Amour tragique d’un prince de la dynastie des Ming |
Dans le nouveau bâtiment du Musée de la province du Shandong, une salle est en permanence destinée à l'exposition des reliques exhumées du tombeau d'un prince de la dynastie des Ming (1368-1644). Zhu Tan (1370-1390) est le dixième fils de l'empereur fondateur des Ming, Zhu Yuanzhang. Parmi les innombrables trésors exposés, la couronne à neuf chapelets, seule couronne du genre de l'époque découverte jusqu'ici en Chine, mérite une attention toute particulière. Elle est non seulement très importante pour les recherches sur les vêtements et les rites de la Chine traditionnelle, mais témoigne également de l'amour tragique du prince.
D'après des archives impériales, deux mois après la naissance de Zhu Tan, son père Zhu Yuanzhang lui conféra le titre de « Prince du Lu », avec comme principauté l'actuelle province du Shandong. Passant sa jeunesse avec sa mère et ses frères dans le palais impérial à Nanjing, le jeune prince avait une grande prédilection pour la poésie et l'histoire. A la différence d'autres princes qui s'adonnaient à une vie de débauche, Zhu Tan tomba amoureux d'une servante de sa mère, quitte à créer la polémique à la Cour. Apprenant ce « scandale » nuisant à la dignité impériale, l'empereur se mit en colère et condamna la fille à mort par étranglement, alors qu'elle était déjà enceinte de six mois. De plus, le jeune prince fut forcé à ne plus sortir de ses appartements pendant trois mois pour faire une autocritique. Traumatisé par la punition cruelle de son père, Zhu Tan sombra dans la dépression et vécut dans la souffrance perpétuelle. A l'âge de quinze ans, il quitta Nanjing pour gouverner officiellement sa principauté. Pour apaiser sa tristesse, il compta sur l'ivresse et apprit auprès d'un maître taoïste la méthode d'élévation. Pire encore, il fit installer dans son bureau des appareils pour fabriquer des médicaments d'immortalité, lesquels lui coûtèrent la vie à l'âge de 20 ans.
Las des actions stupides de son fils, Zhu Yuanzhang lui donna un titre posthume très humiliant : le « Roi absurde ». Certes, le jeune prince ne fit aucune bonne chose pour le peuple de sa principauté pendant ses quatre ans de règne, mais sa vie sentimentale tragique et déplorable donne matière à réfléchir.
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