« ESQUISSE DE CHINE » ? Le nouvel ouvrage d'Emmanuel Lincot |
Fondateur de la Chaire des Etudes Chinoises Contemporaines (CECC) et Vice-Doyen à l'Institut Catholique de Paris, Emmanuel Lincot est spécialiste d'histoire culturelle de la Chine contemporaine. Sorti le 30 avril 2013 aux Éditions Belin, son nouvel ouvrage « Esquisse de Chine » offre une " une vision pittoresque des relations franco-chinoises ".
Question: votre dernier ouvrage – « Esquisse de Chine » (Belin – 2013) – porte sur les relations culturelles franco-chinoises. Pourquoi ce livre ? Réponse : c'est un livre qui s'adresse à un public large. Des expatriés, des étudiants, des diplomates, des hommes d'affaires des deux pays…C'est un essai, une somme érudite qui aborde, parfois avec humour, les étapes de cette relation très singulière. La manière dont je l'aborde tient compte de la dimension politique du sujet. Je le traite également sous un angle anthropologique à travers un certain nombre de portraits de ces personnalités qui ont contribué au développement des échanges bilatéraux. Pensez-vous le traduire en chinois ? C'est bien mon intention. Je suis aidé en ce sens par le service culturel de notre Ambassade à Pékin et l'équipe des éditions Belin qui en mesure les enjeux. Un certain nombre d'éditeurs chinois devraient prochainement manifester leur intérêt. Au-delà de cette initiative personnelle, il me parait capital de promouvoir les travaux des jeunes Chercheurs en sciences sociales des deux pays. Non seulement il existe des compétences, à ce jour encore trop largement inexploitées, mais nous avons là un marché considérable que peu d'éditeurs investissent.
Que retenez-vous principalement de cette singularité franco-chinoise que vous évoquez ? D'abord un rapport à l'Etat qui a forgé de part et d'autre une culture centralisatrice où le culte des concours et de la promotion méritocratique constituent un tropisme fort dans les deux cas. De cette pratique régalienne est née une République des lettres – plus ancienne en Chine qu'en France il est vrai – mais où l'écrit exerce une fonction essentielle de distinction sociale. Ecrire, c'est commander. Rôle qui échoit aux mandarins. Deux hommes incarnent, chacun à leur manière, ce particularisme : Charles De Gaulle et Mao Zedong. Stratèges de génie, ils sont écrivains. Côté français, De Gaulle s'inscrit dans une représentation justinienne du pouvoir. Deux attributs – hérités la tradition romaine – lui sont associés : le livre et l'épée. Côté chinois, la maîtrise du geste (que ce soit dans l'art du pinceau ou celui du maniement des armes) vous confère un statut d'exception. Bref, que la France de la III° République ait été un modèle de formation et de référence pour l'élite communiste chinoise, comme la Chine semble le devenir aujourd'hui à son tour auprès d'une partie non négligeable de décideurs français, n'a rien de surprenant. Il existe de part et d'autre des affinités électives. La France et la Chine célébreront en 2014 le cinquantième anniversaire de leur reconnaissance diplomatique mutuelle. Pensez-vous que cela soit un événement important ? Il l'est naturellement même si les relations entre les deux peuples sont, dans les faits, beaucoup plus anciennes. C'est un moment je crois opportun pour en réévaluer l'importance et surtout envisager un avenir commun.
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