Le Théâtre chinois de Liyuan revient pour la deuxième fois en France, invité par le Festival Standard idéal, avec deux spectacles d'une magique beauté au Théâtre du Soleil, à la Cartoucherie de Vincennes. L'une des plus anciennes troupes chinoises, le Théâtre de Liyuan se trouve à Quanzhou, préfecture de la province du Fujian (sud-est de Chine).

« La Femme chaste » décrit l'histoire d'une jeune veuve dans la Chine d'autrefois. Après la mort de son époux, elle se consacra totalement à l'éducation de son fils en faisant vœu de chasteté. Pour assurer à l'enfant gloire et succès, elle engagea un jeune lettré pour préparer des concours en vue d'obtenir un poste dans la haute administration impériale.

Ce jeune homme était si beau, si dévoué et si aimable qu'elle en devint amoureuse. N'étant pas insensible à ses charmes, il craignait de perdre sa réputation s'il succombait et de compromettre son avenir. Un soir, la belle vint dans sa chambre s'offrir à lui. Après bien des hésitations, il la renvoya brutalement. Humiliée et honteuse, elle rentra chez elle et se coupa deux doigts.

« Le spectacle est éblouissant, tout de grâce et de beauté, d'émotion et d'émerveillement. Les costumes de soie, aux nuances délicates, sont superbes ; les lumières subtiles, jusque dans la nuit à peine éclairée par la lune », décrit La Croix, « époustouflants dans les parties bouffonnes, ramenant le spectateur occidental aux scènes de farce d'un Shakespeare, ils se révèlent fabuleux dès lors qu'ils font entendre les voix du cœur en butte à celles de la raison ».

Zen Jingping, la « femme chaste », elle est la titulaire du rôle depuis près d'un quart de siècle. À 52 ans, comédienne de « première classe », elle est directrice et vedette incontestée de la troupe du Liyuan où elle est entrée à 14 ans, en 1976. Après dix ans d'interdiction pour cause de Révolution culturelle et de rééducation dans les champs, le théâtre traditionnel pouvait renaître de ses cendres et le maire de Quanzhou a même construit en 1999 une nouvelle salle de 800 places pour le théâtre, situé dans un grand parc aux maisons « mandarines ».

Aujourd'hui, le Théâtre Lyuan a su s'adapter aux temps nouveaux tout en respectant la tradition. Wang Renjie, un écrivain-dramaturge, est l'auteur de « La femme chaste » qui, par-delà ses faux airs de conte ancien, traite autant des atermoiements de l'amour que du sort fait à la femme par la société et les hommes. Zeng Jingping interprète également un solo tout aussi parlé, chanté, dansé : « La Grande Mélancolie », plainte d'amour extraite d'une épopée du XIVe siècle.

Source: le Quotidien du Peuple en ligne