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Publié le 29/01/2012
N'ayez pas peur du sourire du dragon

La Chine est entrée dans l'Année du Dragon. La gigantesque créature chinoise est un symbole de puissance et de chance, mais dans les traditions grecque et judéo-chrétienne, les dragons étaient souvent maléfiques. Ils sont toujours associés à un tueur de dragon comme Saint-George ou Persée. Dans le Livre de la Révélation de la Bible, le grand dragon rouge à sept têtes et dix cornes est également appelé Satan, le Diable, et le serpent ancien.

Par conséquent, sur les vingt dernières années, certains érudits chinois ont argué que la Chine ne devait pas prendre le dragon comme symbole national car, de leur point de vue, l'Occident perçoit le dragon comme vicieux, méchant et agressif. Ainsi, le Comité pour la mascotte olympique de Beijing s'est détourné du dragon, du fait de son « image défavorable auprès de certains Occidentaux », et depuis, les médias chinois ont progressivement ignoré le dragon, notamment dans la publicité vers l'étranger.

Aujourd'hui, les Chinois sont plus effrayés et intimidés par le dragon que les Occidentaux. Nous craignons l'effet que cela pourrait avoir sur les Occidentaux parce que nous sommes si « harmonieux » et nous ne voulons pas que d'autres pays y voient une supposée agressivité. On aperçoit désormais très peu de dragons en Chine. Nous voyons des signes McDonald et des pandas qui peuvent sembler plus mignons et sympathiques aux étrangers, mais les anciens et magnifiques dragons, comme beaucoup d'animaux réels, sont une espèce en voie de disparition dans la Chine moderne.

En tant que spécialiste des dragons installé aux Etats-Unis depuis 30 ans, je crains que cette tendance ne soit vraiment néfaste. Ces gens imaginent l'opinion que se font les étrangers de nous et prennent des mesures basées sur cette hypothèse. En psychologie, cela s'appelle une projection. Ils ignorent que les dragons ne sont plus considérés comme des êtres maléfiques dans les histoires occidentales, contrairement aux contes et batailles médiévales de leurs ancêtres qui sont de moins en moins la norme. Ces projections sont totalement erronées, les dragons étant des symboles de la Chine depuis la plus haute antiquité. Une culture doit suivre sa propre tradition, et ainsi gagner le respect des autres peuples.

Le symbole américain est l'aigle à tête blanche. Personne ne demande aux Chinois si la tête de est trop blanche. Le symbole russe est un aigle à deux têtes, et les Russes n'envisageraient pas de demander à la Chine si les deux têtes portent malheur. Alors même que la minuscule nation du Bhoutan affiche fièrement le dragon sur son drapeau national, les Chinois ne devraient pas avoir à renoncer à leur symbole, inquiets que les autres peuples puissent ne pas l'apprécier.

Un autre argument défavorable au dragon, c'est qu'il est un symbole impérial et n'est donc plus adapté à la Chine moderne. Il est vrai que l'Empereur Han Gaozu (r. 206-195 avant J.-C.) avait affirmé être né après que son père ait vu un dragon sur sa mère et, dès lors, tous les empereurs chinois prétendaient descendre du dragon, mais on ne peut retirer au peuple l'amour qu'il voue aux dragons. Vous pouvez voir des dragons sculptés ou peints dans toute la Chine. Nous avons détrôné le dernier empereur en 1911. Le drapeau national de l'Empire Qing affichait un dragon jaune, mais l'image du dragon doit être différenciée de celle de l'empereur. Nous ne sommes pas obligés de jeter le bébé avec l'eau du bain.

Au cours des dernières décennies, en Occident, les dragons ont changé leur image pour devenir des êtres amicaux, curieux et exotiques. Je ne sais pas d'où certains savants tirent cette impression que la société moderne, même occidentale, craint toujours les dragons. Tous mes étudiants aux Etats-Unis affirment aimer les dragons, et non en avoir peur, comme certains érudits chinois le prétendent. Les jeunes américains ont grandi en regardant Dragon Tales, un programme télévisé pour la jeunesse diffusé sur une chaîne publique et qui raconte l'histoire de deux enfants transportés dans un monde fantastique peuplé de dragons, et en lisant des histoires fantastiques comme Les chevaucheurs de dragons de Pern d'Anne MacCaffrey. Tous les dragons y sont sympathiques et se réjouissent de se lier d'amitié avec les humains. Pour promouvoir mon voyage d'études en Chine, j'appelle les étudiants ayant grandi avec ces histoires à venir au pays du dragon, et j'appelle affectueusement mes étudiants les « chevaucheurs de dragon ». Tout le monde est enthousiaste et fier. En fait, ils le considèrent avec respect et curiosité, ils veulent danser avec le dragon et ils veulent parler le langage des dragons.

Pour une communication interculturelle, les gens ont besoin d'un symbole familier et respecté. Lorsque la statue de la Liberté est montrée à l'Exposition universelle dans le pavillon américain, aucun Chinois n'aurait affirmé ne pas aimer cette statue. Les gens respectent ceux qui ont confiance en eux-mêmes et qui envoient un message positif. Aussi les Chinois devraient laisser le drapeau du dragon flotter fièrement et avoir confiance en eux-mêmes pour dire au monde: « C'est nous. C'est notre tradition ». Cette gigantesque créature, pleine d'imagination et d'harmonie devrait diffuser la lumière du peuple chinois dans le monde entier. Personne au monde, et le peuple chinois lui-même, ne devrait avoir peur de cette gigantesque créature imaginaire.

Traduction du texte de Zhao Qiguang, professeur au Carleton College et l'auteur d'une Étude sur les dragons, d'Est et Ouest et de nombreux autres ouvrages.

Tom, combien de fois dois-je vous dire, les dragons n'existent pas! Illustré par Zhao Qiguang

 

Source : french.china.org.cn



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