous des lanternes rouges à la nuit tombante. (PHOTO: WEI YAO)

Le tombeau aquatique de la concubine

Jinxi possède plus de 2 000 ans d'histoire. Selon les documents historiques, la concubine Chen de Song Xiaozong (1127-1194), empereur de la dynastie des Song du Sud, appréciait beaucoup les paysages de Jinxi. Après sa mort, l'empereur lui a fait construire un tombeau « aquatique » sur une île du lac Wubao. Il y a conjointement fait élever un temple. C'est la raison pour laquelle Jinxi fut aussi appelée « Chenmu » (le tombeau de Chen) pendant 800 ans. Et ce, jusqu'en 1993, où Jinxi a repris son ancien nom. Aujourd'hui, on peut visiter cette île mortuaire par bateau. On y trouve une statue et la pierre tombale de la concubine. Mis à part la beauté du paysage, cette histoire romantique est également une bonne raison de rendre visite à la concubine.

Si l'on continue en sampan de l'autre côté de l'île, on y verra des fours à briques traditionnels. Dans l'antiquité, la production de briques et tuiles était l'industrie principale de Jinxi. Les gens du cru disent même « Jinxi possède 36 ponts et 72 fours ». C'est dire le grand nombre de fours que l'on trouve là-bas .

Le patrimoine de Jinxi étant très riche, on y trouve beaucoup de musées privés. Sur la rue principale de Jinxi, plusieurs des grands bâtiments sont des musées. Celui des briques et tuiles anciennes est considéré comme un musée d'envergure en Chine grâce à son importante collection. On peut aussi visiter le musée des théières en « argile violette » ou zisha, le musée de la monnaie, la galerie Zhang Sheng, le musée de sculptures sur racine, le musée d'astronomie de Chine, le musée des pierres d'ornement, etc.

Prendre le temps de décompresser

Le meilleur moment pour apprécier les villes de canaux est soit le matin à la fraîche, soit le soir au crépuscule. Après avoir visité les canaux, les lac, les ponts, les temples et les musées de Jinxi, on a une première impression positive qui donne envie d'aller plus loin pour connaître son caractère.

Quand le soleil se couche et que les lanternes sont allumées, les chanteurs d'opéra amateurs se regroupent au pavillon Wenxing pour répéter. Les mélodies et le dialecte du Jiangsu résonnent alors dans la moitié du bourg. On peut sentir le doux clapotis des eaux, et bien sûr, dans un tel paysage, on doit prendre un dîner au bord de l'eau pour que la magie soit complète.

Sur la table, toutes sortes de denrées aquatiques. À Jinxi, les poissons sont préparés de deux manières : à l'étuvée ou à la vapeur. On y fait aussi une soupe de branchies et de tofu. On peut aussi y déguster des crevettes vivantes baignant dans de l'alcool, de la viande à la sauce soja et du jambonneau frit, des spécialités de Jinxi. On y trouve aussi des algues délicieuses difficiles à trouver sur les tables d'autres régions.

Après le dîner, on peut siroter une tasse de thé avec ses amis et prendre un dessert. On trouve des gâteaux de lune à la viande sucrée, des biscuits en forme de semelle et des fèves salées. Sous la lumière de la lune, il est plus facile d'oublier la vie frénétique des villes et les problèmes de la vie. C'est un moyen de décompresser et de se rafraîchir les idées.

Wu Xiaobing est originaire de la province du Yunnan. Il y a plusieurs années, il a visité Jinxi et il en est directement tombé amoureux. Il y a même ouvert une maison de thé, Jiwu Chayi. En fait, c'est le seul « bar » du bourg qui attire beaucoup de clients. Le livre de la maison de thé est plein de messages et d'impressions sur le bourg.

Après la visite de la journée, se reposer n'est pas un luxe. Et une auberge au bord de l'eau est vraiment un bon choix. Comme Jinxi n'est pas encore trop touristique, il n'y a pas beaucoup d'auberges, mais celle de Yanyuelou est parfaite pour admirer le paysage lacustre la nuit. L'auberge de la maison de thé de Wu Xiaobing est aussi un bon lieu de séjour.

Après une bonne nuit de sommeil, il faut se lever tôt pour apprécier le paysage matinal sur les canaux. Au petit matin, le bourg est un lieu tranquille et tourne au ralenti. Les habitants locaux se promènent pour profiter de la brume matinale. Comparé aux paysages nocturnes, vides et silencieux, un peu nostalgiques, le bourg au matin semble retrouver fraîcheur et couleurs. En guise de petit-déjeuner, on peut prendre un bol de nouilles dans un restaurant dans la rue.

Ce voyage à Jinxi m'a fait comprendre cette phrase d'Holderlin : « Voll Verdienst, doch dichterisch, wohnt der Mensch auf der Erde », « l'homme doit habiter poétiquement sur la terre ». L'harmonie de l'homme et de la nature, c'est précisément le rêve de tous les citadins.

Source: french.china.org.cn